Mexique
Le pape fait recette
Et si ce 5e voyage du pape Jean-Paul II au Mexique était la plus grande concentration humaine jamais réalisée ? Tout laisse croire que ces trois jours de fête seront un succès. La canonisation de Juan Diego, un Indien à qui est apparue la Vierge de la Guadalupe, le 9 décembre 1531, semble éclipsé par une dévotion sans borne du peuple mexicain pour le Saint-Père. L'histoire a commencé le 26 janvier 1979 : ce jour-là, souriant, le pape, 59 ans, est descendu de l'avion, il s'est mis à genou et a embrassé la terre mexicaine. Depuis une étrange alchimie unit le Pape Pèlerin et le peuple mexicain.
De notre correspondant à Mexico
Les chiffres les plus fous circulent : il y a deux mois, les organisateurs tablaient sur 2 millions de personnes, puis les prévisions se sont envolées, on parle de 10 à 12 millions de Mexicains qui pendant ces trois jours tenteront de se faire bénir par le pape. Pour l'accueillir, 6 millions de mexicains se sont massés sur plusieurs rangées, le long des vingt kilomètres du parcours qui séparent l'aéroport au Nord de la ville, de la Nonciature apostolique. Une chaîne humaine de 80 000 personnes, de 17 à 60 ans, vêtues de bleu et de blanc, organisées par les Universités catholiques de La Salle et de l'Anahuac (Légionnaires du Christ) qui ont affiné la logistique pendant plus d'une semaine, formaient un chemin de Lumière, à l'aide de cierges et de lanternes, pour guider pendant 47 minutes la Papamobile jusqu'à la nonciature où l'attendaient ballets folkloriques, pétards, serpentins et confettis.
Pour contenir la multitude qui s'était donnée rendez-vous le long des rues pour être témoin de la venue du pape, il n'a fallu pas moins de 175 kilomètres de cordes et 9 kilomètres de barrières métalliques. Du reste, le Mexique qui aime les paris et les records : la ville la plus dangereuse, la plus polluée, la plus grande du monde, etc. a décidé de battre un nouveau Guinness. S'il est matériellement impossible, faute de place, de concentrer en un même lieu cinq millions de personnes lors de la messe de canonisation, et concurrencer ainsi Manille aux Philippines (quatre millions de personnes), le 31 juillet, au matin, lorsque le Pape reviendra de la Basilique de la Guadalupe à la Nonciature, les Mexicains tenteront de faire la plus grande «vague humaine» du monde. On se souvient qu'elle avait été inventée lors du Mondial de football de Mexico en 1986, mais elle avait enchanté Jean-Paul II lors de son 4eme voyage. Les organisateurs ont donc donné rendez-vous aux experts du livre Guinness des records pour qu'ils accréditent une vague humaine de 40 kilomètres, (aller et retour) en l'honneur du Saint-Père. Dans le même ordre d'idée, pour le raccompagner à l'avion et le saluer avant son départ, les 100 000 personnes auront toutes un rosaire pour prier pour sa santé.
A l'entrée principale de la Basilique de la Guadalupe, les habitants d'Iztapalapa, la plus grande délégation de la capitale, se sont cotisés pour élaborer une immense offrande florale de 11 mètres de hauteur sur 10 mètres de large. 120 personnes ont «piqué» sur une toile 13 000 fleurs jaunes et blanches, avec la légende «Bienvenue au Pape, Mexico est à toi, uni pour toujours dans la foi». La partie supérieure forme un oiseau avec un tableau qui reprend les symboles de Juan Diego. C'est la cinquième fois que les habitants de ce quartier offrent un tel présent à Jean-Paul II, mais ce ne sont pas les seuls à faire des cadeaux : les indigènes de Oaxaca, par exemple, ont offert un somptueux tableau en plumes représentant la vierge de la Guadalupe dans la plus pure tradition zapotèque. Pour faire face à l'avalanche des présents, la nonciature, rue Jean-Paul II, a prévu un immense espace ouvert au public.
Une logistique à l'échelle de la mégapole
Quelques chiffres montrent l'ampleur de l'événement. Le Gouverneur de Mexico n'a pas lésiné sur la logistique : 50 000 fonctionnaires, sans compter la sécurité, ont été réquisitionnés pour les différentes opérations. Les 96 hôpitaux publics réduiront pendant ces trois jours leurs services de 10 à 20 % pour faire face à toute éventualité. 150 postes de secours sur 5 zones disposeront de 130 ambulances. Un service d'ordre de 40 000 policiers, l'installation de 16 écrans géants, avec son satellite, sur la Calzada de Guadalupe et des Mystères, les deux avenues qui mènent à la Basilique et sur les grandes places de la capitale comme le Zocalo qui peut contenir jusqu'à 150 000 personnes. Le camping dans les parques publics est exceptionnellement autorisé dans la ville car les centres d'accueil gratuits des pèlerins sont réservés aux indigènes venant de province. Les hôtels sont pleins à craquer et il y en a pour toutes les bourses de 20 euros dans les hôtels douteux jusqu'à 1300 euros sur le Zocalo pour voir la bénédiction de la cloche Jean-Paul II de la cathédrale.
Il faudrait parler aussi des 600 autobus pour transporter ce personnel, des 1400 sanitaires et un immense chenil pour récupérer les milliers de chiens des pèlerins qui ne manqueront pas de se perdre dans la ville. Pour retrouver les personnes égarées, un numéro de téléphone spécial permettra de les localiser ou d'engager des recherches. Les banques et les bars ont suspendu leurs services dans les quartiers où passera le pape. Quant aux 10 000 enfants des rues, ils ont été invités à se regrouper dans le parc de la Alameda où ils seront nourris et... surveillés car nombreux sont ceux qui vivent justement aux abords de la Cathédrale et de la Basilique.
Ce dernier chiffre nous ramène à l'une des dimensions spirituelles de cette cinquième visite du pape. Il y a au Mexique des indigènes, des paysans, des ouvriers, des migrants, des femmes et des enfants qui ne peuvent espérer plus longtemps une vie plus digne. Ce sont eux, les millions de fidèles qui se pressent sur le trajet du Saint-Père pour obtenir sa bénédiction.
Les chiffres les plus fous circulent : il y a deux mois, les organisateurs tablaient sur 2 millions de personnes, puis les prévisions se sont envolées, on parle de 10 à 12 millions de Mexicains qui pendant ces trois jours tenteront de se faire bénir par le pape. Pour l'accueillir, 6 millions de mexicains se sont massés sur plusieurs rangées, le long des vingt kilomètres du parcours qui séparent l'aéroport au Nord de la ville, de la Nonciature apostolique. Une chaîne humaine de 80 000 personnes, de 17 à 60 ans, vêtues de bleu et de blanc, organisées par les Universités catholiques de La Salle et de l'Anahuac (Légionnaires du Christ) qui ont affiné la logistique pendant plus d'une semaine, formaient un chemin de Lumière, à l'aide de cierges et de lanternes, pour guider pendant 47 minutes la Papamobile jusqu'à la nonciature où l'attendaient ballets folkloriques, pétards, serpentins et confettis.
Pour contenir la multitude qui s'était donnée rendez-vous le long des rues pour être témoin de la venue du pape, il n'a fallu pas moins de 175 kilomètres de cordes et 9 kilomètres de barrières métalliques. Du reste, le Mexique qui aime les paris et les records : la ville la plus dangereuse, la plus polluée, la plus grande du monde, etc. a décidé de battre un nouveau Guinness. S'il est matériellement impossible, faute de place, de concentrer en un même lieu cinq millions de personnes lors de la messe de canonisation, et concurrencer ainsi Manille aux Philippines (quatre millions de personnes), le 31 juillet, au matin, lorsque le Pape reviendra de la Basilique de la Guadalupe à la Nonciature, les Mexicains tenteront de faire la plus grande «vague humaine» du monde. On se souvient qu'elle avait été inventée lors du Mondial de football de Mexico en 1986, mais elle avait enchanté Jean-Paul II lors de son 4eme voyage. Les organisateurs ont donc donné rendez-vous aux experts du livre Guinness des records pour qu'ils accréditent une vague humaine de 40 kilomètres, (aller et retour) en l'honneur du Saint-Père. Dans le même ordre d'idée, pour le raccompagner à l'avion et le saluer avant son départ, les 100 000 personnes auront toutes un rosaire pour prier pour sa santé.
A l'entrée principale de la Basilique de la Guadalupe, les habitants d'Iztapalapa, la plus grande délégation de la capitale, se sont cotisés pour élaborer une immense offrande florale de 11 mètres de hauteur sur 10 mètres de large. 120 personnes ont «piqué» sur une toile 13 000 fleurs jaunes et blanches, avec la légende «Bienvenue au Pape, Mexico est à toi, uni pour toujours dans la foi». La partie supérieure forme un oiseau avec un tableau qui reprend les symboles de Juan Diego. C'est la cinquième fois que les habitants de ce quartier offrent un tel présent à Jean-Paul II, mais ce ne sont pas les seuls à faire des cadeaux : les indigènes de Oaxaca, par exemple, ont offert un somptueux tableau en plumes représentant la vierge de la Guadalupe dans la plus pure tradition zapotèque. Pour faire face à l'avalanche des présents, la nonciature, rue Jean-Paul II, a prévu un immense espace ouvert au public.
Une logistique à l'échelle de la mégapole
Quelques chiffres montrent l'ampleur de l'événement. Le Gouverneur de Mexico n'a pas lésiné sur la logistique : 50 000 fonctionnaires, sans compter la sécurité, ont été réquisitionnés pour les différentes opérations. Les 96 hôpitaux publics réduiront pendant ces trois jours leurs services de 10 à 20 % pour faire face à toute éventualité. 150 postes de secours sur 5 zones disposeront de 130 ambulances. Un service d'ordre de 40 000 policiers, l'installation de 16 écrans géants, avec son satellite, sur la Calzada de Guadalupe et des Mystères, les deux avenues qui mènent à la Basilique et sur les grandes places de la capitale comme le Zocalo qui peut contenir jusqu'à 150 000 personnes. Le camping dans les parques publics est exceptionnellement autorisé dans la ville car les centres d'accueil gratuits des pèlerins sont réservés aux indigènes venant de province. Les hôtels sont pleins à craquer et il y en a pour toutes les bourses de 20 euros dans les hôtels douteux jusqu'à 1300 euros sur le Zocalo pour voir la bénédiction de la cloche Jean-Paul II de la cathédrale.
Il faudrait parler aussi des 600 autobus pour transporter ce personnel, des 1400 sanitaires et un immense chenil pour récupérer les milliers de chiens des pèlerins qui ne manqueront pas de se perdre dans la ville. Pour retrouver les personnes égarées, un numéro de téléphone spécial permettra de les localiser ou d'engager des recherches. Les banques et les bars ont suspendu leurs services dans les quartiers où passera le pape. Quant aux 10 000 enfants des rues, ils ont été invités à se regrouper dans le parc de la Alameda où ils seront nourris et... surveillés car nombreux sont ceux qui vivent justement aux abords de la Cathédrale et de la Basilique.
Ce dernier chiffre nous ramène à l'une des dimensions spirituelles de cette cinquième visite du pape. Il y a au Mexique des indigènes, des paysans, des ouvriers, des migrants, des femmes et des enfants qui ne peuvent espérer plus longtemps une vie plus digne. Ce sont eux, les millions de fidèles qui se pressent sur le trajet du Saint-Père pour obtenir sa bénédiction.
Article publié le 31/07/2002