Sénégal
La Gambie paralyse le trafic sénégalais
Les camions et les voyageurs sénégalais ne transitent plus par la Gambie pour traverser le pays depuis que Banjul a décidé de doubler la taxe de passage.
De notre correspondant à Dakar
Depuis vendredi 12 juillet, la traversée du fleuve Gambie par le bac de Farafégné, (village frontalier gambien) est bloquée du fait des autorités gambiennes qui ont décidé de doubler les taxes habituellement imposées aux camions (gros porteurs sénégalais) ainsi qu’aux véhicules de transport passagers qui ravitaillent et relient la Gambie et la Guinée-Bissau en produits, carburants et autres denrées alimentaires.
Les raisons de la crise entre les deux pays? Pour se rendre en Casamance, la région sud du Sénégal, en proie à une rébellion armée depuis 20 ans (décembre 1982), la voie (terrestre) la plus courte est d’emprunter ce qu’on appelle la «transgambienne», une route qui vous fait traverser la Gambie, (sur sept kilomètres), ce qu’on appelle «un doigt dans le ventre du Sénégal». La distance Dakar-Ziguinchor, la capitale de la région sud du Sénégal, via ce bac de Farafégné, appartenant à la Gambie est de 450 km. Les véhicules qui empruntent ce bac sont tenus de s’acquitter d’une taxe après de longues attentes qui peuvent durer jusqu’à trois ou quatre jours pour les camions. Cette taxe a été multipliée par deux, sans avertissement, par les autorités gambiennes.
L’autre route, dite du nord ( Dakar-Kaolack-Tamba-Kolda-Ziguinchor) pour joindre la Casamance, fait faire le double du trajet aux voyageurs et aux camions de transport de marchandises qui ravitaillent la Gambie et la Guinée-Bissau. Au lieu de 450 km pour joindre Ziguinchor, il faut 900 km, avec une route qui, en plusieurs endroits est parsemée de «nids d’éléphants» comme on dit ici.
La situation a frisé la crise diplomatique quand, lundi 15 juillet, le ministre des Affaires étrangères gambien, en partance pour Dakar, la capitale sénégalaise, a été bloqué au bac gambien par les transporteurs sénégalais mécontents de la mesure prise par les autorités gambiennes. Son excellence a dû faire demi-tour. Depuis, le gouvernement du Sénégal a «conseillé» aux transporteurs et voyageurs sénégalais, de ne pas emprunter le bac gambien et de passer par la route de «détour» jusqu’à ce que la situation se normalise.
Les produits pourrissent en Casamance faute de moyens de transport
Ces incidents répétitifs entre les deux pays, mettent à nu le principe de «circulation des personnes et des biens» entre les pays africains. Aujourd’hui, la région sud, en proie à une rébellion armée depuis 20 ans, est plus que jamais coupée du pays depuis la panne du seul instrument de «jonction» entre elle et le reste du Sénégal, le bateau «Le Diola». Région fertile, elle fournissait au reste du Sénégal en poisson séché, en fruits et légumes (mangues notamment). Ces produits aujourd’hui, pourrissent sur les routes de la Casamance, faute de moyens de transport.
La situation a été si sérieuse que le président Wade a dépêché mardi 16 juillet en Gambie, son ministre de l’Intérieur, le général Mamadou Niang. De retour de Banjul,(la capitale gambienne), le général Niang a tenté de rassurer l’opinion en déclarant que «tout est rentré dans l’ordre. A partir de jeudi les barrages seront levés. Les autorités sont d’accord pour inviter leurs différents syndicats à lever les barrages; les ministres concernés vont se rencontrer pour discuter et faire des propositions aux autorités des deux pays.
Outre le fait que ce bac de Farafégné est une importante source de rentrée de devises pour la Gambie, ce pays utilise souvent cette mesure de rétorsion pour «punir» le Sénégal des accusations ouvertes ou voilées d’abriter des rebelles casamançais. Récemment, lors d’une opération de ratissage (chasser les rebelles de certains villages) dans la partie nord de la Casamance, les autorités sénégalaises, par la voix du chef d’Etat major des armées, le Général Babacar Gaye, avaient déclaré que l’armée poursuivrait son opération jusqu’à la frontière gambienne, insinuant ainsi que ce pays abritait des indépendantistes du MFDC, mouvement dirigé par l’Abbé Diamacoune Senghor.
Ici, on rit sous cape, quand on entend le chef de l’Etat sénégalais, Me Wade, prôner des routes trans-étatiques (Maroc-Mauritanie-Dakar-Bamako), ou, plus ahurissant, un tunnel qui traverserait la Méditerranée pour «relier l’Afrique à l’Europe». Quand on n’est pas capable de relier deux pays africains (Sénégal-Gambie) distants de quelques centaines de kilomètres, par un petit pont ou améliorer ce qui existe (un bateau pour relier Dakar et Ziguinchor ou des bacs de traversée d’un fleuve), la modestie exige qu’on relativise les hypothétiques bienfaits de projets à milliards comme le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Aujourd’hui, il est plus facile de rallier Paris ou New York, que Kolda ou Ziguinchor, respectivement distants de 700 et 450km de Dakar, la capitale sénégalaise.
Depuis vendredi 12 juillet, la traversée du fleuve Gambie par le bac de Farafégné, (village frontalier gambien) est bloquée du fait des autorités gambiennes qui ont décidé de doubler les taxes habituellement imposées aux camions (gros porteurs sénégalais) ainsi qu’aux véhicules de transport passagers qui ravitaillent et relient la Gambie et la Guinée-Bissau en produits, carburants et autres denrées alimentaires.
Les raisons de la crise entre les deux pays? Pour se rendre en Casamance, la région sud du Sénégal, en proie à une rébellion armée depuis 20 ans (décembre 1982), la voie (terrestre) la plus courte est d’emprunter ce qu’on appelle la «transgambienne», une route qui vous fait traverser la Gambie, (sur sept kilomètres), ce qu’on appelle «un doigt dans le ventre du Sénégal». La distance Dakar-Ziguinchor, la capitale de la région sud du Sénégal, via ce bac de Farafégné, appartenant à la Gambie est de 450 km. Les véhicules qui empruntent ce bac sont tenus de s’acquitter d’une taxe après de longues attentes qui peuvent durer jusqu’à trois ou quatre jours pour les camions. Cette taxe a été multipliée par deux, sans avertissement, par les autorités gambiennes.
L’autre route, dite du nord ( Dakar-Kaolack-Tamba-Kolda-Ziguinchor) pour joindre la Casamance, fait faire le double du trajet aux voyageurs et aux camions de transport de marchandises qui ravitaillent la Gambie et la Guinée-Bissau. Au lieu de 450 km pour joindre Ziguinchor, il faut 900 km, avec une route qui, en plusieurs endroits est parsemée de «nids d’éléphants» comme on dit ici.
La situation a frisé la crise diplomatique quand, lundi 15 juillet, le ministre des Affaires étrangères gambien, en partance pour Dakar, la capitale sénégalaise, a été bloqué au bac gambien par les transporteurs sénégalais mécontents de la mesure prise par les autorités gambiennes. Son excellence a dû faire demi-tour. Depuis, le gouvernement du Sénégal a «conseillé» aux transporteurs et voyageurs sénégalais, de ne pas emprunter le bac gambien et de passer par la route de «détour» jusqu’à ce que la situation se normalise.
Les produits pourrissent en Casamance faute de moyens de transport
Ces incidents répétitifs entre les deux pays, mettent à nu le principe de «circulation des personnes et des biens» entre les pays africains. Aujourd’hui, la région sud, en proie à une rébellion armée depuis 20 ans, est plus que jamais coupée du pays depuis la panne du seul instrument de «jonction» entre elle et le reste du Sénégal, le bateau «Le Diola». Région fertile, elle fournissait au reste du Sénégal en poisson séché, en fruits et légumes (mangues notamment). Ces produits aujourd’hui, pourrissent sur les routes de la Casamance, faute de moyens de transport.
La situation a été si sérieuse que le président Wade a dépêché mardi 16 juillet en Gambie, son ministre de l’Intérieur, le général Mamadou Niang. De retour de Banjul,(la capitale gambienne), le général Niang a tenté de rassurer l’opinion en déclarant que «tout est rentré dans l’ordre. A partir de jeudi les barrages seront levés. Les autorités sont d’accord pour inviter leurs différents syndicats à lever les barrages; les ministres concernés vont se rencontrer pour discuter et faire des propositions aux autorités des deux pays.
Outre le fait que ce bac de Farafégné est une importante source de rentrée de devises pour la Gambie, ce pays utilise souvent cette mesure de rétorsion pour «punir» le Sénégal des accusations ouvertes ou voilées d’abriter des rebelles casamançais. Récemment, lors d’une opération de ratissage (chasser les rebelles de certains villages) dans la partie nord de la Casamance, les autorités sénégalaises, par la voix du chef d’Etat major des armées, le Général Babacar Gaye, avaient déclaré que l’armée poursuivrait son opération jusqu’à la frontière gambienne, insinuant ainsi que ce pays abritait des indépendantistes du MFDC, mouvement dirigé par l’Abbé Diamacoune Senghor.
Ici, on rit sous cape, quand on entend le chef de l’Etat sénégalais, Me Wade, prôner des routes trans-étatiques (Maroc-Mauritanie-Dakar-Bamako), ou, plus ahurissant, un tunnel qui traverserait la Méditerranée pour «relier l’Afrique à l’Europe». Quand on n’est pas capable de relier deux pays africains (Sénégal-Gambie) distants de quelques centaines de kilomètres, par un petit pont ou améliorer ce qui existe (un bateau pour relier Dakar et Ziguinchor ou des bacs de traversée d’un fleuve), la modestie exige qu’on relativise les hypothétiques bienfaits de projets à milliards comme le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Aujourd’hui, il est plus facile de rallier Paris ou New York, que Kolda ou Ziguinchor, respectivement distants de 700 et 450km de Dakar, la capitale sénégalaise.
par Demba Ndiaye
Article publié le 17/07/2002