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Espagne

Dialogue renoué mais tension persistante

Après l'évacuation de l'îlot Persil/Leila, la visite à Rabat du chef de la diplomatie espagnole, Ana Palacio, a permis de renouer le contact entre les deux pays sans pour autant gommer les nombreux différends qui enveniment leurs relations depuis des mois. Le Maroc et l’Espagne ont toutefois confirmé leur acceptation de l’accord, conclu samedi sous l’égide des Etats-Unis, qui a permis de dénouer la crise qui les oppose au sujet de l’îlot du Persil/Leïla. Mais si les deux parties s’engagent à ne plus occuper militairement pour le moment ce rocher aride de treize hectares et demi, elles n’en demeurent pas moins campées sur leurs positions quant à son statut. Une rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays est prévue en septembre prochain pour tenter de trouver une solution définitive à cet épineux dossier qui exacerbe les nationalismes des deux côtés du détroit de Gibraltar.
La visite lundi à Rabat d’Ana Palacio, la ministre espagnole des Affaires étrangères, venue renouer les contacts interrompus depuis près d’une semaine entre le Maroc et l’Espagne, avait débuté sous de mauvais auspices. Son homologue Mohamed Benaissa ne s’était en effet pas déplacé pour l’accueillir à l’aéroport comme le veut la coutume. Et l’ordre du jour des discussions, distribué par l’ambassade espagnole à Rabat, était très succinct alors que les autorités marocaines avaient affirmé compter sur cette visite pour faire un large tour d’horizon des différends qui opposent les deux voisins depuis des mois. Et comme pour confirmer l’extrême tension entre les deux pays, aucune conférence de presse n’a été prévue à l’issue de la visite d’Ana Palacio.

Mais il faut croire que les Etats-Unis qui, contrairement à l’Europe, se sont très tôt engagés pour dénouer la crise, ont su faire pression pour imposer aux deux parties l’accord conclu samedi sous leur égide. Quelques minutes après la fin de la visite d’Ana Palacio, un communiqué conjoint annonçait en effet que les deux pays adhéraient à l’accord «tel qu’il a été interprété par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell». Les deux chefs de la diplomatie ont ainsi «confirmé formellement» leur volonté de «rétablir et maintenir» la situation de l’îlot Persil/Leïla telle qu’elle existait avant le mois de juillet 2002, c’est-à-dire sans aucune présence militaire.

Un statu quo qui ne résoud rien

Mais ce retour au statu quo ne règle pas pour autant la question du statut de ce rocher situé à moins de 200 m de la côte marocaine et dont Rabat réclame la souveraineté. Le communiqué publié précise d’ailleurs que cette nouvelle attitude des deux parties «ne préjuge pas de leur position quant au statut de l’îlot». Les chefs de la diplomatie espagnole et marocaine ont donc décidé de se retrouver une nouvelle fois en septembre à Madrid. Officiellement, cette rencontre a pour but de «renforcer les relations bilatérales» entre les deux pays. Elle sera sans doute l’occasion de faire enfin un point approfondi sur les nombreux différends qui enveniment depuis plus d’un an les relations entre les deux pays, qu’il s’agisse du dossier de la pêche, de celui du Sahara occidental ou encore de l’émigration clandestine.

La crise de l’îlot Persil/Leïla a par ailleurs relégué au second plan les négociations entreprises en 2001 par Madrid et Londres sur le statut d'un autre rocher, celui de Gibraltar. Ces négociations, prévues pour commencer le 12 juillet, ont été retardées une première fois par le changement de chef de la diplomatie espagnole. Elles devaient reprendre de façon informelle lundi à Bruxelles au cours de la réunion des ministres européens des affaires étrangères, mais Ana Palacio, requise par la crise hispano-marocaine, n’a pu rencontrer comme prévu Jack Straw, le chef de la diplomatie britannique. Les négociations sur Gibraltar ont donc été reportées au mois de septembre après les vacances parlementaires européennes. Londres et Madrid devront dans un premier trouver un accord-cadre avant de définir un texte plus précis sur la souveraineté partagée de Gibraltar qui devra être ensuite soumis à referendum auprès de la population du rocher.

Lire également:

Leïla/Persil: un accord qui ne sauve que la face, la chronique Europe de Valérie Lainé (23/07/2002)



par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/07/2002