Sénégal
Fin de l’état de grâce pour Wade
Deux ans seulement, et le régime ultra-libéral de Abdoulaye Wade est déjà essoufflé, en panne. L’euphorie née de l’alternance en mars 2000 qui a mis fin à quarante ans de règne socialiste, s’est aujourd’hui transformée en une amère déception. Le Sénégalais goorgoorlou (Sénégalais pauvre qui survit par la débrouille), constate que sa situation n’a pas changé, quand elle n’a pas empiré. Mais le plus inquiétant est à venir. En effet, plusieurs voix s’élèvent pour signaler un début de famine dans certaines zones du Sénégal, notamment dans le Nord (fleuve Sénégal) et le Baol (centre du pays).
De notre correspondant à Dakar
Le gouvernement qui a longtemps semblé nié non seulement le phénomène mais aussi les risques qu’une politique agricole brouillonne conduisait le pays, notamment la paysannerie qui représente environ 70% de la population active. Mais ce stade des yeux fermés sur une réalité têtue est dépassée. Sans faire son mea culpa, Me Wade et son gouvernement viennent de reconnaître la gravité de la situation. En effet, depuis une dizaine de jours, c’est le branle-bas de combat. Ou plus précisément d’agitation.
La semaine dernière, ce sont deux ministres, Pape Diouf de l’agriculture et son homologue des collectivités locales qui rencontrent le corps diplomatique accrédité à Dakar pour l’informer et lui soumettre la volonté du gouvernement sénégalais de faire appel à l’aide internationale. En fin de la même semaine, c’est la coalition politique qui soutient le chef de l’État qui monte au créneau. Après avoir chargé le régime socialiste précédent dans la catastrophe actuelle, elle esquisse quelques propositions timides articulées autour de l’aide internationale et nationale, l’appel aux paysans à venir à l’Assemblée nationale avec leurs bons impayés par les intermédiaires privés pour que l’État les aide «à porter plainte».
Enfin, annoncée pour la semaine dernière, c’est hier, mardi 14 août que le chef de l’État a présidé une conférence de presse animée par son ministre de l’Agriculture flanqué de tous les directeurs de services concernés en présence de tous les ministres encore présents à Dakar.
Campagne agricole calamiteuse
Pas grand chose n’en est sorti qu’on ne connaissait déjà : un historique de la nature de l’agriculture sénégalaise et les différentes politiques menées jusqu’à l’alternance (mars 2000), ce qui permet au passage de mettre sur le dos de leurs prédécesseurs socialistes, la situation actuelle ; la reconnaissance du bout des lèvres des erreurs de la politique menée depuis deux ans par la nouvelle équipe libérale qui a mis les paysans entre les mains d’opérateurs privés. Ajouté à cela le déficit pluviométrique, la boucle est bouclée avec la famine annoncée et une campagne agricole des plus calamiteuses. Quel montant l’Etat du Sénégal doit il mobiliser pour sauver ce qui peut encore l’être et atténuer la catastrophe annoncée ? Le président semble diverger avec le chiffre de 3 milliards de FCFA annoncé. En effet, lors de la «conférence de presse», le président Wade a déclaré douter de la véracité de ce chiffre, sans pour autant dire s’il approuvait celui proposé par le Conseil national de concertation des ruraux (CNCR) qui avance celui de 10 milliards de FCFA.
Il y a quelques jours, le Conseil national de concertation des ruraux (CNCR) avait rué dans les brancards en menaçant de descendre dans la rue au sortir d’un congrès extraordinaire tenu récemment à Dakar. Pour eux, «depuis deux ans, le monde rural connaît des difficultés de plus en plus grandes dues à deux campagnes de commercialisation (arachides) mal organisées et une calamité naturelle». Des milliers de paysans qui avaient vendu leurs arachides à des opérateurs privés, en échange de bons se sont retrouvés avec des bouts de papiers. Une monnaie de singe à la sénégalaise.
Longtemps, le gouvernement a nié le fait avant de le reconnaître récemment. Le président Wade et son ministre de l’agriculture, Pape Diouf, vont tenir d’ici la fin de la semaine, une conférence de presse pour s’expliquer. Le groupe parlementaire libéral vient de lancer l’idée d’une «campagne de solidarité nationale», et internationale. Et cette situation devrait s’aggraver avec un hivernage qui commence à inquiéter sérieusement du fait d’un déficit pluviométrique que le pays n’avait pas connu depuis longtemps. A défaut d’initiatives et de mesures urgentes pour venir en aide au monde paysan, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’interdire toutes manifestations publiques (séances de lutte, baptêmes, mariages etc..) accompagnées de tam-tam … pour que la pluie tombe. Surprenante décision dans un pays où toute manifestation festive s’accompagne de musique, de danse et de tam-tams. Comme si la pluviométrie dépendait des bruits de la ville…
C’est la première grave crise sociale à laquelle fait face le régime libéral de Me Wade depuis son arrivée au pouvoir en mars 2000. S’il a été obligé de le reconnaître enfin et tenter d’y faire face, c’est parce que depuis quelques mois, l’ opposition social-démocrate en fait son fond de commerce. Le monde paysan, environ 60% de la population active est mal parti et le régime Wade pourrait bien connaître dans les mois à venir quelques tourments.
Le gouvernement qui a longtemps semblé nié non seulement le phénomène mais aussi les risques qu’une politique agricole brouillonne conduisait le pays, notamment la paysannerie qui représente environ 70% de la population active. Mais ce stade des yeux fermés sur une réalité têtue est dépassée. Sans faire son mea culpa, Me Wade et son gouvernement viennent de reconnaître la gravité de la situation. En effet, depuis une dizaine de jours, c’est le branle-bas de combat. Ou plus précisément d’agitation.
La semaine dernière, ce sont deux ministres, Pape Diouf de l’agriculture et son homologue des collectivités locales qui rencontrent le corps diplomatique accrédité à Dakar pour l’informer et lui soumettre la volonté du gouvernement sénégalais de faire appel à l’aide internationale. En fin de la même semaine, c’est la coalition politique qui soutient le chef de l’État qui monte au créneau. Après avoir chargé le régime socialiste précédent dans la catastrophe actuelle, elle esquisse quelques propositions timides articulées autour de l’aide internationale et nationale, l’appel aux paysans à venir à l’Assemblée nationale avec leurs bons impayés par les intermédiaires privés pour que l’État les aide «à porter plainte».
Enfin, annoncée pour la semaine dernière, c’est hier, mardi 14 août que le chef de l’État a présidé une conférence de presse animée par son ministre de l’Agriculture flanqué de tous les directeurs de services concernés en présence de tous les ministres encore présents à Dakar.
Campagne agricole calamiteuse
Pas grand chose n’en est sorti qu’on ne connaissait déjà : un historique de la nature de l’agriculture sénégalaise et les différentes politiques menées jusqu’à l’alternance (mars 2000), ce qui permet au passage de mettre sur le dos de leurs prédécesseurs socialistes, la situation actuelle ; la reconnaissance du bout des lèvres des erreurs de la politique menée depuis deux ans par la nouvelle équipe libérale qui a mis les paysans entre les mains d’opérateurs privés. Ajouté à cela le déficit pluviométrique, la boucle est bouclée avec la famine annoncée et une campagne agricole des plus calamiteuses. Quel montant l’Etat du Sénégal doit il mobiliser pour sauver ce qui peut encore l’être et atténuer la catastrophe annoncée ? Le président semble diverger avec le chiffre de 3 milliards de FCFA annoncé. En effet, lors de la «conférence de presse», le président Wade a déclaré douter de la véracité de ce chiffre, sans pour autant dire s’il approuvait celui proposé par le Conseil national de concertation des ruraux (CNCR) qui avance celui de 10 milliards de FCFA.
Il y a quelques jours, le Conseil national de concertation des ruraux (CNCR) avait rué dans les brancards en menaçant de descendre dans la rue au sortir d’un congrès extraordinaire tenu récemment à Dakar. Pour eux, «depuis deux ans, le monde rural connaît des difficultés de plus en plus grandes dues à deux campagnes de commercialisation (arachides) mal organisées et une calamité naturelle». Des milliers de paysans qui avaient vendu leurs arachides à des opérateurs privés, en échange de bons se sont retrouvés avec des bouts de papiers. Une monnaie de singe à la sénégalaise.
Longtemps, le gouvernement a nié le fait avant de le reconnaître récemment. Le président Wade et son ministre de l’agriculture, Pape Diouf, vont tenir d’ici la fin de la semaine, une conférence de presse pour s’expliquer. Le groupe parlementaire libéral vient de lancer l’idée d’une «campagne de solidarité nationale», et internationale. Et cette situation devrait s’aggraver avec un hivernage qui commence à inquiéter sérieusement du fait d’un déficit pluviométrique que le pays n’avait pas connu depuis longtemps. A défaut d’initiatives et de mesures urgentes pour venir en aide au monde paysan, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’interdire toutes manifestations publiques (séances de lutte, baptêmes, mariages etc..) accompagnées de tam-tam … pour que la pluie tombe. Surprenante décision dans un pays où toute manifestation festive s’accompagne de musique, de danse et de tam-tams. Comme si la pluviométrie dépendait des bruits de la ville…
C’est la première grave crise sociale à laquelle fait face le régime libéral de Me Wade depuis son arrivée au pouvoir en mars 2000. S’il a été obligé de le reconnaître enfin et tenter d’y faire face, c’est parce que depuis quelques mois, l’ opposition social-démocrate en fait son fond de commerce. Le monde paysan, environ 60% de la population active est mal parti et le régime Wade pourrait bien connaître dans les mois à venir quelques tourments.
par Demba Ndiaye
Article publié le 15/08/2002