Développement durable
Ouverture morose du sommet de Johannesburg
La véritable surprise du sommet de la Terre qui se déroule à Johannesburg, du 26 août au 4 septembre serait qu'il s'y passe quelque chose de vraiment important. Dix ans après le premier sommet consacré à l'environnement à Rio, en juin 1992, l'enthousiasme est bien retombé. Finis les grands engagements politiques à l'échelle planétaire, place aux initiatives concrètes à objectifs limités.
Le fait que les Etats-Unis traînent ostensiblement les pieds pour se rendre au sommet de l'Onu sur le développement durable est pour beaucoup dans la réserve dont font preuve les participants tant gouvernements qu'ONG. «Le moment n'est pas propice à la conclusion de grands traités politiques» a reconnu Romano Prodi, président de la Commission européenne. Pourtant, le sommet qui s'ouvre le 26 septembre à Johannesburg, en Afrique du Sud, est le plus important jamais organisé par les Nations unies. Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus, ainsi que 5000 membres des délégations officielles et 40 000 représentants des ONG de 189 pays. La rencontre doit se conclure le 4 septembre par une «déclaration de Johannesburg» et un plan de mise en œuvre de l’Agenda 21, arrêté lors du précédent sommet, à Rio en 1992, pour lutter contre la pauvreté, pour le développement tout en préservant les ressources de la planète.
Le sommet de Rio avait donné lieu à de grands espoirs, mais, dix ans après peu de choses ont évolué dans le bon sens, beaucoup ont empiré : inégalités Nord-Sud, trou dans la couche d’ozone, disparition des forêts et des stocks marins, changements climatiques, érosion des sols. La défense des intérêts propres aux différents partenaires, Etats-Unis, Europe, pays en développement, est revenue au premier rang des préoccupations, bien avant la préservation de la planète commune.
Troisième voie
L’arrivée au pouvoir de l’administration Bush aux États-Unis a été particulièrement claire sur ce point. Le refus de ratifier le protocole de Kyoto sur l’émission des gaz à effet de serre a donné le la. A Johannesburg, les Etats-Unis, représentés par le secrétaire d’Etat Colin Powell en l’absence du président lui-même, s’apprêtent à résister à toute initiative qui constituerait un pas en avant par rapport aux accords déjà conclu à l’Organisation mondiale du commerce à Doha, en novembre dernier et à Monterrey au Mexique en mars dernier sur l’aide au développement. Tant sur la protection de l’environnement que sur l’augmentation de l’aide au développement, les Etats-Unis adoptent une position de blocage.
Devant cet immobilisme la tâche de l’Union européenne ne sera pas facile. Car, de leur côté les pays en développement, représentés par le G-77, sont plus attentifs aux questions portant sur le financement du développement et l’ouverture des marchés du Nord aux produits du Sud qu’aux thèmes strictement environnementaux. «Nous ne devons pas croire que la dégradation de l’environnement est inévitable pour diminuer la pauvreté» a cru bon de réaffirmer le ministre danois des Affaires étrangères Per Stig Moeller, dont le pays assure la présidence de l’UE. Les Européens militent pour qu’à Johannesburg soient pris des engagements contraignants pour réduire de moitié le nombre des pauvres en 2015. Ainsi l’objectif est rien moins que la réalisation des accords passés au cours des dix dernières années.
Les ONG ont, pour l’essentiel, renoncé à attendre grand-chose des politiques. Elles se tournent vers des actions concrètes en partenariat avec des capitaux privés, des entreprises, des organisations internationales, des collectivités locales et même des gouvernements de bonne volonté. Des centaines de projets d’aide au développement seront rendus publics en marge du sommet des officiels. Ces initiatives dites de type 2, pour les différencier des documents politiques, constituent, selon leurs promoteurs, une troisième voie entre aide publique au développement et investissements privés à but économique et financier.
A lire également:
Développement: l’axe Europe/tiers-monde, l'éditorial de Norbert Navarro (26/08/2002)
A écouter également:
Les eaux du Bengladesh Magazine Reporter présenté par Marie-Pierre Vérot.
10 ans après le sommet de Rio, que peut on espérer ? Magazine gros Plan présenté par Sophie Backer.
Présentation du sommet de la Terre par Béatrice Leveillé, interrogée par Emmanuel d'Abzac (lundi 26 août 2002, 5'22").
Jean Nké Dih
Secrétaire exécutif de la Fédération des partis écologistes d'Afrique (Invité matin, lundi 26 août 2002, Pierre Ganz, 8'40").
Reportages en Afrique du Sud et au Kenya: l'accès difficile à l'eau potable par Laurent Berthault; déforestation intensive par Laurent Correau (lundi 26 août 2002, 5'28").
Chine: la désertification s'accélère (Abel Segrétin, lundi 26 août 2002, 2'40").
Le sommet de Rio avait donné lieu à de grands espoirs, mais, dix ans après peu de choses ont évolué dans le bon sens, beaucoup ont empiré : inégalités Nord-Sud, trou dans la couche d’ozone, disparition des forêts et des stocks marins, changements climatiques, érosion des sols. La défense des intérêts propres aux différents partenaires, Etats-Unis, Europe, pays en développement, est revenue au premier rang des préoccupations, bien avant la préservation de la planète commune.
Troisième voie
L’arrivée au pouvoir de l’administration Bush aux États-Unis a été particulièrement claire sur ce point. Le refus de ratifier le protocole de Kyoto sur l’émission des gaz à effet de serre a donné le la. A Johannesburg, les Etats-Unis, représentés par le secrétaire d’Etat Colin Powell en l’absence du président lui-même, s’apprêtent à résister à toute initiative qui constituerait un pas en avant par rapport aux accords déjà conclu à l’Organisation mondiale du commerce à Doha, en novembre dernier et à Monterrey au Mexique en mars dernier sur l’aide au développement. Tant sur la protection de l’environnement que sur l’augmentation de l’aide au développement, les Etats-Unis adoptent une position de blocage.
Devant cet immobilisme la tâche de l’Union européenne ne sera pas facile. Car, de leur côté les pays en développement, représentés par le G-77, sont plus attentifs aux questions portant sur le financement du développement et l’ouverture des marchés du Nord aux produits du Sud qu’aux thèmes strictement environnementaux. «Nous ne devons pas croire que la dégradation de l’environnement est inévitable pour diminuer la pauvreté» a cru bon de réaffirmer le ministre danois des Affaires étrangères Per Stig Moeller, dont le pays assure la présidence de l’UE. Les Européens militent pour qu’à Johannesburg soient pris des engagements contraignants pour réduire de moitié le nombre des pauvres en 2015. Ainsi l’objectif est rien moins que la réalisation des accords passés au cours des dix dernières années.
Les ONG ont, pour l’essentiel, renoncé à attendre grand-chose des politiques. Elles se tournent vers des actions concrètes en partenariat avec des capitaux privés, des entreprises, des organisations internationales, des collectivités locales et même des gouvernements de bonne volonté. Des centaines de projets d’aide au développement seront rendus publics en marge du sommet des officiels. Ces initiatives dites de type 2, pour les différencier des documents politiques, constituent, selon leurs promoteurs, une troisième voie entre aide publique au développement et investissements privés à but économique et financier.
A lire également:
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10 ans après le sommet de Rio, que peut on espérer ? Magazine gros Plan présenté par Sophie Backer.
Présentation du sommet de la Terre par Béatrice Leveillé, interrogée par Emmanuel d'Abzac (lundi 26 août 2002, 5'22").
Jean Nké Dih
Secrétaire exécutif de la Fédération des partis écologistes d'Afrique (Invité matin, lundi 26 août 2002, Pierre Ganz, 8'40").
Reportages en Afrique du Sud et au Kenya: l'accès difficile à l'eau potable par Laurent Berthault; déforestation intensive par Laurent Correau (lundi 26 août 2002, 5'28").
Chine: la désertification s'accélère (Abel Segrétin, lundi 26 août 2002, 2'40").
par Francine Quentin
Article publié le 26/08/2002