Développement durable
Les OGM au coeur des débats
Le sommet de la Terre est l’occasion de nouvelles passes d’armes entre industriels producteurs d’OGM (organismes génétiquement modifiés) et écologistes qui dénoncent une logique commerciale au détriment du principe de précaution.
De notre correspondante à Johannesburg
Une manifestation contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) a rassemblé hier des paysans sud-africains aux portes du Centre de convention internationales. L’un des arguments du Syndicat des fermiers africains (Afu), inquiets de voir les OGM se répandre en Afrique du Sud: les profits réalisés par de grosses industries du Nord grâce à un lien de dépendance créé avec des petits fermiers du Sud. Ceux-ci sont en effet contraints de verser des royalties chaque année à ces firmes, au titre de leurs droits de propriété intellectuelle, pour racheter du maïs génétiquement modifié, ces graines ne donnant qu’une seule récolte à chaque saison. De 1,7 millions d’hectares plantés d’OGM en 1996, on est passé à 52,6 millions en 2001, pour l’essentiel aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique, en Argentine et depuis l’an dernier, en Afrique du Sud, en Indonésie et en Chine.
Plusieurs ONG, parmi lesquelles Les Amis de la Terre, le Club Sierra et le World Wide Fund for Nature (WWF), ont mis en garde hier contre des «partenariats public-privé» qui ne serviraient que les intérêts du secteur privé. La rumeur veut en effet que les Etats-Unis annoncent, au cours du Sommet, un projet de développement durable qui n’aurait d’autre but que de vendre des OGM made in USA aux pays en développement.
La Zambie, malgré la famine, refuse les OGM
Bête noire des écologistes, la firme américaine Monsanto, spécialisée dans les biotechnologies, n’a pas envoyé de représentants au sommet. En dehors de deux associations d’industriels et de scientifiques pro-OGM, Croplife et Bio Africa, seul le groupe allemand Bayer (9 milliards de chiffre d’affaires en 2001) s’est risqué à Johannesburg, malgré un contexte défavorable créé par la Zambie. Menacée par la famine, comme d’autres pays d’Afrique australe cette année, la Zambie a catégoriquement refusé toute aide du Programme alimentaire mondial (Pam) comprenant du maïs américain génétiquement modifié.
Bayer Crop Science, une filiale de la multinationale allemande spécialisée dans les produits agricoles, a dépensé 5000 euros pour occuper quelques mètres carrés, pendant dix jours, sous les chapiteaux du Village Ubuntu. Le retour sur investissement s’annonce prometteur. Manfred Kern, représentant, multiplie les contacts avec les délégations officielles de plusieurs pays en vue de «partenariats public-privé». Il s’intéresse particulièrement au Mozambique, à l’Angola, au Niger, au Cap-Vert, au Venezuela et à Cuba, où il pourrait trouver des bailleurs de fonds pour développer des projets impliquant la vente, dans un proche avenir, de graines résistantes à la sécheresse des plants de tomate, par exemple, susceptibles d’être irriguées par de l’eau de mer. Il a également approché la délégation zambienne, pour lui présenter des graines «non américaines avec un risque nul pour la santé».
«S’il n’y a eu aucun effet nocif prouvé des OGM sur la santé humaine, il existe tout de même des possibilités de résistance aux antibiotiques et des allergies, de même que des conséquences dont on ne se rendra compte qu’à long terme», affirme Anne Chetaille, chargée d’études environnement pour l’ONG française Solagral. Les OGM représentent par ailleurs un risque potentiel pour l’environnement, des plantes transgéniques pouvant se disséminer dans la nature par la pollinisation, et bouleverser tout l’écosystème en résistant à tel ou tel insecte.
Les Etats-Unis, qui mélangent leur production classique et transgénique de soja ou de maïs sans étiquetage particulier, ont refusé de signer le protocole de Carthagène, en janvier 2000, sur la bio-sécurité. Cet accord a notamment introduit des règles précises d’étiquetage avant l’exportation d’OGM, de manière à ce que les destinataires soient informés sur le contenu de toute livraison de graines.
Venu plaider sa cause à Johannesburg, Val Giddings, vice-président de l’Organisation de l’industrie des biotechnologies (Bio) américaine, qualifie de «balivernes» les mises en garde des ONG. «C’est un fond de commerce idéal pour des organisations comme Greenpeace», affirme-t-il. Les OGM passent pour des manipulations scientifiques n’ayant d’autre but que le profit de multinationales, américaines de surcroît». Les industries veulent faire passer un message simple à Johannesburg. A les en croire, les OGM peuvent sauver le monde, en permettant de récolter plus et mieux. L’association sud-africaine Biowatch, elle, veille au grain. Bien que le texte final de la grande conférence sur l’environnement ne mentionne pas les OGM, les Etats-Unis pourraient y introduire des termes en leur faveur sur les biotechnologies.
Une manifestation contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) a rassemblé hier des paysans sud-africains aux portes du Centre de convention internationales. L’un des arguments du Syndicat des fermiers africains (Afu), inquiets de voir les OGM se répandre en Afrique du Sud: les profits réalisés par de grosses industries du Nord grâce à un lien de dépendance créé avec des petits fermiers du Sud. Ceux-ci sont en effet contraints de verser des royalties chaque année à ces firmes, au titre de leurs droits de propriété intellectuelle, pour racheter du maïs génétiquement modifié, ces graines ne donnant qu’une seule récolte à chaque saison. De 1,7 millions d’hectares plantés d’OGM en 1996, on est passé à 52,6 millions en 2001, pour l’essentiel aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique, en Argentine et depuis l’an dernier, en Afrique du Sud, en Indonésie et en Chine.
Plusieurs ONG, parmi lesquelles Les Amis de la Terre, le Club Sierra et le World Wide Fund for Nature (WWF), ont mis en garde hier contre des «partenariats public-privé» qui ne serviraient que les intérêts du secteur privé. La rumeur veut en effet que les Etats-Unis annoncent, au cours du Sommet, un projet de développement durable qui n’aurait d’autre but que de vendre des OGM made in USA aux pays en développement.
La Zambie, malgré la famine, refuse les OGM
Bête noire des écologistes, la firme américaine Monsanto, spécialisée dans les biotechnologies, n’a pas envoyé de représentants au sommet. En dehors de deux associations d’industriels et de scientifiques pro-OGM, Croplife et Bio Africa, seul le groupe allemand Bayer (9 milliards de chiffre d’affaires en 2001) s’est risqué à Johannesburg, malgré un contexte défavorable créé par la Zambie. Menacée par la famine, comme d’autres pays d’Afrique australe cette année, la Zambie a catégoriquement refusé toute aide du Programme alimentaire mondial (Pam) comprenant du maïs américain génétiquement modifié.
Bayer Crop Science, une filiale de la multinationale allemande spécialisée dans les produits agricoles, a dépensé 5000 euros pour occuper quelques mètres carrés, pendant dix jours, sous les chapiteaux du Village Ubuntu. Le retour sur investissement s’annonce prometteur. Manfred Kern, représentant, multiplie les contacts avec les délégations officielles de plusieurs pays en vue de «partenariats public-privé». Il s’intéresse particulièrement au Mozambique, à l’Angola, au Niger, au Cap-Vert, au Venezuela et à Cuba, où il pourrait trouver des bailleurs de fonds pour développer des projets impliquant la vente, dans un proche avenir, de graines résistantes à la sécheresse des plants de tomate, par exemple, susceptibles d’être irriguées par de l’eau de mer. Il a également approché la délégation zambienne, pour lui présenter des graines «non américaines avec un risque nul pour la santé».
«S’il n’y a eu aucun effet nocif prouvé des OGM sur la santé humaine, il existe tout de même des possibilités de résistance aux antibiotiques et des allergies, de même que des conséquences dont on ne se rendra compte qu’à long terme», affirme Anne Chetaille, chargée d’études environnement pour l’ONG française Solagral. Les OGM représentent par ailleurs un risque potentiel pour l’environnement, des plantes transgéniques pouvant se disséminer dans la nature par la pollinisation, et bouleverser tout l’écosystème en résistant à tel ou tel insecte.
Les Etats-Unis, qui mélangent leur production classique et transgénique de soja ou de maïs sans étiquetage particulier, ont refusé de signer le protocole de Carthagène, en janvier 2000, sur la bio-sécurité. Cet accord a notamment introduit des règles précises d’étiquetage avant l’exportation d’OGM, de manière à ce que les destinataires soient informés sur le contenu de toute livraison de graines.
Venu plaider sa cause à Johannesburg, Val Giddings, vice-président de l’Organisation de l’industrie des biotechnologies (Bio) américaine, qualifie de «balivernes» les mises en garde des ONG. «C’est un fond de commerce idéal pour des organisations comme Greenpeace», affirme-t-il. Les OGM passent pour des manipulations scientifiques n’ayant d’autre but que le profit de multinationales, américaines de surcroît». Les industries veulent faire passer un message simple à Johannesburg. A les en croire, les OGM peuvent sauver le monde, en permettant de récolter plus et mieux. L’association sud-africaine Biowatch, elle, veille au grain. Bien que le texte final de la grande conférence sur l’environnement ne mentionne pas les OGM, les Etats-Unis pourraient y introduire des termes en leur faveur sur les biotechnologies.
par Sabine Cessou
Article publié le 29/08/2002