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Entreprises

Vivendi : Fourtou fait le ménage

Jean-René Fourtou, le nouveau PDG de Vivendi Universal, groupe mondial de communications, a commencé à faire le ménage dans la gestion de son prédécesseur Jean-Marie Messier. Pour redresser le groupe, 10 milliards d’euros d’actifs seront vendus tandis qu’une sévère réévaluation des acquisitions récentes s’est imposée.
Les décisions annoncées par le PDG de Vivendi Universal, pour redresser la situation, n'ont toutefois pas rendu confiance aux marchés. L'action VU perdait plus du quart de sa valeur, mercredi 14 août et poursuivait sa chute le lendemain.

Le groupe Vivendi Universal (VU) affiche une perte de plus de 12 milliards d’euros au premier semestre 2002, contre un bénéfice de 22 milliards d’euros il y a un an. Ces mauvais résultats liés aux difficultés du secteur des médias et télécommunications n’est pas, pour l’instant, le principal souci de Jean-René Fourtou, qui a pris la tête du groupe, le 3 juillet dernier, après la mise à l’écart brutale de son prédécesseur Jean-Marie Messier. En effet, le groupe mondial est confronté à un endettement important de 35 milliards d’euros dont 19 milliards d’euros si l’on excepte l’activité assainissement-distribution d’eau Vivendi Environnement.

Cette dette, a reconnu Jean-René Fourtou, dépasse d’environ 10 milliards d’euros le niveau acceptable et c’est pourquoi il a résolu de la réduire d’autant, et ce, le plus rapidement possible. Une cession d’actifs à hauteur de 10 milliards d’euros interviendra dans les deux ans dont 5 milliards d’euros dans les neuf mois, sans que l’on sache précisément les secteurs et activités concernés, à l’exception de la maison d’édition américaine spécialisée dans les manuels éducatifs Houghton Mifflin. Ce programme de cessions, approuvé par le conseil d’administration de VU, a pour objectif de redonner confiance aux marchés mais aussi aux banques avec lesquelles le groupe est en train de négocier un crédit de 3 milliards d’euros.

Réorganisation et rentabilité

Cette remise en ordre des comptes laissés par Jean-Marie Messier et menée par son successeur Jean-René Fourtou s’accompagne d’une réévaluation à la baisse de certains actifs. Ainsi pour prendre en compte la différence entre le prix élevé de certaines acquisitions opérées dans l’euphorie par Jean-Marie Messier et leur valeur réelle, après la chute de la bourse, le groupe VU a annoncé une dépréciation d’actifs de 11 milliards d’euros. La remise en ligne avec les prix effectifs du marché concerne notamment le réseau de télévision câblé américain USA Networks et les activités internet dont le portail Vizzavi. Ces dépréciations s’ajoutent à celles d’un montant de plus de 12 milliards d’euros qui, causant des pertes considérables pour le groupe en 2001, avaient entraîné le limogeage de Jean-Marie Messier.

Attaché à réduire la dette du groupe, Jean-René Fourtou entend aussi améliorer la rentabilité des différentes activités. Au premier chef Canal+, chaîne de télévision cryptée, qui doit être réorganisée afin de réduire drastiquement son endettement qui s’élève actuellement à 35 milliards d’euros. Le groupe Canal+ sera mis à 51% sur le marché et certains actifs internationaux cédés comme le gouffre financier Telepiu en Italie. Troisième objectif du nouveau PDG, la définition d’une stratégie à long terme pour Vivendi Universal. Pour cela, il faudra patienter au moins jusqu’au 25 septembre, date à laquelle Jean-René Fourtou prendra connaissance d’un audit commandé dès le départ de J2M.

Le temps presse cependant car VU est désormais sous la surveillance des agences de notation. L’agence Standard and Poor’s a pris en compte les résultats médiocres du premier semestre et annoncé le déclassement des obligations à long terme de Vivendi Universal. Sur le court terme, le groupe mondial de médias et télécommunications est qualifié d’investissement spéculatif relativement risqué.



par Francine  Quentin

Article publié le 15/08/2002