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Allemagne

Gerhard Schröder surfe sur la vague des inondations

Les terribles inondations qui sévissent en Bavière et en Saxe ont fait leur apparition dans la campagne électorale allemande. A cinq semaines du scrutin législatif, la catastrophe a fourni au chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder et à ses partenaires écologistes une occasion inespérée de remonter dans les sondages.
A toute chose, malheur est bon ! Gerhard Schröder joue son va-tout, à cinq semaines des élections législatives -qui auront lieu le 22 septembre- où il est pour l’instant donné battu, selon les sondages. En effet, le chancelier allemand, élu en 1998, a trouvé dans les inondations qui touchent l’Allemagne, une aubaine électorale rêvée pour stopper sa descente aux enfers que lui prédisent les instituts de sondage. «Nous ne pouvons et n’allons pas laisser les gens seuls», a-t-il promis en sous-entendant que la politique environnementale de la gauche, actuellement au pouvoir, était mieux adaptée que celle de l’opposition pour éviter à l’avenir ce genre de désastre.

Le chancelier, candidat social-démocrate (SPD) a d’ores et déjà annoncé un programme d’urgence «rapide et non bureaucratique» destiné principalement aux victimes des crues. Vêtu d’un ciré et chaussé de bottes en caoutchouc, il a défilé dans les villes et les campagnes inondées de la Saxe, Etat régional le plus durement touché. Tablant sur un regain de popularité, Gerhard Schröder espère bien séduire les électeurs incertains, en arpentant le terrain. Le chancelier, en mauvaise posture face au candidat conservateur, Edmund Stoiber (CDU/CSU), qui le devance de sept points dans les derniers sondages, avec 41% contre 34%, semble actuellement soulagé, après sa campagne médiatique sur le terrain des inondations.

Une aide de 400 millions d’euros

Cette catastrophe permet donc à Gerhard Schröder d’être visible dans les médias et surtout à la télévision, pour endosser un rôle qu’il affectionne: celui de l’homme des crises. Toutes les chaînes allemandes ont retransmis, le 14 août, les images de leur chancelier très préoccupé par le sort de ses compatriotes sinistrés. Habile, tout en affirmant qu’il ne souhaitait pas faire des inondations un sujet pour sa campagne électorale, il a annoncé que son gouvernement débloquait une aide immédiate de 400 millions d’euros. Pressé de répondre, lors d’une conférence de presse, sur les risques de voir l’endettement de l’Etat allemand croître plus encore pour financer les mesures d’aides annoncées, Gerhard Schroeder a répondu: «cela ne m’intéresse absolument pas».

Ces inondations ont incontestablement relancé le débat sur la lutte contre le réchauffement climatique qui pourrait être à l’origine des sinistres en Europe centrale. Un terrain sur lequel l’opposition conservatrice (CDU/CSU) est particulièrement démunie. En effet leur candidat, Edmund Stoiber a fait des difficultés de l’économie allemande son cheval de bataille et a délaissé l’environnement. Pendant ce temps, les Verts, membres minoritaires de la coalition gouvernementale, se sont empressés de rappeler l’importance de la protection de l’environnement dans la campagne électorale. Le chancelier allemand et ses ministres Verts, apparaissent donc à leur aise sur un sujet qui leur est familier et pourraient gagner ainsi la confiance des électeurs de l’ex-RDA, où les inondations ont réduit à néant une large part des efforts de reconstruction menés depuis la réunification de l’Allemagne en 1990.



par Francine  Quentin

Article publié le 16/08/2002