Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sénégal

Wade dit «<i>oui, mais</i>» au MFDC

Le président sénégalais répond positivement à l’offre de négociations faite par les indépendantistes casamançais du MFDC. Le chef de l’Etat écarte toutefois la question de l’indépendance du champ des discussions qui doivent se tenir en Guinée-Bissau.
De notre correspondant à Dakar

Le président de la république du Sénégal, Me Abdoulaye Wade a rencontré dimanche à Zinguinchor le leader des indépendantistes de Casamance, l’Abbé Diamacoune Senghor. A l’occasion de cette rencontre à huis clos, le chef de l’Etat, a dit «oui», dimanche 25 août à la demande de négociation formulée le 21 août dernier par les deux leaders du Mouvement des forces démocratiques de Casamance(MFDC), l'Abbé Diamacoune Senghor (secrétaire général) et Sidy Badji (ex-responsable de l'aile militaire). Mais, car il y a un mais, le président sénégalais a toutefois écarté des prochaines discussions la revendication de "l'indépendance" prônée par le MFDC. «Il n'y a pas de place pour un Etat indépendant dans le Sénégal». Et Me Wade de rappeler à ceux qui l'auraient oublié, que lors du référendum constitutionnel de mars 2001, la Casamance avait voté à 95% pour le projet qui réaffirmait l'intégrité du territoire national ainsi que son caractère un et indivisible.

A l'exception de cette question de l'indépendance, le président Wade se dit ouvert à la discussion sur toutes les autres questions. Il s'agit essentiellement de la question des terres cultivables dont beaucoup sont aujourd'hui désertées par les populations du fait de la guerre et des mines, du désarmement et de la réinsertion des maquisards, de la politique particulière du développement de la région qui, de «grenier» jadis du Sénégal est aujourd'hui complètement sinistrée, ainsi que du désenclavement de la région par la mer, avec le retour imminent du bateau «le Dioala», ainsi qu'un second bateau, sans oublier la sécurisation des routes.

La Guinée-Bissau abritera les négociations

Rompant avec sa politique d'isolement des différents «intermédiaires» mise en oeuvre depuis son arrivée au pouvoir en mars 2001, Me Wade lance aujourd'hui un appel «aux chefs religieux, aux autorités, mais aussi aux jeunes». «Je suis prêt à discuter, parce que j'ai trouvé une situation qui a trop duré. Si on m'avait écouté en 1982-83 (date de l'éclatement du conflit, ndlr), quand je disais qu'il fallait négocier, on n'en serait pas là». Dans un plaidoyer pour la paix qui tranche d'avec l'attitude solitaire dans la gestion de la crise qu'il avait jusqu'ici adoptée, Me Wade a lancé un appel à toutes les bonnes volontés: «Aidez-moi à rétablir la paix en Casamance. Il faut cesser la violence et discuter. Je vais tout faire pour faire revenir la paix en Casamance. Parce que ceux qui y entretiennent l'insécurité ne sont pas plus armés que nous».

Deuxième nouveauté: cette fois les négociations auront lieu en Guinée-Bissau et non plus à Banjul, en Gambie comme lors des trois rencontres qui avaient eu lieu en 1998 et 99 avant d'être suspendues par le gouvernement socialiste de Abdou Diouf à la veille de la présidentielle de mars 2000. Si le chef de l'Etat sénégalais déclare qu'il n'y a aucune arrière-pensée à cette délocalisation des négociations entre les deux parties, force est de noter que les relations entre les deux pays se sont récemment détériorées suite à la décision gambienne d'augmenter les tarifs du bac pour les transporteurs sénégalais, mais aussi du fait des propos tenus par certains officiels sénégalais suspectant la Gambie de servir de lieu de repli pour les indépendantistes, après leurs forfaits sur les routes du sud.

D'un autre côté, quand on sait que les relations entre le Sénégal et Bissau sont au beau fixe depuis l'arrivée de Kumba Yalla au pouvoir, et du fait aussi que ce pays a quasiment expulsé les rebelles de son pays (pas tous cependant), on comprend pourquoi le choix de ce pays pour abriter les négociations. Des négociations dont la date du reste n'a pas encore été fixée. Cette tâche appartient au «Monsieur Casamance» du gouvernement, le général Mamadou Niang, ministre de l'Intérieur. Il lui revient de trouver un accord sur ce point avec les responsables du MFDC.



par Demba  Ndiaye

Article publié le 27/08/2002