Tourisme
Nouvelles Frontières rentre dans le rang
Les salariés de Nouvelles Frontières, filiale du groupe allemand TUI, dénoncent le changement de stratégie intervenu depuis le rachat. Déjà, en janvier dernier, le départ forcé du patron et fondateur Jacques Maillot avait mis un point final à une certaine forme de tourisme-routard, qui n'était déjà plus celui des années 70.
La crise dans le secteur touristique après les attentats du 11 septembre 2001 a rattrapé Nouvelles Frontières, le deuxième groupe de voyages français. Des suppressions d'emplois vont intervenir à raison de 170 dans la filiale transport aérien Corsair et 150 au sein de la maison-mère. Le nouvel actionnaire de référence, l'Allemand TUI, estime que le recul du marché touristique en France nécessite une compression des coûts afin, après restructuration, de renouer avec les bénéfices dès 2003.
Les salariés de Corsair, qui ont observé une journée de grève de protestation, jeudi 8 août, en pleine période de départ des charters, jugent injustifiés les licenciements envisagés et dénoncent le changement de stratégie intervenu dans le groupe depuis son rachat par le numéro un mondial du tourisme TUI. «Du temps de Jacques Maillot les choses ne se passaient pas ainsi» s’indignent les salariés de Nouvelles Frontières, confrontés au passage d’une entreprise centrée autour de la forte personnalité de son fondateur Jacques Maillot à un statut de filiale d’un grand groupe de l’industrie du tourisme mondialisé. Le choc est rude.
Le groupe allemand était entré dans le capital de Nouvelles Frontières en octobre 2000 à hauteur de 13% pour mettre un pied dans le secteur du tourisme français et a porté sa part à 30% au début de 2002. Il s’apprête à prendre le contrôle à 100%, dès que la Commission européenne aura donné son feu vert, probablement fin août. Théoriquement, Jacques Maillot totalise encore 42% du capital, mais face à la situation financière critique de Nouvelles Frontières, 230 millions d’euros d’endettement fin 2001, il avait été contraint, en octobre 2001, de s’engager à céder progressivement ses parts à son actionnaire allemand. A cette époque, bien qu’encore minoritaire TUI disposait déjà du pouvoir que lui conférait le projet d’augmentation du capital de 180 millions d’euros, dès sa prise de contrôle totale.
L’esprit sac-à-dos
Mais le changement le plus visible est intervenu quand, le 1er novembre 2001, Jacques Maillot abandonnait, poussé vers la sortie, ses fonctions de président du conseil de surveillance. Ainsi jetait l’éponge celui qui, avec Gilbert Trigano, fondateur du Club Med, symbolisait la démocratisation du voyage et des vacances pour tous dans les années 60 et 70. Partisan des coûts les plus bas et des faibles marges Nouvelles Frontières a été victime de sa politique qui en raison d’une trop faible rentabilité ne permet pas de résister aux retournements de conjoncture.
En 1967 Jacques Maillot crée l’association Nouvelles Frontières qui devient société anonyme cinq ans plus tard. La caractéristique de Nouvelles Frontières est l’esprit résolument «sac-à-dos» qui est aussi celui de l’époque post-soixante huitarde. Jacques Maillot restera l’emblématique patron à scooter même lorsque le groupe comprendra 236 agences dans le monde et 5 500 salariés. Mais la clientèle des débuts s’est au fil des ans sensiblement embourgeoisée et l’offre de Nouvelles Frontières a suivi. On a vu apparaître les hôtels-club et des produits plus haut de gamme. Avec, toujours, le souci de réduire les marges ce qui l’avait amené à combattre le monopole d’Air France et à créer sa propre filiale charter Corsair.
Les salariés de Corsair, qui ont observé une journée de grève de protestation, jeudi 8 août, en pleine période de départ des charters, jugent injustifiés les licenciements envisagés et dénoncent le changement de stratégie intervenu dans le groupe depuis son rachat par le numéro un mondial du tourisme TUI. «Du temps de Jacques Maillot les choses ne se passaient pas ainsi» s’indignent les salariés de Nouvelles Frontières, confrontés au passage d’une entreprise centrée autour de la forte personnalité de son fondateur Jacques Maillot à un statut de filiale d’un grand groupe de l’industrie du tourisme mondialisé. Le choc est rude.
Le groupe allemand était entré dans le capital de Nouvelles Frontières en octobre 2000 à hauteur de 13% pour mettre un pied dans le secteur du tourisme français et a porté sa part à 30% au début de 2002. Il s’apprête à prendre le contrôle à 100%, dès que la Commission européenne aura donné son feu vert, probablement fin août. Théoriquement, Jacques Maillot totalise encore 42% du capital, mais face à la situation financière critique de Nouvelles Frontières, 230 millions d’euros d’endettement fin 2001, il avait été contraint, en octobre 2001, de s’engager à céder progressivement ses parts à son actionnaire allemand. A cette époque, bien qu’encore minoritaire TUI disposait déjà du pouvoir que lui conférait le projet d’augmentation du capital de 180 millions d’euros, dès sa prise de contrôle totale.
L’esprit sac-à-dos
Mais le changement le plus visible est intervenu quand, le 1er novembre 2001, Jacques Maillot abandonnait, poussé vers la sortie, ses fonctions de président du conseil de surveillance. Ainsi jetait l’éponge celui qui, avec Gilbert Trigano, fondateur du Club Med, symbolisait la démocratisation du voyage et des vacances pour tous dans les années 60 et 70. Partisan des coûts les plus bas et des faibles marges Nouvelles Frontières a été victime de sa politique qui en raison d’une trop faible rentabilité ne permet pas de résister aux retournements de conjoncture.
En 1967 Jacques Maillot crée l’association Nouvelles Frontières qui devient société anonyme cinq ans plus tard. La caractéristique de Nouvelles Frontières est l’esprit résolument «sac-à-dos» qui est aussi celui de l’époque post-soixante huitarde. Jacques Maillot restera l’emblématique patron à scooter même lorsque le groupe comprendra 236 agences dans le monde et 5 500 salariés. Mais la clientèle des débuts s’est au fil des ans sensiblement embourgeoisée et l’offre de Nouvelles Frontières a suivi. On a vu apparaître les hôtels-club et des produits plus haut de gamme. Avec, toujours, le souci de réduire les marges ce qui l’avait amené à combattre le monopole d’Air France et à créer sa propre filiale charter Corsair.
par Francine Quentin
Article publié le 09/08/2002