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Corruption

Palmarès 2002 de Transparency international

Tandis qu’à Johannesburg gouvernements et ONG discutent de l’avenir de la planète, Transparency international, association de lutte contre la corruption affirme que cette pratique nocive freine le développement durable. Pauvreté et pots-de vins, un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.
Chaque année, depuis 1995, Transparency international publie son classement des pays perçus comme corrompus par les milieux d’affaires et les analystes financiers et de risque-pays. Cette année, sommet de la Terre oblige, l’organisation souligne que «les élites politiques corrompues et les investisseurs sans scrupule portent un coup mortel au développement durable». Exemples : la déforestation illégale, l’extraction frauduleuse de diamant, les forages pétroliers assortis de dessous- de-table sont autant de contributions au pillage de la planète qui ne bénéficient pas aux populations et mettent en danger les générations futures. L’enrichissement personnel prévaut alors sur le développement économique du pays.

La lutte contre la corruption est devenue un leitmotiv des rencontres internationales. Mais, pour progresser vers plus de transparence dans les relations commerciales beaucoup reste à faire. En effet, 70% des 102 pays classés cette année par Transparency international n’obtiennent pas la moyenne de 5 sur 10. Les plus mal classés sont le Bangladesh, le Nigeria, habitué des queues de classement, le Paraguay, Madagascar, l’Angola, le Kenya et l’Indonésie. Ils obtiennent tous une note inférieure à 2.

A l’autre bout de la liste caracolent cette année encore des pays du nord de l’Europe comme la Finlande, le Danemark, l’Islande et la Suède mais aussi Singapour et la Nouvelle-Zélande. Dans les trente premiers figurent la plupart des pays les plus industrialisés dont les Etats-Unis en 16ème position, l’Allemagne en 18ème et la France en 25ème place.

Crise économique et corruption

Ce qui ne signifie pas que la corruption y soit absente. On retrouve les entreprises de pays comme l’Italie, le Japon, les Etats-Unis ou la France du côté des distributeurs de pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers, notamment dans les pays en développement, pour obtenir des marchés ou les conserver. Cela est d’autant plus surprenant, relève Transparency international, que ces pays ont ratifié la convention de lutte contre la corruption de l’OCDE qui interdit ce type de versements.

Le lien entre pauvreté, crise économique et politique, et corruption apparaît nettement avec la dégradation de l’image de plusieurs pays d’Amérique latine auprès des milieux d’affaires. L’Argentine passe ainsi de la 57ème place en 2001 à la 70ème cette année. Panama, Honduras, Guatemala, Nicaragua, Venezuela connaissent un sort comparable.

Dans l’ex-bloc soviétique, la situation est contrastée. Certains pays sont très gangrenés comme la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie avec des notes inférieures à 3 sur 10. En revanche, la Slovénie, obtient de meilleurs scores que, en Europe, l’Italie ou la Grèce. De récentes décisions prises en Russie, sous la pression internationale et notamment celle du Gafi (Groupe d’action financière contre le blanchiment), ont contribué à réduire le sentiment de corruption perceptible dans ce pays. La Russie partage cependant encore le 71ème rang de la liste de Transparency, avec la Côte d’Ivoire, l’Inde ou la Tanzanie. En Afrique, Transparency se félicite que le Nepad (Nouveau, partenariat pour le développement de l’Afrique) prenne en compte les critères de bonne gouvernance et de transparence.

Transparency international met cependant en garde contre une interprétation abusive de son palmarès. Il est basé sur la corruption perçue par les acteurs économiques dans leurs relations avec des fonctionnaires étrangers, en fonction de leur opinion et de leurs expériences. Toutefois, des données «objectives» comme le nombre de poursuites judiciaires ou de procès pour corruption ne sont, selon cette organisation que le reflet de la capacité de l’appareil judiciaire ou des médias d’un pays à la mettre au jour.

Pour en savoir plus : www.transparency.org

Ecoutez également:
Fredrik Galtung, responsable de la recherche au sein de Transparency International.



par Francine  Quentin

Article publié le 28/08/2002