Proche-Orient
Tsahal dans le collimateur
Le ministre de la Défense Benyamin Ben Eliezer, sous la pression de l’opinion publique israélienne, a nommé une commission chargée d’enquêter sur les bavures de Tsahal, qui ont, en quelques jours, coûté la vie à douze Palestiniens, parmi lesquels plusieurs enfants. Cette augmentation alarmante du nombre de civils tués lors d’opérations de l’armée israélienne a violemment été dénoncée par l’Autorité palestinienne qui a également déploré le silence de l’Occident. Elle a suscité une polémique en Israël sur le rôle du nouveau chef d’état-major, Moshé Yaalon, nommé en juillet dernier et très critiqué pour son ingérence dans les affaires politiques du pays.
«Je regrette toute mort de civils innocents, et si l’enquête montre que Tsahal a la gâchette trop facile, il faudra en tirer les conclusions». Cette déclaration du président Moshé Katsav illustre bien le malaise des autorités israéliennes face à l’augmentation alarmante du nombre de civils tués lors des opérations menées par l’armée dans les territoires occupés. Douze Palestiniens ont en effet été tués en quelques jours par des tirs israéliens. Quatre hommes, des ouvriers selon des témoins, ont ainsi trouvé la mort dimanche dans une embuscade tendue par Tsahal près d’Hébron. Deux enfants et deux adolescents ont péri samedi dans une opération visant à liquider un activiste du Hamas en Cisjordanie et quatre membres d’une même famille –une femme, ses deux fils et son neveu– ont été tués jeudi par des tirs d’obus. Selon des organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme, sur un total de quarante-neuf Palestiniens tués au mois d’août par des tirs israéliens, trente étaient des civils, parmi lesquels une majorité d’enfants.
Plusieurs dirigeants palestiniens ont violemment dénoncé le silence de l’Occident et notamment celui des Etats-Unis sur ces opérations meurtrières de Tsahal. «Nous appelons la communauté internationale, a notamment déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat, à stopper l’effusion de sang et le terrorisme d’Etat». Il a regretté que «ni l’administration américaine, ni aucun Etat ne se soit élevé contre les meurtres d’enfants palestiniens». Selon lui, les raids de l’armée israélienne visent à «effrayer le peuple palestinien et à l’amener à la reddition». Face à cette «dangereuse escalade», le ministre de l’information, Yasser Abed Rabbo, a laissé entendre que les Palestiniens pourraient «cesser leurs contacts sécuritaires et politiques» avec l’Etat hébreu. Ces contacts, a-t-il estimé, «servent de couverture à Israël pour poursuivre sa politique d’assassinat». C’est sans doute la menace d’une rupture de ces négociations, qui avaient difficilement été initiées par le ministre israélien de la Défense, qui est à l’origine de la mise en place de cette commission d’enquête nommée dimanche par Benyamin Ben Eliezer.
Un nouveau chef d’état-major qui ne fait pas l’unanimité
Cette commission a donc cinq jours pour rendre son rapport. Elle est chargée d’enquêter sur les causes de la mort de plusieurs civils palestiniens et de déterminer les mesures opérationnelles à prendre pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. La mise en place de cette commission a été critiquée par certains responsables de l’armée israélienne, qui estiment que les recommandations qui pourraient en résulter risquent de limiter la marge de manœuvre des militaires sur le terrain. Concrètement, ils redoutent que les changements de consignes concernant les tirs et concernant les procédures d’arrestation de suspects ne constituent un frein à leur principale mission qui est d’empêcher les attentats. Une mission que le général Moshé Yaalon, nommé en juillet dernier à la tête de l’état major de l’armée israélienne, semble déterminé à mener à bout.
L’homme, dont les méthodes et les déclarations souvent intempestives sont de plus en plus critiquées en Israël, est notamment accusé par l’opposition d’«ingérence dans le domaine politique». Il avait récemment comparé l’Intifada à «un cancer» et estimé que l’Etat hébreu ne faisait pas face à «une insurrection populaire mais à une véritable guerre lancée par une direction palestinienne qui n’accepte pas le droit d’Israël à l’existence en tant qu’Etat juif». Moshé Yaalon s’était également prononcé contre tout retrait unilatéral de territoires occupés, une option pourtant largement envisagée par le parti travailliste, dont le chef n’est autre que le ministre de la Défense Benyamin Ben Eliezer.
Plusieurs dirigeants palestiniens ont violemment dénoncé le silence de l’Occident et notamment celui des Etats-Unis sur ces opérations meurtrières de Tsahal. «Nous appelons la communauté internationale, a notamment déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat, à stopper l’effusion de sang et le terrorisme d’Etat». Il a regretté que «ni l’administration américaine, ni aucun Etat ne se soit élevé contre les meurtres d’enfants palestiniens». Selon lui, les raids de l’armée israélienne visent à «effrayer le peuple palestinien et à l’amener à la reddition». Face à cette «dangereuse escalade», le ministre de l’information, Yasser Abed Rabbo, a laissé entendre que les Palestiniens pourraient «cesser leurs contacts sécuritaires et politiques» avec l’Etat hébreu. Ces contacts, a-t-il estimé, «servent de couverture à Israël pour poursuivre sa politique d’assassinat». C’est sans doute la menace d’une rupture de ces négociations, qui avaient difficilement été initiées par le ministre israélien de la Défense, qui est à l’origine de la mise en place de cette commission d’enquête nommée dimanche par Benyamin Ben Eliezer.
Un nouveau chef d’état-major qui ne fait pas l’unanimité
Cette commission a donc cinq jours pour rendre son rapport. Elle est chargée d’enquêter sur les causes de la mort de plusieurs civils palestiniens et de déterminer les mesures opérationnelles à prendre pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. La mise en place de cette commission a été critiquée par certains responsables de l’armée israélienne, qui estiment que les recommandations qui pourraient en résulter risquent de limiter la marge de manœuvre des militaires sur le terrain. Concrètement, ils redoutent que les changements de consignes concernant les tirs et concernant les procédures d’arrestation de suspects ne constituent un frein à leur principale mission qui est d’empêcher les attentats. Une mission que le général Moshé Yaalon, nommé en juillet dernier à la tête de l’état major de l’armée israélienne, semble déterminé à mener à bout.
L’homme, dont les méthodes et les déclarations souvent intempestives sont de plus en plus critiquées en Israël, est notamment accusé par l’opposition d’«ingérence dans le domaine politique». Il avait récemment comparé l’Intifada à «un cancer» et estimé que l’Etat hébreu ne faisait pas face à «une insurrection populaire mais à une véritable guerre lancée par une direction palestinienne qui n’accepte pas le droit d’Israël à l’existence en tant qu’Etat juif». Moshé Yaalon s’était également prononcé contre tout retrait unilatéral de territoires occupés, une option pourtant largement envisagée par le parti travailliste, dont le chef n’est autre que le ministre de la Défense Benyamin Ben Eliezer.
par Mounia Daoudi
Article publié le 02/09/2002