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Etats-Unis

Bush somme l’ONU d’agir contre l’Irak

Une demi-heure durant, le président américain a dressé un implacable réquisitoire contre le régime irakien. George Bush a invité les Nations unies à relever le défi posé par Saddam Hussein. A défaut, il n'a guère laissé de doute sur l'intention des États-Unis de s’en charger eux-mêmes.
George W Bush a une image d’unilatéraliste faisant peu de cas des institutions internationales. C’est pourtant un président américain qui n’avait qu’éloges pour les organisations internationales qui s’est présenté devant les délégués de l’Assemblée générale des Nations unies. Le chef de l’exécutif américain, invoquant les pères fondateurs de l’Organisation des Nations unies, a rappelé qu’en 1945, les pays qui ont créé l’institution (parmi lesquels les États-Unis) on voulu empêcher que le monde succombe à nouveau à la folie d’un homme. A l’époque, il s’agissait d’Hitler. On devine déjà que Bush se prépare à nous parler de Saddam Hussein. Mais pas encore.

L’hôte de la Maison Blanche n’a pas fini de rendre hommage au rôle de l’ONU et de ses institutions, au point qu’il a décidé d’annoncer le retour imminent de son pays au sein de l’UNESCO, dix-huit ans après que Ronald Reagan eut décidé de claquer la porte de celle-ci. Même Clinton n’avait pas osé prendre une telle décision. L’orateur s’interrompt pour savourer l’impact de son annonce. Le temps de prendre conscience de ce que vient de dire George Bush et quelques timides applaudissements se font entendre: il ne faut surtout pas décourager les bonnes intentions multilatéralistes. Mais dans la salle, personne n’entretient d’illusion sur le sens de cette annonce: le président américain a quelque chose à demander aux Nations unies et la demande sera à la mesure du geste qu’il vient de faire : considérable.

L’ONU est défiée par Saddam Hussein

L’hommage aux Nations unies constituait les hors d’œuvre, le plat de résistance, comme chacun l’imaginait, est l’Irak. George Bush dresse un implacable réquisitoire des manquements du régime de Saddam Hussein à ses engagements d’après-guerre: refus de restituer les prisonniers de guerre, les corps des étrangers, de révéler l’état de ses recherches et de sa production de missiles à longue portée et des armes de destruction massive. Le président américain rappelle comment le pouvoir irakien a, sept ans durant, rusé avec les inspecteurs de l’ONU avant de les expulser en 1998. Il souligne qu’il a fallu attendre 1995 pour qu’il reconnaisse avoir cherché à acquérir des armes de destruction massive, et, soutient George Bush, n’eut été la guerre du Koweït en 1991, l’Irak aurait été en mesure de détenir une bombe nucléaire dès 1993.

Et l’on voudrait croire que depuis le départ des inspecteurs, l’Irak aurait renoncé à son programme d’armements, s’indigne Bush. En réalité, affirme-t-il, si l’Irak trouve un fournisseur de matière fissile, il disposera d’une arme nucléaire en moins d’un an.

Pour George Bush, la communauté internationale, et tout particulièrement le système de sécurité collective instauré en 1945 est confronté à un grave défi de la part du dictateur irakien. Si elle renonce à le relever, ce sont les fondements même de l’ONU qui seront sapés. La communauté internationale a été «plus que patiente», estime George Bush qui ne semble pas loin de penser qu’elle l’a été beaucoup trop.

En conclusion, souligne-t-il, il n’existe que deux options. Ou bien Saddam Hussein se conforme à toutes les résolutions de l’ONU et fait ce qu’il a refusé de faire depuis douze ans, ou bien la communauté internationale doit obliger Saddam Hussein à rendre des comptes. George Bush indique que les États-Unis collaboreront à cette fin avec le Conseil de sécurité, mais c’est pour ajouter aussitôt que la volonté de Washington ne doit pas être mise en doute: les résolutions du Conseil de sécurité seront appliquées.

Le président américain n’a pas besoin de préciser ce que tout le monde sait déjà : au besoin, les États-Unis s’en chargeront sans l’aval de cette communauté internationale à laquelle il a rendu un hommage si appuyé.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 12/09/2002