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Avis de tempête sur France Télécom

France Télécom devrait annoncer la semaine prochaine une perte semestrielle record de 10 à 15 milliards d’euros. Cela pourrait entraîner l’Etat français, actionnaire majoritaire, à intervenir. Ces mauvais résultats sont en partie liés à des provisions comptables destinées à faire face au règlement du dossier MobilCom, l’opérateur allemand de téléphonie mobile en grandes difficultés dont France Télécom détient 28,5% des parts.
Les nuages s’amoncèlent au-dessus de France Télécom l’opérateur français de télécommunications détenu à 55,5% par l’Etat. Le groupe, lors de son conseil d’administration du 12 septembre, devrait entériner une perte semestrielle record de plus de 10 milliards d’euros, probablement entre 10 et 15 milliards d’euros. A cela s’ajoute un endettement de l’ordre de 70 milliards d’euros et une dépréciation de la valeur boursière de 70% depuis le début de l’année dont 30% la semaine dernière à l’issue de la septième séance successive de cotation en recul.

Le marasme qui touche l’ensemble du secteur des télécommunications n’a certes pas épargné le groupe France Télécom et surtout sa filiale téléphonie mobile Orange. Mais les chiffres de pertes évoqués ces jours-ci par la presse économique sont aggravés par la situation de l’opérateur allemand de téléphonie mobile MobilCom. France Télecom détient 28,5% du capital de cette entreprise en difficulté et s’apprête donc à constituer des provisions exceptionnelles pour faire face à l’avenir.

Deux solutions s’opposent : l’abandon de MobilCom à son triste sort ou, à l’inverse, la reprise totale du capital de MobilCom. Selon les analystes financiers l’abandon de l’opérateur en difficultés serait la meilleure solution pour France Télécom. Mais ils prévoient aussi que l’Etat français, actionnaire majoritaire de France Télécom, pourrait imposer à son PDG Michel Bon la reprise des 71,5% restants du capital de MobilCom, pour ne pas porter ombrage aux relations franco-allemandes à trois semaines des élections législatives Outre-Rhin. Environ 6 000 emplois sont en jeu à MobilCom.

Le paradoxe des nationalisées

Ce dilemme a causé le report de huit jours du conseil d’administration de France Télécom afin de prendre une décision qui sera annoncée le 13 septembre. Cela illustre bien le paradoxe des entreprises nationalisées : dans ce cas, la logique économique de l’entreprise s’oppose à la logique politique de l’actionnaire public. Mais à l’inverse, le ministère de l’Economie et des Finances a fait savoir que l’Etat français prendrait des mesures de soutien à France Télécom si l’opérateur rencontrait des problèmes de refinancement.

La question de l’endettement de France Télécom n’en pour autant pas résolue et le gouvernement pourrait procéder à une augmentation du capital de France Télécom de l’ordre de 10 milliards d’euros. L’appel au marché, pour souscrire cette augmentation de capital, interviendrait dans une conjoncture boursière défavorable mais la «remise au pot» par le biais des finances publiques n’irait pas du tout dans le sens d’une privatisation de l’opérateur de télécommunications.

L’appel au marché boursier marquerait en outre une rupture avec l’actuel PDG en place depuis décembre 2000. Michel Bon a en effet estimé à plusieurs reprises que la recapitalisation n’avait pas ses faveurs. Déjà, les spéculations vont bon train sur son éventuel remplacement à la tête de l’entreprise et le nom de Noël Forgeard, actuel PDG d’Airbus est souvent prononcé. Le départ, après désaveu, de patron de France Télécom ne ferait qu’allonger la liste des patrons d’entreprises de ce secteur remerciés au cours des deux dernières années marquées par la crise : ceux de Deutsche Telekom, WorldCom, British Telecom et Lucent.



par Francine  Quentin

Article publié le 05/09/2002