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Allemagne

La remontée spectaculaire de Schröder

Donné battu il y a quelques mois le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder a fait, une quinzaine de jours avant les législatives du 22 septembre, une remontée spectaculaire sur son adversaire chrétien-démocrate Edmund Stoiber.
Personne n’aurait parié un euro, il y a peu, sur les chances du parti social-démocrate (SPD) de l’emporter aux élections législatives du 22 septembre, ni à son leader le chancelier Schröder de rester à son poste. Le mécontentement des électeurs face à une situation économique défavorable et l’absence de succès dans la lutte contre le chômage laissaient prévoir l’arrivée aux affaires du candidat chrétien-démocrate (CDU/CSU), présenté comme conservateur, Edmund Stoiber.

A la tête de la coalition rose-verte qui dirige l’Allemagne depuis 1998, Gerhard Schröder présente un bilan économique et social médiocre, mais des réformes importantes, dans les domaines de l’environnement, de la politique internationale et de l’immigration ont été réalisées durant cette période.

Et puis, en août, la gestion de crise, jugée efficace et rapide du chancelier Schröder, face aux inondations dramatiques de l’Elbe, a marqué une rupture avec la spirale d’échec qui s’était instaurée. Désormais, les analystes politiques estiment le résultat des élections beaucoup plus ouvert. Le deuxième débat télévisé entre les deux challengers dimanche 8 septembre a donné l’avantage au chancelier. Et même, à une semaine du scrutin des instituts de sondage donnaient jusqu'à trois points d'avance au SPD sur la CDU/CSU.

Des alliances nécessaires

Les 61 millions d’électeurs allemands sont appelés à trancher entre la poursuite d’une politique suivie depuis maintenant quatre ans par les sociaux-démocrates et les écologistes ou donner les rênes à des opposants très remontés contre les mauvais chiffres du chômage, signe, selon eux, de l’incapacité du gouvernement en ce domaine. De son côté, le chancelier Schröder met en avant des réalisations comme l’ouverture du code de la nationalité qui a permis, depuis, plus de 400 000 naturalisations, la loi sur l’immigration, l’accord sur l’abandon de l’énergie nucléaire et le rôle de précurseur de l’Allemagne en matière d’énergie éolienne et d’écotaxes sur les énergies non-renouvelables, le retour de l’Allemagne sur la scène internationale avec sa participation aux opérations de maintien de la paix en Europe orientale ou son engagement dans la lutte mondiale contre le terrorisme. Plus récemment le chancelier a pris une position très en pointe dans l'opposition à une intervention militaire en Irak.

Inquiet à juste titre des prévisions de résultats le candidat conservateur Edmund Stoiber a choisi, dans la dernière ligne droite, le thème de l'immigration et de l'afflux potentiel de non-européens en Allemagne pour redresser la barre.

Toutefois, la polarisation du duel Schröder-Stoiber fait un peu oublier que 24 formations politiques concourent, le 22 septembre, dans un système électoral particulièrement sophistiqué. Chaque électeur dispose en effet de deux bulletins de vote pour élire les députés du Bundestag. Le premier désigne, au scrutin uninominal à un tour, le candidat arrivé en tête élu député de l’une des 299 circonscriptions électorales qui constituent la moitié de l’assemblée. Pour contrebalancer ce scrutin-couperet, la deuxième moitié du Bundestag est élue à la proportionnelle sur une liste présentée dans chaque land. Les formations ayant obtenu 5% des voix à la proportionnelle au niveau national sont représentées à l’assemblée.

C’est pourquoi, que les législatives du 22 septembre voient arriver en tête le SPD ou la CDU/CSU le vainqueur devra s’allier à un autre parti pour obtenir la majorité absolue à la chambre des députés. Les Verts, crédités de 7% dans les sondages bien qu’en progrès depuis 1998 ne suffiront probablement pas pour reconduite la même coalition. Les libéraux du FDP, crédités de 8 à 9% des suffrages pourraient s’allier à la CDU pour former une coalition d’alternance mais d’autres combinaisons sont encore envisagées qui prendront consistance au vu des résultats du 22 septembre.


FRANCINE QUENTIN



Article publié le 17/09/2002