Allemagne
Schröder : la revanche du Petit chose
La personnalité du leader social-démocrate est marquée par l’adversité qu’il a connue depuis sa jeunesse, tant dans sa vie personnelle que son parcours politique.
De notre correspondant à Berlin
«Gerhard Schröder, le retour». Si elle était un film, la campagne électorale allemande aurait mérité ce nom tant le come-back des sociaux-démocrates du chancelier sortant dans les sondages ressemble à une résurrection politique. «Battling Gerd» n’est jamais meilleur que dans l’adversité. Une qualité qu’explique sa biographie. Orphelin de guerre, il grandit aux côtés de sa mère Erika qui fait des ménages pour faire vivre, ou plutôt survivre une famille de six personnes. Le jeune Gerhard reste à l’écart du miracle économique allemand. Ses camarades plus chanceux le lui font sentir. Il se promet de prendre sa revanche.
Gerhard Schröder devra patienter encore quelques années. Faute de moyens, il ne peut entrer au lycée. Sa hargne s’exprime avant tout sur les terrains de foot. L’adolescent doit se contenter d’un apprentissage dans le commerce de détail et décroche son premier emploi. Le self made man suit plus tard des cours du soir, passe son bac à 22 ans. Suivent des études de droit au terme desquelles Gerhard Schröder s’installe comme avocat à Hanovre, en Basse-Saxe, sa région d’origine.
Ce parcours personnel marque aussi sa carrière politique. En 1963, il devient membre à 19 ans du parti social-démocrate SPD impressionné par la personnalité d’Helmut Schmidt. Lorsque ce dernier devient chancelier, à partir de 1974, Gerhard Schröder, patron des jeunes socialistes, plus à gauche, mène la vie dure à son aîné, critiqué pour être un froid gestionnaire. Le jeune ambitieux a plus de points communs avec Willy Brandt, un bon vivant, amateur de vin rouge et de femmes, un rhétoricien brillant qui fait vibrer les foules. Comme Brandt, Schröder cultive ses relations avec les intellectuels, se veut un ami des arts notamment de la peinture. Il a crée un poste de ministre de la culture qui n’existait pas avant lui.
Gerhard Schröder, le fils du peuple, a pris sa revanche. Lui qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche peut briller aux côtés des grands ou des moins grands esprits. Et le fils d’une femme de ménages apprécie la compagnie des capitaines d’industrie. Son flirt avec Ferdinand Piech, l’ex-patron de Volkswagen, est un bon exemple de la revanche sociale de Schröder. En tant que ministre-président de la région de Basse-Saxe de 1990 à son élection huit ans plus tard, il est en tant qu’actionnaire membre du conseil de surveillance de la firme automobile.
Un bateleur doué
Avant d’en arriver là, l’actuel chancelier doit encore et toujours affronter de nombreux obstacles. Pour conquérir sa région d’origine, terre traditionnellement conservatrice. Pour être le candidat de son parti à la chancellerie. Après un premier échec, il est investi en 1998 et met fin au règne de seize ans du démocrate-chrétien Helmut Kohl. Celui qui d’après la légende avait quelques années auparavant après une soirée arrosée secoué les grilles de la chancellerie en déclarant qu’il voulait y entrer a atteint son but.
Avec Gerhard Schröder au pouvoir, c’est d’abord un changement de style qui frappe. L’homme est une «bête médiatique», un bateleur doué qui séduit –plus que son parti. Il a donné une image plus détendue de son pays. Schröder a abusé de ses talents au début posant avec un Cohiba dans ses costumes italiens et donnant la réplique dans des émissions de variété. Il profite aujourd’hui toujours de ces qualités, son come-back dans les sondages le montre. Mais Schröder a gagné en stature avec les conflits dans les Balkans et l’intervention en Afghanistan auxquelles l’Allemagne a participé. Une première historique que la gauche pouvait mieux que les conservateurs imposer au pays. Le self made man sûr de lui même défend également sans complexes les intérêts de l’Allemagne.
Des réformes de société marquent l’ère Schröder comme le droit de la nationalité, la loi sur l’immigration, le mariage homosexuel ou l’arrêt du nucléaire. Une réforme fiscale longtemps attendue sous son prédecesseur a été votée , l’endettement de l’Etat recule, un financement complémentaire privé des retraites a été introduit.
Mais le social-démocrate Schröder a échoué là où on l’attendait, sur le dossier du chômage. Il avait promis de réduire le nombre de sans-emploi à 3,5 millions. Ils sont aujourd’hui quatre millions autant qu’à son arrivée au pouvoir à l’automne 1998.
«Gerhard Schröder, le retour». Si elle était un film, la campagne électorale allemande aurait mérité ce nom tant le come-back des sociaux-démocrates du chancelier sortant dans les sondages ressemble à une résurrection politique. «Battling Gerd» n’est jamais meilleur que dans l’adversité. Une qualité qu’explique sa biographie. Orphelin de guerre, il grandit aux côtés de sa mère Erika qui fait des ménages pour faire vivre, ou plutôt survivre une famille de six personnes. Le jeune Gerhard reste à l’écart du miracle économique allemand. Ses camarades plus chanceux le lui font sentir. Il se promet de prendre sa revanche.
Gerhard Schröder devra patienter encore quelques années. Faute de moyens, il ne peut entrer au lycée. Sa hargne s’exprime avant tout sur les terrains de foot. L’adolescent doit se contenter d’un apprentissage dans le commerce de détail et décroche son premier emploi. Le self made man suit plus tard des cours du soir, passe son bac à 22 ans. Suivent des études de droit au terme desquelles Gerhard Schröder s’installe comme avocat à Hanovre, en Basse-Saxe, sa région d’origine.
Ce parcours personnel marque aussi sa carrière politique. En 1963, il devient membre à 19 ans du parti social-démocrate SPD impressionné par la personnalité d’Helmut Schmidt. Lorsque ce dernier devient chancelier, à partir de 1974, Gerhard Schröder, patron des jeunes socialistes, plus à gauche, mène la vie dure à son aîné, critiqué pour être un froid gestionnaire. Le jeune ambitieux a plus de points communs avec Willy Brandt, un bon vivant, amateur de vin rouge et de femmes, un rhétoricien brillant qui fait vibrer les foules. Comme Brandt, Schröder cultive ses relations avec les intellectuels, se veut un ami des arts notamment de la peinture. Il a crée un poste de ministre de la culture qui n’existait pas avant lui.
Gerhard Schröder, le fils du peuple, a pris sa revanche. Lui qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche peut briller aux côtés des grands ou des moins grands esprits. Et le fils d’une femme de ménages apprécie la compagnie des capitaines d’industrie. Son flirt avec Ferdinand Piech, l’ex-patron de Volkswagen, est un bon exemple de la revanche sociale de Schröder. En tant que ministre-président de la région de Basse-Saxe de 1990 à son élection huit ans plus tard, il est en tant qu’actionnaire membre du conseil de surveillance de la firme automobile.
Un bateleur doué
Avant d’en arriver là, l’actuel chancelier doit encore et toujours affronter de nombreux obstacles. Pour conquérir sa région d’origine, terre traditionnellement conservatrice. Pour être le candidat de son parti à la chancellerie. Après un premier échec, il est investi en 1998 et met fin au règne de seize ans du démocrate-chrétien Helmut Kohl. Celui qui d’après la légende avait quelques années auparavant après une soirée arrosée secoué les grilles de la chancellerie en déclarant qu’il voulait y entrer a atteint son but.
Avec Gerhard Schröder au pouvoir, c’est d’abord un changement de style qui frappe. L’homme est une «bête médiatique», un bateleur doué qui séduit –plus que son parti. Il a donné une image plus détendue de son pays. Schröder a abusé de ses talents au début posant avec un Cohiba dans ses costumes italiens et donnant la réplique dans des émissions de variété. Il profite aujourd’hui toujours de ces qualités, son come-back dans les sondages le montre. Mais Schröder a gagné en stature avec les conflits dans les Balkans et l’intervention en Afghanistan auxquelles l’Allemagne a participé. Une première historique que la gauche pouvait mieux que les conservateurs imposer au pays. Le self made man sûr de lui même défend également sans complexes les intérêts de l’Allemagne.
Des réformes de société marquent l’ère Schröder comme le droit de la nationalité, la loi sur l’immigration, le mariage homosexuel ou l’arrêt du nucléaire. Une réforme fiscale longtemps attendue sous son prédecesseur a été votée , l’endettement de l’Etat recule, un financement complémentaire privé des retraites a été introduit.
Mais le social-démocrate Schröder a échoué là où on l’attendait, sur le dossier du chômage. Il avait promis de réduire le nombre de sans-emploi à 3,5 millions. Ils sont aujourd’hui quatre millions autant qu’à son arrivée au pouvoir à l’automne 1998.
par Pascal THIBAUT
Article publié le 18/09/2002