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Côte d''Ivoire

Incertitudes à Bouaké

Français et Américains renforcent leur présence en Côte d’Ivoire, prêts à rapatrier les leurs en cas de besoin. Sur le terrain militaire, des informations concordantes font état d’intenses combats autour et à l’intérieur de Bouaké, entre les forces loyalistes et les mutins, qui tiennent toujours la ville.
D’intenses combats ont été signalés à l’est de Bouaké pour le contrôle de l’école militaire des sous-officiers, le 24 septembre, tombée aux mains des forces gouvernementales. Mais les mutins ont multiplié les attaques pour tenter de reprendre leurs positions ( Le témoignage d'un habitant de Bouaké joint mardi soir par Cyril Bensimon). Malgré cette avancée de l’armée loyaliste, la ville de Bouaké reste toujours aux mains des insurgés. Les populations civiles restent prisonnières de cette ville, cloîtrées chez elles. Les expatriés attendent d’être informés sur leur éventuelle évacuation. Dans un hôtel de la ville, des footballeurs de plusieurs équipes nationales, Gambie, Sénégal, et de la Sierra Leone, venues participer à un tournoi de l’UFOA (Union des fédérations ouest africaines de football), sont toujours bloquées.

Quant aux populations d’expatriés, plus de 600 Français et environ 200 Américains, elles sont informées des dispositions prises pour voler à leur secours. Le détachement de soldats français qui avait pris position auprès à l’aéroport de Yamoussoukro, fait aujourd’hui mouvement vers Bouaké, pour se rapprocher davantage des zones de combat. Selon l’état-major des armées françaises, il n’est nullement question d’apporter un appui aux forces loyalistes, mais plutôt de déterminer la meilleure position possible pour assurer l’évacuation des Français pris au piège des combats à Bouaké. Aucune énumération précise des hommes et matériels déployés n’est donnée par l’état major des armées françaises, mais selon le correspondant de l’AFP, il y aurait à Yamoussoukro des avions de transport Transall, des hélicoptères de transport Cougar et des véhicules blindés armés de canon de 90 mm. L’armée française annonce, par ailleurs, l’envoi de soldats du 1er Régiment de chasseurs parachutistes, actuellement basés à Libreville au Gabon.

Du côté américain, deux équipes, l’une militaire et l’autre diplomatique sont arrivées à Abidjan pour organiser une éventuelle évacuation de leurs ressortissants, essentiellement des élèves d’une école religieuse chrétienne basée à Bouaké. Parmi les pensionnaires de cette école on compte également des Canadiens et des Néerlandais. Le commandement européen des forces américaines (SACEUR) a confirmé l’envoi en Côte d’Ivoire des troupes américaines. Environ 200 soldats américains partis d’Allemagne sont arrivés à Accra au Ghana. Un détachement dont le nombre reste indéterminé serait déjà sur le sol ivoirien.

La CEDEAO offre ses services

Sur le terrain diplomatique, les espoirs d’un mini sommet qui réunirait le 26 septembre à Marrakech, le roi Mohammed VI du Maroc et les présidents du Gabon, du Sénégal, du Togo, du Mali, du Burkina Faso et du Congo se sont évanouis. On impute aux autorités ivoiriennes les raisons de cet échec. En effet, à l’annonce de cette initiative du président Bongo et du roi Mohammed VI, les autorités ivoiriennes ont immédiatement exprimé leurs réserves, avant de faire comprendre à leurs hôtes qu’elles ne participeraient pas à cette réunion. L’absence du principal concerné enlève à cette rencontre toute sa valeur. C’est pourquoi la CEDEAO, (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) prend immédiatement la main, par le biais de son président en exercice, le Sénégalais Abdoulaye Wade, qui convoque une réunion de l’organisation à Dakar, le 28 septembre.

Le gouvernement ivoirien qui organise la riposte militaire, se lance aussi dans une accusation directe de ses voisins. Selon les autorités ivoiriennes, la Sierra Leone, le Libéria ou encore le Burkina Faso seraient impliqués dans cette tentative de coup d’Etat. La réaction du gouvernement burkinabé a été immédiate. Il réclame la composition d’une commission internationale d’enquête, signalant, par ailleurs, les multiples agressions dont seraient déjà victimes ses ressortissants. Les autorités libériennes craignent aussi pour la sécurité de leurs ressortissants et rejettent les accusations du gouvernement ivoirien.



par Didier  Samson

Article publié le 25/09/2002