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Côte d''Ivoire

L’heure de la diplomatie ?

Un sommet africain consacré à la situation en Côte d’Ivoire aura lieu jeudi au Maroc. Sur le terrain, les mutins tiennent une grande partie du nord du pays alors que les troupes françaises stationnent à Yamoussoukro pour «garantir la sécurité des ressortissants étrangers».
La nuit a finalement été calme à Bouaké après que des tirs ont été entendus lundi en début de soirée. Selon certaines informations, les forces gouvernementales semblent avoir lancé une courte offensive contre une école de sous-officiers localisée à l’est de la ville. Des tirs nourris ont en tout cas été entendus pendant plusieurs dizaines de minutes avant que le calme ne revienne. Dans les heures qui ont précédé, la situation était calme mais tendue dans la ville tenue par les mutins. Les habitants évitent de sortir dans la rue et se contentent de faire rapidement quelques achats tôt dans la matinée.

Lundi soir également, des tirs ont été entendus dans la ville de Kerkessédougou, à l’est de Korhogo, sans qu’il soit possible d’identifier précisément l’origine et la cible de ces tirs. Toujours dans le nord du pays, les insurgés ont pris le contrôle de Niellé où ils ont pillé un dépôt d’armes. La ville est située à une centaine de kilomètres au nord de Korhogo, non loin de la frontière malienne. En prenant le contrôle de cette localité, les mutins évitent aussi d’être pris en tenaille, comme l’explique l’envoyé spécial de RFI à la frontière ivoiro-malienne ( le reportage de Serge Daniel).

Toujours dans le nord du pays, à la frontière du Burkina Faso, l’envoyé spécial de RFI, Alpha Barry, a pu constater que du côté ivoirien de la frontière, les postes-frontière étaient désertés. Ni policiers, ni douaniers en vue depuis le déclenchement des affrontements à Abidjan et Bouaké ( le reportage d'Alpha Barry). La fermeture de la frontière entre les deux pays a été annoncée dans la journée de lundi.

Tirs sporadiques et barrages

A Korhogo, des tirs sporadiques ont pu être entendus au cours de la journée d’hier. Toutefois, un certain calme semble régner dans les rues de la ville. Des barrages ont été érigés par les mutins, mais si l’on en croit des habitants joints par RFI, les civils peuvent vaquer à leurs occupations ( le témoignage recueilli par Carine Frenk).

Actuellement, c’est donc une grande partie du nord de la Côte d’Ivoire qui est passée sous le contrôle des groupes de mutins. Des insurgés auxquels le premier ministre demande sur RFI de «déposer les armes» et de «regagner leurs casernes» ( Pascal Affi N'Guessan sur RFI avec Cyril Bensimon). Le chef du gouvernement demande également aux insurgés de prendre leurs distances avec ceux «qui les manipulent» ( Pascal Affi N'Guessan sur RFI avec Cyril Bensimon).

A Yamoussoukro, le détachement de soldats français arrivé lundi a pris ses quartiers sur l’aéroport de la ville. Officiellement, la mission des soldats français, dont les activités sont largement couvertes par les médias, est officiellement de garantir la protection des ressortissants français et étrangers présents dans le nord de la Côte d’Ivoire comme l’indique l’envoyée spéciale de RFI à Yamoussoukro ( le reportage de Virgine Gomez).
Alors que la situation semble quelque peu s’enliser sur le terrain, le président gabonais, Omar Bongo, met sur pied un mini-sommet régional consacré à la crise ivoirienne. On ignore toutefois si Laurent Gbagbo sera présent lors de cette rencontre qui aura lieu à Marrakech jeudi et qui réunira autour du roi Mohammed VI et d’Omar Bongo, les chefs d’Etat du Sénégal, du Togo, du Burkina Faso, du Congo et du Mali, comme le rapporte l’envoyée spéciale de RFI à Rabat ( le reportage de Mouna El Banna).

Par ailleurs, le chef de l’Etat sénégalais a dépêché une «mission» en Côte d’Ivoire dirigée par son directeur de cabinet. Cette «mission» est attendue ce mardi à Abidjan. Elle doit également se rendre au Burkina Faso.
A Abidjan, des informations non confirmées font état de l’enlèvement de plusieurs responsables politiques. Sur RFI, Fatou Coulibaly, la compagne d’Ali Keita, le porte-parole adjoint du RDR d’Alassane Ouattara, explique qu’elle craint pour la vie de son compagnon «qui a été enlevé par l’armée» ( Fatou Coulibaly jointe par Cyril Bensimon). La situation inquiète en tout cas les organisations de défense des droits de l’homme. Amnesty international met en garde les autorités contre «les règlements de compte et les dérives xénophobes». Pour sa part, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme réclame «l’organisation d’une commission d’enquête internationale qui devra faire la lumière sur les violations des droits de l’homme commises ces derniers jours».

Enfin, une nouvelle radio internationale a vu ses émissions en FM interropues en Côte d’Ivoire. Après RFI et la BBC, c’est Africa n°1 qui est touchée. Les auditeurs de RFI peuvent retrouver nos émissions en ondes courtes (toutes les fréquences de RFI en ondes courtes).



par Philippe  Couve

Article publié le 24/09/2002