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Côte d''Ivoire

Négociation ou affrontement ?

C’est toujours l’incertitude qui domine ce lundi dans le traitement de la crise ivoirienne. On ignore notamment comment les autorités veulent dénouer la crise, par la négociation ou par les armes. Paris a envoyé des renforts en Côte d’Ivoire pour assurer la sécurité de ses ressortissants. Un détachement de militaires français est stationné depuis la nuit dernière sur l’aéroport de Yamoussoukro, à moins de deux cents kilomètres de Bouaké, toujours tenue par les «mutins».
Au cinquième jour de la mutinerie, tous les regards se tournent vers le Nord. La semaine qui démarre sera décisive. Les autorités semblent bien déterminées à se lancer à la reconquête de Bouaké et Korhogo, les deux villes toujours contrôlées par les mutins. Ces derniers n’ont pas modifié leurs positions depuis le début de leur action, jeudi à l’aube : ils veulent obtenir l’assurance qu’ils ne seront pas démobilisés. Ils affirment n’avoir rien à voir avec le défunt général Robert Gueï, accusé par les autorités d’être à l’origine de la présumée tentative de coup d’état. Mais, selon leur porte-parole interrogé sur nos antennes, aucune négociation n’a été nouée avec les autorités, qui continuent d’exiger leur désarmement en préalable, ce qu’ils refusent. En revanche ils affirment avoir repoussé un assaut de la garde présidentielle au cours de la nuit dernière.

Pourtant de nombreuses voix s’élèvent, dans le pays et à l’extérieur, pour inciter à la discussion. L’ancien chef d’Etat, Henri Konan Bédié a appelé à la négociation. Hors de Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, président en exercice de la CEDEAO, affirmait lundi matin sur RFI (écouter «l’invité Afrique») que la France mène actuellement une mission de dialogue qu’il encourage. Paris est d’ailleurs sur cette longueur d’onde et a pris position en faveur d’une solution négociée. De son côté le président malien a annoncé la disponibilité de son pays «pour les missions de paix et de médiation dans (la) sous-région (…)».

Soldats français à Yamoussoukro

C’est dans ce contexte que des soldats français son arrivés au cours de la nuit à Yamoussoukro, au nord d’Abidjan, à moins de deux cents kilomètres de Bouaké. Leur convoi est composé d’une centaine de véhicules et ils ont pour mission d’assurer, si nécessaire, la protection des expatriés français et d’autres membres de la communauté internationale (notamment des Américains résidents dans cette localité), voire de les mettre en sécurité. L’état-major français insiste sur cette dimension de la mission de ses soldats et se défend de toute forme d’ingérence dans le conflit. Six cents français résident à Bouaké et quatre-vingts à Korhogo, sur un total de vingt mille dans le pays.

Le conflit s’est compliqué d’une dimension internationale. La frontière terrestre ivoiro-malienne a été fermée à Pogo, attaquée dimanche par des soldats mutins, selon des témoignages rapportés par l’AFP. Des sources diplomatiques, citées par l’agence Reuters, font état de rebelles s’exprimant en anglais, originaires du Liberia. Enfin rappelons qu’au lendemain du début de la mutinerie le ministre de la Défense avait mis en cause un pays voisin, le Burkina, soupçonné de longue date d’abriter des forces dissidentes. Dans les heures qui suivirent, à Abidjan, des habitations de ressortissants burkinabé étaient incendiées dans les quartiers populaires. Selon eux, les forces de l’ordre, et plus précisément la gendarmerie, sont à l’origine de ces violences qui ont provoqué la fuite de plusieurs milliers de personnes. La Croix rouge internationale déclare accueillir 1450 déplacés. Dans un communiqué, «le CICR rappelle à tous les porteurs d’armes qu’ils ont obligation de respecter les principes fondamentaux du droit humanitaire».

La télévision publique ivoirienne annonce que, depuis jeudi, il y a eu deux-cent soixante-dix morts et trois cents blessés. Le président Laurent Gbagbo a décrété la prolongation du couvre-feu «sur l’ensemble du territoire national» jusqu’au 29 septembre.

Ecouter également:

Les militaires français sont partis à Yamoussoukro, Virginie Gomez (23/09/2002, 0'45")

La situation à Abidjan, Claude Cirille (23/09/2002, 1'07")

La situation à la frontière malienne, Serge Daniel (23/09/2002, 0'58")

Sergent Akei, porte parole des mutins de Bouaké au micro d'Alexandra Brangeon (23/09/2002, 0'45")

Le président Gbagbo à la télévision (20/09/2002, 0'59")



par Georges  Abou

Article publié le 23/09/2002 Dernière mise à jour le 22/09/2002 à 22:00 TU