Côte d''Ivoire
La crise déborde les frontières
La tension a ravivé les antagonismes régionaux. La situation entre Yamoussoukro et Ouagadougou s’est considérablement dégradée au cours de ces derniers jours. Le président en exercice de la CEDEAO tente une médiation. Abdoulaye Wade appelle à la réunion d’un sommet dans les plus brefs délais. Il pourrait se tenir «vers le 4 octobre»
La crise a pris une tournure régionale inquiétante avec la dénonciation des voisins de la Côte d’Ivoire pour leur rôle, réel ou supposé, dans les événements. Dès les premiers jours qui ont suivi le déclenchement des hostilités il a été question du soutien apporté aux mutins du Nord par des éléments anglophones, désignés comme des mercenaires libériens. D’autre part, de très longue date, la Côte d’Ivoire et le Burkina entretiennent des relations fondées sur la méfiance réciproque. Celles-ci se sont encore détériorées au cours de l’été dernier après l’assassinat à Ouagadougou de l’ancien ministre ivoirien Balla Keita. La mutinerie (ou la tentative de coup d’Etat du 19 septembre) n’a fait qu’envenimer une situation qui ne demandait qu’à se détériorer. Un contexte propice, donc, à désigner le chef de l’Etat burkinabé comme «le seul et unique agent déstabilisateur» du pays, selon le quotidien ivoirien «Notre Voie», journal du Front populaire ivoirien, le parti du président Gbagbo.
De très graves accusations pèsent sur les autorités de Ouagadougou. Il a également été question, en effet, dans les premières heures de la crise, d’une colonne de véhicules tout-terrain tentant de franchir la frontière nord du pays. Et les premiers règlements de compte à Abidjan, une fois l’ordre constitutionnel rétabli, ont visé la communauté burkinabé de la capitale économique. La tension a pris un tour plus institutionnel depuis mardi avec, à l’initiative de la Côte d’Ivoire, la coupure des communications téléphoniques avec le voisin et, à l’initiative du Burkina, la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays. Le Burkina rejette toutes les accusations et hausse le ton à son tour. Son ambassadeur a transmis aux autorités ivoiriennes une lettre de protestation pour le traitement infligé à ses concitoyens expatriés. «Nous ne pourrons pas assister indéfiniment à des exactions contre nos populations», a indiqué le ministre burkinabé de la Sécurité dans une déclaration recueillie par l’agence Reuters.
Réunir tous les acteurs
Face à une telle dégradation, qui déborde le stricte cadre intérieur du pays, la communauté internationale manifeste évidemment une vive inquiétude. L’Union africaine exprime «sa grave préoccupation» et encourage les initiatives régionales. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest a fait le voyage d’Abidjan et a été reçu en audience par le président Gbagbo à qui il a fait part de la préoccupation des Nations unies. Mais c’est vers l’organisation sous-régionale CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) que se tournent désormais les regards. Après l’annulation du sommet de Marrakech, qui devait avoir lieu jeudi à l’initiative du président du Gabon et du roi du Maroc, une réunion «imminente» doit se tenir.
L’organisation dispose des outils nécessaires pour intervenir dans les conflits armés qui déchirent ses Etats-membres. Mais il n’est pas encore certains que son autorité en l’occurrence soit reconnue et acceptée par les parties, et notamment par la Côte d’Ivoire dont le chef de l’Etat n’a pas encore confirmé sa participation. Le président Abdoulaye Wade du Sénégal va donc consacrer les heures qui viennent à user de son influence pour ramener tout le monde autour du tapis vert et éloigner le spectre d’une irrémédiable dégradation de la situation qui pourrait conduire deux Etats de la sous-région à un conflit aux conséquences imprévisibles. Il a dépêché son chef de cabinet dans les deux capitales concernées. La France réitère son appel au dialogue et exprime son soutien à l’initiative de la CEDEAO. De sources diplomatiques sénégalaises, la réunion pourrait avoir lieu «vers le 4 octobre».
De très graves accusations pèsent sur les autorités de Ouagadougou. Il a également été question, en effet, dans les premières heures de la crise, d’une colonne de véhicules tout-terrain tentant de franchir la frontière nord du pays. Et les premiers règlements de compte à Abidjan, une fois l’ordre constitutionnel rétabli, ont visé la communauté burkinabé de la capitale économique. La tension a pris un tour plus institutionnel depuis mardi avec, à l’initiative de la Côte d’Ivoire, la coupure des communications téléphoniques avec le voisin et, à l’initiative du Burkina, la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays. Le Burkina rejette toutes les accusations et hausse le ton à son tour. Son ambassadeur a transmis aux autorités ivoiriennes une lettre de protestation pour le traitement infligé à ses concitoyens expatriés. «Nous ne pourrons pas assister indéfiniment à des exactions contre nos populations», a indiqué le ministre burkinabé de la Sécurité dans une déclaration recueillie par l’agence Reuters.
Réunir tous les acteurs
Face à une telle dégradation, qui déborde le stricte cadre intérieur du pays, la communauté internationale manifeste évidemment une vive inquiétude. L’Union africaine exprime «sa grave préoccupation» et encourage les initiatives régionales. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest a fait le voyage d’Abidjan et a été reçu en audience par le président Gbagbo à qui il a fait part de la préoccupation des Nations unies. Mais c’est vers l’organisation sous-régionale CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) que se tournent désormais les regards. Après l’annulation du sommet de Marrakech, qui devait avoir lieu jeudi à l’initiative du président du Gabon et du roi du Maroc, une réunion «imminente» doit se tenir.
L’organisation dispose des outils nécessaires pour intervenir dans les conflits armés qui déchirent ses Etats-membres. Mais il n’est pas encore certains que son autorité en l’occurrence soit reconnue et acceptée par les parties, et notamment par la Côte d’Ivoire dont le chef de l’Etat n’a pas encore confirmé sa participation. Le président Abdoulaye Wade du Sénégal va donc consacrer les heures qui viennent à user de son influence pour ramener tout le monde autour du tapis vert et éloigner le spectre d’une irrémédiable dégradation de la situation qui pourrait conduire deux Etats de la sous-région à un conflit aux conséquences imprévisibles. Il a dépêché son chef de cabinet dans les deux capitales concernées. La France réitère son appel au dialogue et exprime son soutien à l’initiative de la CEDEAO. De sources diplomatiques sénégalaises, la réunion pourrait avoir lieu «vers le 4 octobre».
par Georges Abou
Article publié le 25/09/2002