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Etats-Unis

Bush demande carte blanche au Congrès sur l’Irak

Consciente que l’action engagée auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour le vote d’une nouvelle résolution contre Bagdad risque de s’enliser, l’administration américaine s’est tournée vers le Congrès pour obtenir carte blanche en cas d’intervention militaire contre l’Irak. Les élus américains pourraient très vite apporter formellement leur soutien au président Bush et ceci avant la fin de la session parlementaire prévue début octobre. De nombreux députés sont en effet agacés par la place accordée à l’Irak à la veille des législatives partielles du 5 novembre prochain où la majorité du Sénat et de la Chambre des représentants est en jeu.
Le président Bush, a annoncé jeudi, à l’issue d’une réunion avec son vice-président Dick Cheney et son secrétaire d’Etat Colin Powell, que les Etats-Unis agiront pour désarmer l’Irak avec ou sans l’aval de l’ONU. «Si les Nations unies ne s’attaquent pas au problème, a-t-il notamment affirmé, alors nous le ferons avec certains de nos alliés». George Bush a également confirmé qu’il allait soumettre au vote du Congrès une résolution l’autorisant à utiliser les forces armées américaines contre l’Irak,si nécessaire. «Si vous voulez maintenir la paix, a-t-il déclaré, vous devez pouvoir utiliser la force». Il a précisé qu’il s’agissait de l’unique manière de montrer à Saddam Hussein la détermination des Etats-Unis.

Le secrétaire à la Défense Ronald Rumsfeld avait déjà entamé la veille une série d’auditions publiques au Congrès pour convaincre les parlementaires de la nécessité de donner carte blanche au président pour un recours éventuel à la force contre l’Irak. «Aucun Etat terroriste ne pose de menace plus grave et plus immédiate pour la sécurité de notre peuple et la stabilité du monde que le régime irakien de Saddam Hussein», a-t-il notamment affirmé devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants. «Ceci est un moment décisif pour notre pays et pour le monde», a également insisté M. Rumsfeld, en soulignant que la détermination des Etats-Unis était mise à l’épreuve.

Le secrétaire à la Défense a par ailleurs rappelé que l’objectif central de l’administration américaine était bien le désarmement de l’Irak. Il a pressé les parlementaires de comparer les risques d’une intervention préventive à ceux présentés par des attaques terroristes commises avec des armes de destruction massive. «Aujourd’hui, leur a-t-il asséné, notre tâche, celle du président, du Congrès et des Nations unies est d’anticiper des attaques beaucoup plus meurtrières avant qu’elles ne se produisent». Donald Rumsfeld a également mis en doute la capacité des inspecteurs en désarmement de l’ONU à localiser et détruire les armes irakiennes de destruction massive. «L’Irak est passé maître dans l’art de la tromperie», a-t-il souligné.

Agacement de nombreux députés

La place accordée ses dernières semaines au dossier irakien agace au plus haut de nombreux députés démocrates. Il s’inquiètent en effet, qu’à la veille d’échéances électorales cruciales qui pourraient faire basculer la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, des sujets comme les problèmes économiques ou les sandales financiers très néfastes aux républicains, ne soient relégués au second plan. Tom Daschle, le leader de la majorité démocrate au sénat, a ainsi accusé le président Bush d’avoir placé l’Irak dans le contexte électoral en affirmant que les électeurs américains étaient en droit de connaître la position des élus sur ce dossier. Plus direct, le sénateur Richard Durbin a déclaré pour sa part que «la stratégie de la Maison Blanche était d’avoir une confrontation sur l’Irak avec les démocrates du Congrès avant les élections». Pour lui en effet, l’administration Bush «espère que cela favorisera les candidats républicains et jouera contre les démocrates».

Très réticents il y a encore quelques jours à une intervention militaire contre l’Irak, les démocrates semblent aujourd’hui prêts à soutenir George Bush. Et si après le discours du président américain devant l’Assemblée générale de l’ONU, le démocrate Tom Daschle avait affirmé que ce dernier «n’avait pas encore démontré la nécessité d’une action militaire préventive contre Bagdad», il apparaît désormais acquis que la résolution de l’administration américaine sur l’Irak sera largement voté par le Congrès.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 19/09/2002