Immigration
Comment Hamid et Malika ont été privés de mariage
Le mariage de Malika et d’Hamid n’a pas eu lieu. Après deux tentatives en deux semaines, les tourtereaux en sont toujours au même point : célibataires. Car le maire de Valence, la ville de la Drôme dans laquelle réside la promise depuis 12 ans, a refusé d’unir la jeune femme avec son fiancé, un Marocain détenteur d’un visa touristique expiré, donc en situation irrégulière. D’une histoire d’amour, on est passé à une guerre administrative menée à grand renfort de forces de l’ordre.
Tout a commencé lorsqu’ils étaient enfants. Malika aimait Hamid qui aimait Malika. Ils vivaient tous les deux au Maroc. Mais la vie les a séparés. Malika s’est mariée, a eu deux enfants, et s’est installée en France dans la bonne ville de Valence. Divorcée, elle a retrouvé Hamid durant ses séjours au Maroc où il est employé dans l’industrie informatique. Ils ont décidé de se marier… en France.
Hamid a donc fait le voyage vers l’Hexagone avec un visa touristique d’un mois. Arrivé le 10 août, il aurait dû repartir le 10 septembre. Un délai trop court pour faire aboutir les démarches administratives. D’autant que les autorités ont lancé la procédure habituelle d’enquête pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un mariage blanc. Ce qui a, d’après les avocats du couple, été établi sans ambiguïté. Le mariage a donc été fixé au 14 septembre. Quatre jours après l’expiration du visa.
C’est pour cette raison que lorsque les fiancés se sont rendus à la marie, Patrick Labaune, premier magistrat (UMP), a simulé un malaise et a laissé tout le monde en plan pendant trois heures dans une salle des mariages remplie par la famille et les amis de Malika et Hamid. Tant et si bien, que ces derniers sont repartis sans être unis et en se disant que le mariage n’est décidément pas un long fleuve tranquille.
«Au nom de la loi, on ne pouvait pas les marier»
Le maire a ensuite confirmé qu’il ne voulait pas célébrer ce mariage en raison de la situation irrégulière dans laquelle se trouvait le fiancé. «Au nom de la loi, on ne pouvait pas les marier», a-t-il expliqué dans un premier temps. Il est même allé jusqu’à démissionner de son poste avec tout son conseil municipal lorsque le préfet, Christian Decharrière (ancien membre du cabinet de Daniel Vaillant lorsqu’il était ministre de l’Intérieur), informé de cette affaire, a décidé d’accorder à Hamid Bennaghmouch un délai d’une semaine pour lui laisser le temps de se marier avant de rentrer dans son pays. Mais la résistance du maire a incité le préfet à revenir sur sa première décision et à ordonner finalement que le fiancé soit reconduit à la frontière sans attendre la deuxième cérémonie, fixée entre-temps au 21 septembre.
Face à ce blocage administratif, les fiancés ont essayé de plaider leur cause. Hamid s’est expliqué auprès de plusieurs organes de presse sur ses intentions. «Je ne suis pas caché, ni en fuite car je n’ai rien fait de mal. Je voudrais seulement me marier avec Malika, que j’aime trop. Je l’aime depuis mon enfance». Ces arguments n’ont pas attendri Patrick Labaune pour lequel ils «auraient mieux fait de se marier dans leur pays, sans toutes ces complications».
Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore souvent et les deux amoureux sont allés jusqu’au bout de leur tentative de mariage, décidément vouée à l’échec sous les cieux de Valence. La mariée s’est faite belle une deuxième fois, mais d’une robe blanche elle est passée à une tenue noire, symbolique, pour se rendre à la mairie où se trouvait un adjoint de Patrick Labaune, chargé d’expédier les affaires courantes et paré d’un étrange ornement : une pancarte sur laquelle était inscrit «adjoint démissionnaire». Histoire de bien montrer l’état d’esprit de l’équipe municipale. Une scène tragi-comique qui s’est déroulée dans une mairie cernée de policiers, postés là pour intercepter le futur marié dès qu’il se présenterait, et au milieu d’une foule de deux cents personnes venues soutenir les époux contrariés. Le décor était planté et tous les ingrédients d’une farce médiatico-matrimoniale étaient réunis.
S’en sont suivies quelques échauffourées quand la police a tenté d’intercepter un homme masqué qui arrivait, croyant qu’il s’agissait d’Hamid Bennaghmouch. Deux personnes ont été blessées. Au lieu d’une cérémonie, on a assisté à une mascarade aux allures de manifestation, suivie d’une fuite de la promise émue par tant de bouleversements et si peu de serments. Quant au fiancé, il a renoncé plutôt que de se faire arrêter. Mais cette affaire a pris des proportions médiatiques. L’Association de solidarité avec les travailleurs immigrés (ASTI) a apporté son soutien au couple. Et ses avocats ont décidé d’engager une procédure pour «voie de fait» contre le maire de Valence qui n’avait pas le droit de refuser de marier Malika et Hamid et a usé d’un subterfuge pour ne pas le faire.
Hamid a donc fait le voyage vers l’Hexagone avec un visa touristique d’un mois. Arrivé le 10 août, il aurait dû repartir le 10 septembre. Un délai trop court pour faire aboutir les démarches administratives. D’autant que les autorités ont lancé la procédure habituelle d’enquête pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un mariage blanc. Ce qui a, d’après les avocats du couple, été établi sans ambiguïté. Le mariage a donc été fixé au 14 septembre. Quatre jours après l’expiration du visa.
C’est pour cette raison que lorsque les fiancés se sont rendus à la marie, Patrick Labaune, premier magistrat (UMP), a simulé un malaise et a laissé tout le monde en plan pendant trois heures dans une salle des mariages remplie par la famille et les amis de Malika et Hamid. Tant et si bien, que ces derniers sont repartis sans être unis et en se disant que le mariage n’est décidément pas un long fleuve tranquille.
«Au nom de la loi, on ne pouvait pas les marier»
Le maire a ensuite confirmé qu’il ne voulait pas célébrer ce mariage en raison de la situation irrégulière dans laquelle se trouvait le fiancé. «Au nom de la loi, on ne pouvait pas les marier», a-t-il expliqué dans un premier temps. Il est même allé jusqu’à démissionner de son poste avec tout son conseil municipal lorsque le préfet, Christian Decharrière (ancien membre du cabinet de Daniel Vaillant lorsqu’il était ministre de l’Intérieur), informé de cette affaire, a décidé d’accorder à Hamid Bennaghmouch un délai d’une semaine pour lui laisser le temps de se marier avant de rentrer dans son pays. Mais la résistance du maire a incité le préfet à revenir sur sa première décision et à ordonner finalement que le fiancé soit reconduit à la frontière sans attendre la deuxième cérémonie, fixée entre-temps au 21 septembre.
Face à ce blocage administratif, les fiancés ont essayé de plaider leur cause. Hamid s’est expliqué auprès de plusieurs organes de presse sur ses intentions. «Je ne suis pas caché, ni en fuite car je n’ai rien fait de mal. Je voudrais seulement me marier avec Malika, que j’aime trop. Je l’aime depuis mon enfance». Ces arguments n’ont pas attendri Patrick Labaune pour lequel ils «auraient mieux fait de se marier dans leur pays, sans toutes ces complications».
Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore souvent et les deux amoureux sont allés jusqu’au bout de leur tentative de mariage, décidément vouée à l’échec sous les cieux de Valence. La mariée s’est faite belle une deuxième fois, mais d’une robe blanche elle est passée à une tenue noire, symbolique, pour se rendre à la mairie où se trouvait un adjoint de Patrick Labaune, chargé d’expédier les affaires courantes et paré d’un étrange ornement : une pancarte sur laquelle était inscrit «adjoint démissionnaire». Histoire de bien montrer l’état d’esprit de l’équipe municipale. Une scène tragi-comique qui s’est déroulée dans une mairie cernée de policiers, postés là pour intercepter le futur marié dès qu’il se présenterait, et au milieu d’une foule de deux cents personnes venues soutenir les époux contrariés. Le décor était planté et tous les ingrédients d’une farce médiatico-matrimoniale étaient réunis.
S’en sont suivies quelques échauffourées quand la police a tenté d’intercepter un homme masqué qui arrivait, croyant qu’il s’agissait d’Hamid Bennaghmouch. Deux personnes ont été blessées. Au lieu d’une cérémonie, on a assisté à une mascarade aux allures de manifestation, suivie d’une fuite de la promise émue par tant de bouleversements et si peu de serments. Quant au fiancé, il a renoncé plutôt que de se faire arrêter. Mais cette affaire a pris des proportions médiatiques. L’Association de solidarité avec les travailleurs immigrés (ASTI) a apporté son soutien au couple. Et ses avocats ont décidé d’engager une procédure pour «voie de fait» contre le maire de Valence qui n’avait pas le droit de refuser de marier Malika et Hamid et a usé d’un subterfuge pour ne pas le faire.
par Valérie Gas
Article publié le 23/09/2002