Espagne
Rabat annule «<i>la rencontre de la réconciliation</i>» avec Madrid
Ce devait être la rencontre de la réconciliation entre Rabat et Madrid. La date avait d’ailleurs été fixée dès le 22 juillet dernier, au lendemain de la médiation du secrétaire d’Etat américain Colin Powell qui avait permis de mettre fin à la crise de l’îlot Persil/Leïla, point d’orgue de la tension entre les deux pays. Les deux ministres des Affaires étrangères avaient donc prévu à cette occasion d’annoncer une normalisation de leurs relations avec notamment le retour des ambassadeurs. Mais vingt-quatre heures à peine avant leur rencontre, un incident autour de l’îlot Persil/Leïla a remis en cause leurs discussions. La tension s’est par ailleurs de nouveau accrue ces derniers jours autour d’un autre dossier litigieux, celui des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla dont le Maroc réclame la souveraineté.
Les autorités marocaines sont catégoriques. Un hélicoptère de l’armée espagnole a bien atterri dimanche en début d’après-midi sur l’îlot Persil/Leïla. Et selon le ministère marocain des Affaires étrangères «il s’agit là d’un acte inacceptable par lequel l’Espagne viole, à nouveau, l’espace national aérien et terrestre». Un geste qui justifie largement, dans l’esprit du royaume, l’annulation de la rencontre prévue ce lundi à Madrid des chefs de la diplomatie des deux pays. Dans un communiqué les autorités marocaines on en effet vivement dénoncé «cet incident fort regrettable qui contredit de la manière la plus nette l’esprit et la lettre de l’accord intervenu entre les deux pays à la faveur de la médiation du secrétaire d’Etat Colin Powell». Elles s’interrogent également sur «les motivations réelles» de cette action «qui se intervient précisément à la veille de la rencontre à Madrid des chefs de la diplomatie des deux pays». Mohamed Benaïssa, le ministre marocain des Affaires étrangères a d’ailleurs transmis par téléphone à son homologue espagnole «les vives protestations du royaume».
Pourtant, à Madrid, Ana Palacio, la ministre espagnole des Affaires étrangères a affirmé qu’«aucun hélicoptère n’avait atterri sur l’îlot Persil/leïla». Selon elle en effet, «la marine espagnole a observé dimanche qu’une patrouille marocaine était plus près de l’îlot que d’habitude et a mis à l’eau un zodiac, avec trois personnes à bord, qui paraissaient se diriger» vers ce rocher inhabité. «Ce qui s’est alors passé est parfaitement compréhensible» a souligné Ana Palacio en indiquant qu’un hélicoptère avait été dépêché sur place pour vérifier que le statu quo sur l’îlot Persil/Leïla ne serait pas rompu. Il n’a fait que survoler le bout de rocher avant de repartir, a-t-elle précisé. Le gouvernement espagnol a par ailleurs démenti dans un communiqué officiel qu’il y ait eu une quelconque «violation de l’accord de maintien de statu quo conclu le 22 juillet dernier». Madrid, qui a manifesté sa surprise pour l’interprétation présentée par les autorités marocaines du survol de l’îlot, a également «regretté qu’elle ait été avancée par le ministre marocain pour suspendre sa visite à Madrid». Le gouvernement espagnol a également vivement souhaité qu’une nouvelle date soit fixée pour une rencontre en Espagne des chefs de la diplomatie des deux pays.
Tension accrue autour des enclaves de Ceuta et Melilla
aMoins diplomate, le ministre espagnol de la Défense Federico Trillo a accusé lundi Mohamed Benaïssa d’avoir «utilisé un incident mineur comme prétexte» pour annuler son voyage à Madrid. Il a même affirmé que cet incident avait été «provoqué par les Marocains». Le ministre a confirmé qu’«un hélicoptère avait bien réalisé un vol à basse altitude au-dessus de l’îlot, sans se poser à terre et sans faire aucune manœuvre qui pourrait être considérée, ni inamicale ni inhabituelle». Il a jugé la réaction marocaine «disproportionnée» et a déclaré «regretter» la suspension de la rencontre de Madrid.
Toute «disproportionnée» qu’elle puisse paraître, la réaction marocaine n’est pas étrangère au brusque regain de tension entre les deux pays autour du litigieux dossier de Ceuta et Melilla. Ana Palacio a en effet affirmé mardi dernier à la tribune des Nations unies que ces deux enclaves constituaient «une partie intégrante de l’Espagne et donc de l’Union européenne». «Je tiens à déclarer, avait souligné la ministre, que les citoyens de Ceuta et Melilla, au même titre que ceux des autres communautés espagnoles, sont représentés au Parlement avec les mêmes titres et dans les mêmes conditions». Ces déclarations avaient été très mal accueillies par les autorités marocaines qui ont une nouvelle fois réclamé le retour dans le giron du royaume de ces deux enclaves et des îles avoisinantes. Elles ont été d’autant plus mal perçues par Rabat que Madrid a parallèlement indiqué que des négociations étaient en cours avec les autorités britanniques pour un règlement du statut de Gibraltar dont l’Espagne espère bien obtenir la souveraineté.
La presse marocaine avait réagi la semaine dernière de façon très virulente aux propos de la ministre espagnole. Al Ittihad al Ichtiraki, le quotidien du parti du Premier ministre socialiste Abderrahmane Youssoufi, avait ainsi accusé l’Espagne de «se cacher derrière le manteau européen pour défendre une mentalité colonialiste obsolète», tandis qu’Al Alam, l’organe de l’Istiqlal qui fait partie également de la coalition gouvernementale, affirmait que «l’Espagne vit sous le règne d’Isabelle la Catholique et non pas du démocrate Juan Carlos». Ce regain de tension autour d’une question que Madrid refusait de mettre à l’ordre du jour de la rencontre entre les deux chefs de la diplomatie explique sans doute également le refus de Mohamed Benaïssa de se rendre à Madrid. Les relations entre les deux pays, qui n’ont cessé de se dégrader ses derniers mois risquent, d’avoir bien du mal à s’améliorer malgré la volonté affichée, réelle ou non, de l’Espagne de renouer des rapports de bon voisinage avec le Maroc.
Pourtant, à Madrid, Ana Palacio, la ministre espagnole des Affaires étrangères a affirmé qu’«aucun hélicoptère n’avait atterri sur l’îlot Persil/leïla». Selon elle en effet, «la marine espagnole a observé dimanche qu’une patrouille marocaine était plus près de l’îlot que d’habitude et a mis à l’eau un zodiac, avec trois personnes à bord, qui paraissaient se diriger» vers ce rocher inhabité. «Ce qui s’est alors passé est parfaitement compréhensible» a souligné Ana Palacio en indiquant qu’un hélicoptère avait été dépêché sur place pour vérifier que le statu quo sur l’îlot Persil/Leïla ne serait pas rompu. Il n’a fait que survoler le bout de rocher avant de repartir, a-t-elle précisé. Le gouvernement espagnol a par ailleurs démenti dans un communiqué officiel qu’il y ait eu une quelconque «violation de l’accord de maintien de statu quo conclu le 22 juillet dernier». Madrid, qui a manifesté sa surprise pour l’interprétation présentée par les autorités marocaines du survol de l’îlot, a également «regretté qu’elle ait été avancée par le ministre marocain pour suspendre sa visite à Madrid». Le gouvernement espagnol a également vivement souhaité qu’une nouvelle date soit fixée pour une rencontre en Espagne des chefs de la diplomatie des deux pays.
Tension accrue autour des enclaves de Ceuta et Melilla
aMoins diplomate, le ministre espagnol de la Défense Federico Trillo a accusé lundi Mohamed Benaïssa d’avoir «utilisé un incident mineur comme prétexte» pour annuler son voyage à Madrid. Il a même affirmé que cet incident avait été «provoqué par les Marocains». Le ministre a confirmé qu’«un hélicoptère avait bien réalisé un vol à basse altitude au-dessus de l’îlot, sans se poser à terre et sans faire aucune manœuvre qui pourrait être considérée, ni inamicale ni inhabituelle». Il a jugé la réaction marocaine «disproportionnée» et a déclaré «regretter» la suspension de la rencontre de Madrid.
Toute «disproportionnée» qu’elle puisse paraître, la réaction marocaine n’est pas étrangère au brusque regain de tension entre les deux pays autour du litigieux dossier de Ceuta et Melilla. Ana Palacio a en effet affirmé mardi dernier à la tribune des Nations unies que ces deux enclaves constituaient «une partie intégrante de l’Espagne et donc de l’Union européenne». «Je tiens à déclarer, avait souligné la ministre, que les citoyens de Ceuta et Melilla, au même titre que ceux des autres communautés espagnoles, sont représentés au Parlement avec les mêmes titres et dans les mêmes conditions». Ces déclarations avaient été très mal accueillies par les autorités marocaines qui ont une nouvelle fois réclamé le retour dans le giron du royaume de ces deux enclaves et des îles avoisinantes. Elles ont été d’autant plus mal perçues par Rabat que Madrid a parallèlement indiqué que des négociations étaient en cours avec les autorités britanniques pour un règlement du statut de Gibraltar dont l’Espagne espère bien obtenir la souveraineté.
La presse marocaine avait réagi la semaine dernière de façon très virulente aux propos de la ministre espagnole. Al Ittihad al Ichtiraki, le quotidien du parti du Premier ministre socialiste Abderrahmane Youssoufi, avait ainsi accusé l’Espagne de «se cacher derrière le manteau européen pour défendre une mentalité colonialiste obsolète», tandis qu’Al Alam, l’organe de l’Istiqlal qui fait partie également de la coalition gouvernementale, affirmait que «l’Espagne vit sous le règne d’Isabelle la Catholique et non pas du démocrate Juan Carlos». Ce regain de tension autour d’une question que Madrid refusait de mettre à l’ordre du jour de la rencontre entre les deux chefs de la diplomatie explique sans doute également le refus de Mohamed Benaïssa de se rendre à Madrid. Les relations entre les deux pays, qui n’ont cessé de se dégrader ses derniers mois risquent, d’avoir bien du mal à s’améliorer malgré la volonté affichée, réelle ou non, de l’Espagne de renouer des rapports de bon voisinage avec le Maroc.
par Mounia Daoudi
Article publié le 23/09/2002