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Mali

ATT reçoit les sans-papiers et négocie la dette

Amadou Toumani Touré, le président du Mali, achève le 12 septembre une visite officielle de quatre jours en France. Il rentre à Bamako, satisfait d’avoir abordé avec succès la délicate question de l’endettement de son pays, sans oublier celle des «sans papiers» maliens, vivant en France, pour laquelle il invite le ministre français de l’Intérieur à des discussions à Bamako.
Le président Amadou Toumani Touré a clôturé sa visite officielle de quatre jours en France, par une rencontre avec les journalistes au Centre d’accueil de la presse étrangère à Paris. Visiblement satisfait sa visite à Paris, il a remercié les autorités françaises d’avoir prêté une oreille attentive à toutes ses requêtes. En rappelant les liens historiques qui lient le Mali et la France, le président malien a beaucoup insisté sur des relations de réel partenariat qui doivent s’instaurer entre les deux pays. L’évocation des liens historiques n’est pas anodine de la bouche d’Amadou Toumani Touré, ATT comme on l’appelle familièrement. Auprès de Jacques Chirac il lie les intérêts des deux pays pour obtenir, d’une part, une remise de dettes publiques, avant de parler, d’autre part, de la question des sans-papiers maliens vivant en France.

ATT n’a pas fait de la question des sans-papiers, l’objet principal de sa visite en France. Préoccupé par les problèmes de développement, il cherche à en tirer des réponses, à long terme, en faveur des sans-papiers. La pauvreté étant la cause principale de d’exode des Maliens, selon l’analyse du président Amadou Toumani Touré, il a obtenu de ses interlocuteurs français l’engagement de discussions sur des programmes de développement. Jacques Chirac lui promet une remise de 40% sur la dette monétaire du Mali qui s’élève à 144 milliards de franc CFA. Un projet de construction de barrage sur le fleuve Niger est aussi à l’étude. Ce barrage qui sera implanté à Tosaye, dans le nord du Mali, permettra l’irrigation des terres et la sédentarisation des populations, et tout cela dans le but de mieux coloniser les terres pour mieux combattre l’avancée du Sahel.

Le développement avant tout

Premier producteur de coton, en Afrique subsaharienne au sud du Sahara, le Mali ne consomme pourtant qu’un pour cent de sa production annuelle qui s’élève à 570 000 tonnes. Avec les hommes d’affaires et industriels français, la délégation malienne conduite par le président de la République a conclu un accord de construction d’une usine de filature. L’exportation du coton «nous rapporte beaucoup, mais il serait bien qu’on n’importe pas entièrement les tissus qui servent à la confection de nos boubous» précise-t-il. Amadou Toumani Touré, qui a fait des questions de développement la principale raison de sa visite en France, a conclu ce chapitre par la volonté de son gouvernement de faire de l’éducation une des priorités de son quinquennat.

Interrogé sur le problème des sans-papiers, le président malien dit les avoir reçu, entendu et compris avant de surenchérir par une métaphore bien malienne: «l’âne ne met pas bas en public». Ainsi pour le président, certaines questions méritent d’être discutées à huis clos, avec beaucoup de dignité. «Je suis président de tous les Maliens qu’ils soient avec ou sans papiers, et je me dois de les protéger et de les défendre». ATT a aussi entendu les préoccupations françaises en matière d’immigration, mais souhaite également dire sa compréhension de la situation. Pour cela il invite Nicolas Sarkozy, ministre français de l’Intérieur à se rendre à Bamako, courant octobre. Ne commentant aucune déclaration des autorités françaises, parlant de «filières d’immigration positives», le président Amadou Toumani Touré affirme n’avoir discuté «du retour de personne» et n’avoir signé aucun accord dans ce domaine. La fermeté du ton du président malien qui donne rendez-vous à ses interlocuteurs français à Bamako, laisse deviner une profonde divergence de point de vue sur le traitement à apporter au problème de contrôle du flux migratoire ou le rapatriement des Maliens en situation irrégulière en France.



par Didier  Samson

Article publié le 12/09/2002