Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mali

Victoire du parti des abstentionnistes

Mobilisation extrêmement faible pour le premier des législatives maliennes. La participation n’atteint pas 20% dans nombre de circonscriptions. Une désaffection qui se double d’un éparpillement des voix qui devrait rendre difficile la constitution d’une majorité cohérente.
De notre correspondant à Bamako

Les dés sont jetés. Le grand vainqueur du premier tour des législatives du 14 juillet est connu. Son nom? Le parti de abstention. A Bamako, moins de 15% des 663000 électeurs inscrits dans la capitale ont voté. Dans 31 autres circonscriptions électorales sur les 55 que comptent le Mali, le taux de participation est inférieur à 20%. Bref ! Les électeurs ont boudé les urnes.

Parmi les causes de la désaffection des citoyens ont peut citer la saison pluvieuse, l’incapacité des politiciens de mobiliser, l’histoire de désamour entre la classe politique malienne et son électorat. «En fait, estime le sociologue Mamadou Coulibaly, il y a ceux qui pensent qu'une fois de président de la République élu, c'est terminé. D’autres, plus nombreux, ne sont pas du tout contents de la manière dont la dernière présidentielle s'est déroulée. Ils ont l'intime conviction qu'il n'y a pas eu transparence, d'où leur dégoût pour la chose politique».

500 000 voix annulées lors de la présidentielle, des résultats provisoires distillés à dose homéopathique, des candidats lésés, Mamadou Coulibaly ajoute :«il y a une autre raison. Les électeurs n'ont pas apprécié ce système de listes communes avec des alliances contre nature». En effet, au premier tour des législatives, on a retrouvé par exemple sur la même liste, des héritiers de l'ancien parti unique (MPR, Mouvement patriotique pour le renouveau) qui rappelle les années de plomb, et des partis du Mouvement démocratique.

«Quand j'ai vu ça, alors que les plaies ne se sont pas encore cicatrisées, j'ai dit adieux les urnes, je ne vais pas voter», explique à RFI une femme qui a perdu son enfant lors du soulèvement de mars 1991 qui en entraîné la chute du général Moussa Traoré.

L’Adéma en tête du premier tour

A l’issue du premier tour, seuls 23 sièges de députés sur les 147 que doit comporter la prochaine assemblée nationale ont été pourvus. Premier de la classe, l'Adéma (majorité parlementaire sortante) avec 10 députés élus dès le premier tour. Le parti qui à pour emblème une abeille remporte la quasi-totalité des sièges dans le Nord. Second avec 4 sièges, le Rassemblement pour le Mali (RPM) de l'ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) . Notons que IBK lui-même est élu triomphalement à Bamako. Suivent, avec respectivement trois et deux sièges, le Congrès d'initiative démocratique (CNID) dont le Président, Me Mountaga Tall est aussi élu et le BDIA, une formation née d'une scission avec l’Union Soudanaise, le parti du père de l'indépendance malienne, Modibo Kéita.

Inconnus ou presque au bataillon, les partisans déclarés du général-président Amadou Toumani Touré. Parmi la trentaine de partis qui l'ont soutenu dès le premier tour de la présidentielle, un seul, le BDIA enlève deux sièges de députés dans le nord du Mali. Commentaire de l’entourage du général «ATT» : «le président est au-dessus des partis, il ne soutient personne et il gouvernera avec la future majorité».

L'Adéma est en ballottage favorable dans 26 circonscriptions, le RPM et ses alliés regroupés au sein de l'alliance dénommé «Espoir 2002» dans près de dix circonscriptions électorales. Au total 124 sièges restent en compétition pour le second tour fixé au 28 juillet.



par Serge  Daniel

Article publié le 18/07/2002