Mali
ATT assuré d’être vainqueur
Amadou Toumani Touré sera le prochain président du Mali. Les résultats portant sur 70% des procès verbaux lui donnent une avance irréversible face à son concurrent Soumaïla Cissé.
De notre correspondant à Bamako
En présence de quelques journalistes, le ministère malien de l'Administration territoriale a proclamé les résultats provisoires partiels de l'élection présidentielle. Sans surprise, l'ancien chef d'Etat Amadou Toumani Touré caracole en tête: 68,35% des suffrages exprimés contre 31,65% pour le désormais candidat malheureux Soumaïla Cissé. Il s’agit de résultats provisoires mais ils tiennent compte de 70% des procès-verbaux, mais les jeux sont faits, seuls restent à comptabiliser les résultats du nord du pays qui ne «pèsent» qu'environ 300 000 voix. Impossible donc mathématiquement pour Soumaïla Cissé de remonter la pente.
Amadou Toumani Touré, ancien chef d'Etat malien (1991-1992), se dirige vers Koulouba, siège du palais présidentiel dont il devrait prendre les clés le 8 juin 2002 à l'issue d'une passation de pouvoir avec le président sortant, Alpha Oumar Konaré. «Je ne reviens pas mais je viens» lance ATT dans une allusion à son précédent passage à la tête du pays en 1991-92 (il avait pris le pouvoir lors d'un putsch) dans des conditions différentes de celles (démocratiques) qui prévalent aujourd’hui.
Pourtant le chemin du retour a été semé d'embûches. Un vrai-faux débat sur la recevabilité de la candidature du général Amadou Toumani Touré, son annonce de candidature plus ou moins ratée (le public présent au stade était clairsemé) et une mosaïque de partis politiques non structurés qui soutenaient sa candidature. Mais très rapidement ATT, comme on l'appelle familièrement ici, prend les choses en main. Coup de gueule par ci, par là, il forme une structure bicéphale de conquête du pouvoir: d'un côté la trentaine de partis qui le soutienne, de l'autre les milliers de clubs de soutien à sa cause. Déterminé, il organise alors méthodiquement son retour en scène. Il franchit allègrement la barre du premier tour, les négociations du ralliement pour le deuxième tour commencent alors.
Les engagements d’ATT
Il rencontre les dignitaires de l'ancien parti unique pour jeter les querelles à la rivière, il rencontre les syndicats et mouvements associatifs pour solliciter leur appui, mais le compte n'y est pas. Alors ATT sort le grand jeu. Ce grand jeu, c'est d'avoir pu très habilement rallier à sa cause pour le deuxième tour, Ibrahim Boubacar Keïta, pilier d'une alliance de 15 partis (espoir 2002) et arrivé troisième au premier tour des élections. Les trois candidats de cette alliance totalisant, en effet, prés de 30% des suffrages exprimés. Selon les informations de RFI, le ralliement de ce groupe est le résultat de 4 heures de discussion. Officiellement, les deux partis font «un tour d'horizon de la situation politique et sociale du Mali» et décident que le meilleur candidat pour le second tour s'appelle ATT.
Cela dit, les partis membres de l'alliance «espoir 2002» demandent au moins trois choses au général s'il est élu:
- l’organisation d'un forum politique national
- la formation d'un gouvernement de transition
- le report de la date des élections législatives.
Que va-t-il faire de sa victoire? Sans parti politique à lui, avec sur le dos une cinquantaine de formations politiques l'ayant au finish soutenu, des milliers de clubs et associations qui revendiquent sa victoire au portillon, il devra montrer qu'il demeure un spécialiste du saut en parachute. En tout cas, dans l'immédiat, il lui faut trouver une majorité à l'assemblée nationale. Certes, il aime rappeler que son souci est de pouvoir déjeuner à midi avec la majorité présidentielle et à 14h avec le chef de l'opposition mais pour ne pas se mettre dans une situation cohabitationniste, obtenir dans son camp la majorité des sièges au parlement est plus qu'une nécessité.
Un mot, quand même, sur le candidat malheureux. Soumaïla Cissé, ingénieur en informatique de formation revient de loin. Vainqueur des primaires au sein de son parti il a constamment eu à faire face à une «guérilla» à l'intérieur de l'ADEMA. Avant le premier tour, 10 membres du parti ont ouvertement appelé à voter pour ATT. Mais encore, deux autres candidats officieux du parti se sont présentés à la présidentielle. D'autre part le candidat Soumaïla Cissé a reconnu en des termes à peine voilés n'avoir pas obtenu le soutien du Président Alpha Oumar Konaré. Il n'empêche que Soumaïla Cissé s'est lancé corps et âme dans la bataille, et a effectué une bonne campagne.
Un autre mot, cette fois-ci sur le président Konaré lui-même. Après avoir déclaré que son candidat est celui de l'ADEMA, il n'a pas hésité à conseiller au responsable du même parti de ne pas faire du général ATT leur ennemi. On connaît la suite. En tout cas de l'avis de certains, l'homme qui est surnommé ici «Maradona», a réussi son dernier dribble.
En présence de quelques journalistes, le ministère malien de l'Administration territoriale a proclamé les résultats provisoires partiels de l'élection présidentielle. Sans surprise, l'ancien chef d'Etat Amadou Toumani Touré caracole en tête: 68,35% des suffrages exprimés contre 31,65% pour le désormais candidat malheureux Soumaïla Cissé. Il s’agit de résultats provisoires mais ils tiennent compte de 70% des procès-verbaux, mais les jeux sont faits, seuls restent à comptabiliser les résultats du nord du pays qui ne «pèsent» qu'environ 300 000 voix. Impossible donc mathématiquement pour Soumaïla Cissé de remonter la pente.
Amadou Toumani Touré, ancien chef d'Etat malien (1991-1992), se dirige vers Koulouba, siège du palais présidentiel dont il devrait prendre les clés le 8 juin 2002 à l'issue d'une passation de pouvoir avec le président sortant, Alpha Oumar Konaré. «Je ne reviens pas mais je viens» lance ATT dans une allusion à son précédent passage à la tête du pays en 1991-92 (il avait pris le pouvoir lors d'un putsch) dans des conditions différentes de celles (démocratiques) qui prévalent aujourd’hui.
Pourtant le chemin du retour a été semé d'embûches. Un vrai-faux débat sur la recevabilité de la candidature du général Amadou Toumani Touré, son annonce de candidature plus ou moins ratée (le public présent au stade était clairsemé) et une mosaïque de partis politiques non structurés qui soutenaient sa candidature. Mais très rapidement ATT, comme on l'appelle familièrement ici, prend les choses en main. Coup de gueule par ci, par là, il forme une structure bicéphale de conquête du pouvoir: d'un côté la trentaine de partis qui le soutienne, de l'autre les milliers de clubs de soutien à sa cause. Déterminé, il organise alors méthodiquement son retour en scène. Il franchit allègrement la barre du premier tour, les négociations du ralliement pour le deuxième tour commencent alors.
Les engagements d’ATT
Il rencontre les dignitaires de l'ancien parti unique pour jeter les querelles à la rivière, il rencontre les syndicats et mouvements associatifs pour solliciter leur appui, mais le compte n'y est pas. Alors ATT sort le grand jeu. Ce grand jeu, c'est d'avoir pu très habilement rallier à sa cause pour le deuxième tour, Ibrahim Boubacar Keïta, pilier d'une alliance de 15 partis (espoir 2002) et arrivé troisième au premier tour des élections. Les trois candidats de cette alliance totalisant, en effet, prés de 30% des suffrages exprimés. Selon les informations de RFI, le ralliement de ce groupe est le résultat de 4 heures de discussion. Officiellement, les deux partis font «un tour d'horizon de la situation politique et sociale du Mali» et décident que le meilleur candidat pour le second tour s'appelle ATT.
Cela dit, les partis membres de l'alliance «espoir 2002» demandent au moins trois choses au général s'il est élu:
- l’organisation d'un forum politique national
- la formation d'un gouvernement de transition
- le report de la date des élections législatives.
Que va-t-il faire de sa victoire? Sans parti politique à lui, avec sur le dos une cinquantaine de formations politiques l'ayant au finish soutenu, des milliers de clubs et associations qui revendiquent sa victoire au portillon, il devra montrer qu'il demeure un spécialiste du saut en parachute. En tout cas, dans l'immédiat, il lui faut trouver une majorité à l'assemblée nationale. Certes, il aime rappeler que son souci est de pouvoir déjeuner à midi avec la majorité présidentielle et à 14h avec le chef de l'opposition mais pour ne pas se mettre dans une situation cohabitationniste, obtenir dans son camp la majorité des sièges au parlement est plus qu'une nécessité.
Un mot, quand même, sur le candidat malheureux. Soumaïla Cissé, ingénieur en informatique de formation revient de loin. Vainqueur des primaires au sein de son parti il a constamment eu à faire face à une «guérilla» à l'intérieur de l'ADEMA. Avant le premier tour, 10 membres du parti ont ouvertement appelé à voter pour ATT. Mais encore, deux autres candidats officieux du parti se sont présentés à la présidentielle. D'autre part le candidat Soumaïla Cissé a reconnu en des termes à peine voilés n'avoir pas obtenu le soutien du Président Alpha Oumar Konaré. Il n'empêche que Soumaïla Cissé s'est lancé corps et âme dans la bataille, et a effectué une bonne campagne.
Un autre mot, cette fois-ci sur le président Konaré lui-même. Après avoir déclaré que son candidat est celui de l'ADEMA, il n'a pas hésité à conseiller au responsable du même parti de ne pas faire du général ATT leur ennemi. On connaît la suite. En tout cas de l'avis de certains, l'homme qui est surnommé ici «Maradona», a réussi son dernier dribble.
par Serge Daniel (avec Aurélie Amoros)
Article publié le 13/05/2002