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Politique française

La mise en garde du secteur public

Décidée à l'origine par l'ensemble des syndicats d'EDF-GDF pour défendre les statuts, les salaires, les retraites et l'emploi des gaziers et électriciens face au projet de privatisation des deux entreprises publiques, la manifestation de ce 3 octobre est devenue le premier point de ralliement de la rentrée sociale pour tous les mécontents des entreprises nationales en cours de privatisation ou en difficulté. Cette manifestation devrait avoir valeur de test pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Des dizaines de milliers de manifestants, EDF et GDF en tête, défilent, ce jeudi, dans les rues de Paris pour défendre «les services publics, le statut et le régime de retraites» sans oublier l'emploi. Des délégations de France Telecom, d’Air France, de la SNCF, de la RATP, de la Poste et même du ministère de l’Economie et des Finances sans oublier des associations de consommateurs se sont joints au cortège. Au-delà des inquiétudes propres à chacun, selon que la privatisation est à l'ordre du jour ou non, la journée d'action dans le secteur public et la manifestation nationale cristallisent indéniablement une crainte commune dans un contexte morose pour l'emploi.

Peu avant le début de la manifestation, Francis Mer, le ministre de l’Economie et Nicole Fontaine, ministre déléguée à l’Industrie ont tenté de rassurer les personnels d’EDG-GDF lors de la réunion avec les organisations syndicales. Tous deux ont rappelé que le «gouvernement souhaite donner aux entreprises concernées les moyens de poursuivre leurs projets de développement industriel grâce à une ouverture minoritaire du capital, sans remettre en cause le statut particulier des agents». La veille, Francis Mer avait également indiqué que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avait l’intention «de mettre en oeuvre le dialogue social dans les entreprises publiques, pour leur donner le maximum de chances de continuer à évoluer dans un monde de plus en plus compétitif».

Eviter les grèves de l’automne 95

Les leaders syndicaux et la classe politique ont vivement réagi à cette rentrée sociale. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault a estimé que cette manifestation unitaire pour la défense des services publics allait conduire le gouvernement à «faire la bonne analyse sur ce qui se passe aujourd’hui (…) Cette manifestation est plus qu’une manifestation d’avertissement et j’espère que le gouvernement va en tenir compte. Nous n’allons pas multiplier les avertissements», a-t-il prévenu. Marc Blondel, secrétaire général de FO a affirmé que ce mouvement social avait essentiellement pour but «de contester le bien fondé de l’ouverture du capital d’EDF». Au gouvernement, le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye a assuré, quelques heures avant la manifestation qu’il n’était «absolument pas question de toucher aux statuts des fonctionnaires» tout en avertissant : «nous leur demandons d’être des acteurs du changement et non des freins au changement».

Dans l’opposition, le Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement a annoncé que son mouvement serait aux côtés des manifestants. Même son de cloche chez Julien Dray, le leader de la Gauche socialiste, qui participera en personne à cette manifestation. «C’est une manière de montrer aux salariés que nous tirons les leçons des messages qu’ils nous ont adressés lors des différents scrutins», a-t-il déclaré. Dans la majorité, François Bayrou, président de l’UDF, tout en plaidant pour la défense du service public, s’est dit opposé à une privatisation complète d’EDF en raison des enjeux liés au nucléaire. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF), plus virulent, a estimé que la rue allait être «occupée par une privilégiature».

Depuis quelques jours, les membres du gouvernement ont tenté de désamorcer l’inquiétude des fonctionnaires et de minorer l’ampleur de leur contestation. Ainsi François Fillon, le ministre des Affaires sociales, a considéré que cette «rentrée était normale», tandis que le ministre de l’Economie ne s’estimait pas «particulièrement inquiet». Jean-Pierre Raffarin entend bien tout faire pour ne pas revivre le cauchemar de 1995 et a demandé à ses ministres concernés de négocier pour réformer.

Lire également :
Le premier test social
(L’éditorial de Geneviève Goëtzinger)

Fonctionnaires : l'autel du libre-échange
(L'éditorial économique de Norert Navarro)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/10/2002