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Union européenne

Le couple franco-allemand veut se réconcilier

Le chancelier allemand Schröder, nouvellement réélu, et le président français Jacques Chirac, désormais libéré d’une cohabitation avec la gauche, ont manifesté leur volonté commune de rapprochement. Depuis 1998 le couple franco-allemand bat de l’aile et, pour y remédier, les deux pays sont prêts à minimiser autant que faire se peut leurs différends, notamment sur l’éventualité d’une intervention en Irak.
«Notre approche et notre analyse sont tous à fait semblables» en ce qui concerne l’Irak, a affirmé le président français Jacques Chirac à l’issue de sa première rencontre avec le chancelier allemand Schröder depuis la réélection de ce dernier le 22 septembre. Analyse, peut-être, mais approche c’est beaucoup moins sûr et Jacques Chirac a tout de même ajouté «…sans aller jusqu’aux mêmes conclusions dans les détails, ce qui est tout à fait légitime».

Les «détails» portent en fait sur l’intention réaffirmée par Gerhard Schröder ne n’engager son pays dans aucune intervention militaire contre l’Irak, ni avec mais encore moins sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette position est celle adoptée par le candidat Schröder avant sa réélection et maintenue depuis. Elle a très probablement contribué à son succès électoral mais sensiblement nuit aux relations diplomatiques germano-américaines. La France, de son côté, s’oppose à toute automaticité de la décision d’intervenir militairement en Irak et soutient que seul le Conseil de sécurité de l’Onu dispose du droit d’en décider.

Les deux pays ont cependant fait preuve d’ouverture d’esprit mutuelle. L’Allemagne, par la voix de son chancelier, «comprend parfaitement la position de la France» qui, membre permanent du Conseil de sécurité, a besoin de marges de manœuvres dans la négociation, ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne. Mais le chancelier Schröder apprécie également la compréhension dont Jacques Chirac fait preuve à l’égard de la position allemande. Tout est-il donc pour le mieux entre la France et l’Allemagne ?

Deux rendez-vous supplémentaires

Des deux côtés du Rhin, les divergences seront plus difficiles à occulter sur l’élargissement de l’Union européenne à deux nouveaux membres et son financement. Lors de cette première rencontre mercredi à Paris, il a été jugé plus prudent de repousser à une date ultérieure la discussion du sujet qui fâche entre tous : la politique agricole commune et sa renégociation. La PAC a atteint à quinze des montants de plus de 40 milliards d’euros, 43 milliards en 2001, soit près de 40% du budget total de l’Union européenne. Avant d’élargir la communauté à des pays d’Europe centrale et orientale encore essentiellement ruraux qui ne contribueraient qu’à alourdir la barque, l’Allemagne qui, contributeur net de la PAC, c’est-à-dire payant plus qu’elle ne reçoit, se prononce pour une réforme dès 2003. de son côté, la France, qui bénéficie des subventions agricoles européennes s’en tient au calendrier initial qui ne prévoyait pas de modification sensible des règles du jeu avant 2006.

Soucieuses de ne pas afficher leur division, comme lors du sommet européen de Nice en décembre 2000, la France et l’Allemagne se sont fixé deux rendez-vous supplémentaires, ce qui n’est certainement pas trop pour parvenir à une position commune. Jacques Chirac et Gerhard Schröder se retrouveront le 14 octobre en France et une autre fois d’ici la fin octobre, après la prise de fonction du nouveau gouvernement allemand. Le prochain sommet européen où la France et l’Allemagne devront se présenter unies aura lieu les 23 et 24 octobre à Bruxelles.



par Francine  Quentin

Article publié le 03/10/2002