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Centrafrique

Affrontements à Bangui

Des partisans du général François Bozizé, l’ancien chef d’Etat major des forces armées centrafricaines limogé par le président Patassé, sont vraisemblablement à l’origine des affrontements qui ont lieu depuis vendredi à Bangui. Après l’annonce de l’arrivée de leur chef à Paris, il pourrait s’agir d’un baroud d’honneur de soldats qui l’avait soutenu face au pouvoir centrafricain il y a un an, aujourd’hui livrés à eux-mêmes. Les autorités du pays n’ont pas encore donné d’explication sur cette crise.
Les troubles ont débuté vendredi après-midi dans la capitale centrafricaine. Des tirs à l’arme lourde et automatique ont été entendus dans les quartiers Nord de Bangui. Après avoir, d’après certains témoignages, attaqué la veille les villes de Kabo, Batangafo et Bogangolo, une centaine d’hommes se sont rendus dans la capitale où des échanges de coups de feu ont eu lieu à plusieurs reprises. Notamment au niveau du barrage à l’entrée nord de la ville où ils se sont heurtés aux forces loyalistes, gendarmes et militaires. La garde présidentielle composée de soldats libyens envoyés après la tentative de coup d’état de mai 2001 pour assurer la sécurité du président centrafricain, Ange-Felix Patassé, serait quant à elle, intervenue en survolant le terrain en avion pour localiser les tireurs.

La nuit a été calme mais les échanges de tirs ont recommencé samedi. Des groupes de populations effrayées par les combats auraient quitté la zone des affrontements durant l’accalmie de samedi matin. Le neveu d’Ange-Felix Patassé aurait été tué lors des affrontements. Et son porte-parole, Prosper N’Douba, qui circulait à Bangui vendredi, auraient été intercepté par les assaillants. La famille de ce dernier était toujours sans nouvelle samedi après-midi. Mais le pouvoir n’a fourni, pour le moment, aucune information sur les événements en cours. Hier, la radio a continué à diffuser ses programmes habituels jusqu’à la tombée de la nuit et a repris ses émissions samedi matin sans mentionner quoi que ce soit.

Le général Bozizé est à Paris

En l’absence de réaction officielle, ce sont donc des témoignages qui permettent de supposer qu’au moins une partie des responsables de ces tirs, qui portent des vêtements civils et se reconnaissent entre eux grâce à des bandeaux et des brassards jaunes, sont des partisans de l’ancien chef d’état major, le général Bozizé. Celui-ci était en exil au Tchad depuis son limogeage, en octobre 2001, à la suite d’une tentative de coup d’Etat contre Ange-Felix Patassé, au mois de mai de la même année, maîtrisée avec l’aide de l’armée soutenue par des soldats libyens. Une épreuve de force s’était engagée fin 2001 entre le pouvoir de Bangui et le général Bozizé. Celui-ci avait reçu le soutien de soldats centrafricains dont une partie l’avait suivi au Tchad. D’autres restant dans la brousse au Nord de la Centrafrique.

Depuis ces événements, la tension entre les deux pays est restée très vive, chacun rejetant la responsabilité des attaques menées des deux côtés de la frontière sur l’autre. Le 2 octobre dernier, à Libreville, un plan a néanmoins été proposé lors d’un sommet des chefs d’Etat d’Afrique centrale pour résoudre la crise entre Bangui et N’Djamena. Dans le cadre de cet accord, il a été convenu que le général Bozizé sorte du Tchad pour se rendre à Paris. En échange, son adversaire jugé dangereux par les Tchadiens, Abdoulaye Miskine, qui avait été chargé par Bangui de sécuriser la frontière nord au moment des troubles consécutifs au limogeage de Bozizé, devait se rendre au Togo. Si la première partie de l’accord a été remplie -l’arrivée de Bozizé à Paris a, en effet, été confirmée-, il n’en est pas de même pour le deuxième volet. Miskine n’aurait pas bougé de Centrafrique. Le porte-parole de la présidence, Prosper N’Douba, celui-là même qui aurait été capturé par les assaillants hier à Bangui, avait ainsi estimé que le départ de Miskine vers Lomé aurait lieu «dès que les dispositions pratiques» seraient réglées. Cette situation pourrait peut-être expliquer la réaction des troupes fidèles à Bozizé, livrées à elles-mêmes depuis près d’un an dans le Nord du pays et peut-être désireuses de faire entendre leur voix. Les assaillants n’ont pas fait part de leurs exigences et aucune information ne permet, pour le moment, de savoir si des négociations sont en cours avec le pouvoir.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/10/2002