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Immigration

Oui au contrat d’intégration mais non au droit de vote

Dans une interview au journal Libération, avant l’annonce officielle de ce jeudi soir par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin lors de l’installation du Haut Conseil à l’intégration, le ministre des Affaires sociales, François Fillon, fait une ébauche du plan qui vise à développer, en France, une immigration «positive».
Le contrat d’intégration promis par Jacques Chirac aux immigrés en situation régulière, le 14 octobre dernier, lors de sa visite à Troyes, «devrait être largement opérationnel fin 2003», a affirmé François Fillon, dans un entretien publié dans Libération, le 24 octobre tout en précisant qu’il ne prévoyait pas l’octroi d’un droit de vote aux élections locales.

«Notre politique comporte quatre volets : l’accueil des étrangers en situation régulière, la mise en place d’un contrat d’intégration, la naturalisation et une lutte plus efficace contre les discriminations, avec la mise en place d’une haute autorité indépendante», a expliqué le ministre des Affaires sociales. Il a de plus précisé que le contrat d’intégration comporterait «une première partie commune, avec les droits et les obligations de chacun, l’engagement d’adhésion à notre mode de vie et à nos valeurs républicaines». Parallèlement, à ajouter le ministre, «il y aura une offre de prestation de services diversifiés, parmi lesquels l’apprentissage de la langue française - 600 heures maximum - une trentaine d’heures pour l’apprentissage des droits et obligations civiques et un appui social et professionnel individualisé».

Après la répression, l’intégration

«Nous avons besoin d’une immigration légale, marquée par une intégration réussie», a martelé François Fillon, qui rappelle que l’immigration a changé depuis trente ans ; les immigrés venant aujourd’hui d’Europe de l’Est, «voire de beaucoup plus loin» et non plus seulement des anciennes colonies. La future mise en place de ce contrat d’intégration a pour objectif, selon le ministre, «de créer un élan de confiance partagée entre l’étranger et la communauté nationale». En outre, il a déclaré contrairement au député UMP de Seine-et-Marne, Yves Jégo, qu’il n’était pas favorable au droit de vote des immigrés aux élections locales.

Ce nouveau dispositif élaboré par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin marque incontestablement un changement de cap en matière d’immigration de la droite, qui investit un terrain quelque peu délaissé par la gauche ces dernières années. D’ailleurs, l’opposition est aujourd’hui divisée sur cette initiative gouvernementale qui l’embarrasse fortement. Après l’adoption en Conseil des ministres, le 23 octobre, du projet de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy qui prône notamment la répression, le gouvernement entend bien calmer les esprits en favorisant aussi l’intégration.

C’est ce jeudi soir, lors de l’installation du Haut Conseil à l’intégration que le Premier ministre doit dévoiler officiellement un projet de loi sur l’intégration des immigrés. Cette instance placée auprès de Matignon, de consultations et de propositions, a été mise en sommeil depuis la fin du mandat de Roger Fauroux, il y a neuf mois. Elle sera désormais présidée par la philosophe Blandine Kriegel qui sera notamment entourée du footballeur Lilian Thuram, de l’écrivain d’origine chinoise, François Cheng et de Claude Imbert, fondateur de l’hebdomadaire Le Point.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 24/10/2002