Côte d''Ivoire
Rébellion dans le Grand Ouest
On assiste à une nouvelle rébellion dans le Grand Ouest. Man, la principale ville de l’Ouest ivoirien n’est plus aux mains des forces loyalistes depuis jeudi 28 novembre. Il en est de même de Danané, petite ville située plus à l’ouest, tout près de la frontière avec le Libéria, d’où seraient arrivés les nouveaux rebelles, dont on ne connaît que partiellement l’identité.
«Ce soir, Man n’est plus aux mains des forces gouvernementales», a indiqué jeudi soir une source militaire ivoirienne qui a préféré garder l’anonymat: «l’eau et l’électricité ont été coupés par les assaillants». Le fief du général putschiste Robert Gueï, tué aux premières heures de l’insurrection du 19 septembre dernier à Abidjan, bascule à son tour dans la rébellion, alors que les négociations de Lomé semblaient pouvoir aboutir à un compromis. Du moins jusqu’à jeudi.
La prise de Man a été revendiqué par un nouveau mouvement rebelle qui se réclame directement de l’ancien président Gueï. Un homme se présentant comme le «commandant Denis Gaspard, porte-parole du Mouvement pour la justice et la paix», avait déclaré à l’Agence France Presse dès jeudi matin que la ville de Man était «en voie de tomber entre nos mains». Le même porte-parole avait indiqué que la petite ville de Danané était quant à elle déjà tombée entre les mains de son mouvement.
Cette revendication contredit celle effectuée presque au même moment par un autre mouvement rebelle, inconnu jusque là, le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO). Sur nos antennes, un certain sergent Félix Doh, proche lui aussi de l’ancien président Gueï, avait en effet revendiqué la prise de Danané au nom du MPIGO, avant de préciser qu’il n’avait aucun lien avec les rebelles du nord (dont les dirigeants sont basés à Bouaké).
Selon un habitant de Man contacté par l’AFP «les assaillants ont des véhicules de types pick-ups bâchés, des jeeps et tirent dans tous les sens, mais pas sur les gens. Les rues sont désertes, il n’y a plus de taxis. Les assaillants, certains sont en treillis, d’autres en jeans, ont tous des fusils. Ils semblent contrôler toute la ville». Environ 150 membres des forces de sécurité ivoirienne - des gendarmes et des policiers - sont normalement basés à Man.
La CEDEAO a rejeté les dernières propositions du MPCI
L’apparition de ce nouveau front rebelle, qui n’a apparemment pas de lien avec le MPCI de Bouaké, intervient au moment où les négociations de Lomé semblaient sur le point d’aboutir. Jusqu’à jeudi un compromis de principe semblait avoir été conclu entre rebelles et loyalistes, ouvrant ainsi la voie au déploiement de la force-tampon de la CEDEAO. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi le MPCI a fait savoir que le médiateur de la CEDEAO avait rejeté les «propositions de sortie de crise» remises plus tôt par les rebelles.
Il semble que les tergiversations du MPCI, qui tente toujours de gagner du temps dans l’espoir d’arracher d’autres concessions aux loyalistes, irritent de plus en plus non seulement les médiateurs de la CEDEAO, à commencer par le président togolais Eyadéma lui-même, mais aussi la diplomatie française. Après des semaines de négociations, un long document de «sortie de crise» a été mis au point ces derniers jours par les médiateurs de la CEDEAO, et ceux-ci s’attendaient désormais à une conclusion positive de leur médiation. Ce que les rebelles ont une nouvelle fois rejeté, avant de faire d’autres propositions qui sont arrivées sur la table des négociations ce jeudi, mais n’ont même pas été prises en considération par les médiateurs, qui le sont repoussées «séance tenante», selon le MPCI.
Au même moment apparaissait à l’ouest une nouvelle rébellion, directement liée à l’ancien président Gueï. S’agit-il des rebelles qui ont échoué, le 19 septembre dernier, leur assaut sur Abidjan, et qui ont été délogés par la gendarmerie loyaliste ?
Pour l’heure on peut seulement penser qu’ils tentent de profiter de la situation actuelle pour s’imposer eux aussi comme des partenaires à ne pas oublier, en vue de la solution d’une crise qui ne cesse de se compliquer. Ils risquent ainsi de poser de problèmes nouveaux non seulement au gouvernement ivoirien, apparemment incapable de défendre son territoire, mais aussi aux rebelles du MPCI. Ceux-ci risquent désormais d’être doublés sur leur propre terrain, et de faire apparaître encore plus comme fantaisistes certaines de leurs revendications politiques.
La prise de Man a été revendiqué par un nouveau mouvement rebelle qui se réclame directement de l’ancien président Gueï. Un homme se présentant comme le «commandant Denis Gaspard, porte-parole du Mouvement pour la justice et la paix», avait déclaré à l’Agence France Presse dès jeudi matin que la ville de Man était «en voie de tomber entre nos mains». Le même porte-parole avait indiqué que la petite ville de Danané était quant à elle déjà tombée entre les mains de son mouvement.
Cette revendication contredit celle effectuée presque au même moment par un autre mouvement rebelle, inconnu jusque là, le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO). Sur nos antennes, un certain sergent Félix Doh, proche lui aussi de l’ancien président Gueï, avait en effet revendiqué la prise de Danané au nom du MPIGO, avant de préciser qu’il n’avait aucun lien avec les rebelles du nord (dont les dirigeants sont basés à Bouaké).
Selon un habitant de Man contacté par l’AFP «les assaillants ont des véhicules de types pick-ups bâchés, des jeeps et tirent dans tous les sens, mais pas sur les gens. Les rues sont désertes, il n’y a plus de taxis. Les assaillants, certains sont en treillis, d’autres en jeans, ont tous des fusils. Ils semblent contrôler toute la ville». Environ 150 membres des forces de sécurité ivoirienne - des gendarmes et des policiers - sont normalement basés à Man.
La CEDEAO a rejeté les dernières propositions du MPCI
L’apparition de ce nouveau front rebelle, qui n’a apparemment pas de lien avec le MPCI de Bouaké, intervient au moment où les négociations de Lomé semblaient sur le point d’aboutir. Jusqu’à jeudi un compromis de principe semblait avoir été conclu entre rebelles et loyalistes, ouvrant ainsi la voie au déploiement de la force-tampon de la CEDEAO. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi le MPCI a fait savoir que le médiateur de la CEDEAO avait rejeté les «propositions de sortie de crise» remises plus tôt par les rebelles.
Il semble que les tergiversations du MPCI, qui tente toujours de gagner du temps dans l’espoir d’arracher d’autres concessions aux loyalistes, irritent de plus en plus non seulement les médiateurs de la CEDEAO, à commencer par le président togolais Eyadéma lui-même, mais aussi la diplomatie française. Après des semaines de négociations, un long document de «sortie de crise» a été mis au point ces derniers jours par les médiateurs de la CEDEAO, et ceux-ci s’attendaient désormais à une conclusion positive de leur médiation. Ce que les rebelles ont une nouvelle fois rejeté, avant de faire d’autres propositions qui sont arrivées sur la table des négociations ce jeudi, mais n’ont même pas été prises en considération par les médiateurs, qui le sont repoussées «séance tenante», selon le MPCI.
Au même moment apparaissait à l’ouest une nouvelle rébellion, directement liée à l’ancien président Gueï. S’agit-il des rebelles qui ont échoué, le 19 septembre dernier, leur assaut sur Abidjan, et qui ont été délogés par la gendarmerie loyaliste ?
Pour l’heure on peut seulement penser qu’ils tentent de profiter de la situation actuelle pour s’imposer eux aussi comme des partenaires à ne pas oublier, en vue de la solution d’une crise qui ne cesse de se compliquer. Ils risquent ainsi de poser de problèmes nouveaux non seulement au gouvernement ivoirien, apparemment incapable de défendre son territoire, mais aussi aux rebelles du MPCI. Ceux-ci risquent désormais d’être doublés sur leur propre terrain, et de faire apparaître encore plus comme fantaisistes certaines de leurs revendications politiques.
par Elio Comarin
Article publié le 29/11/2002