Côte d''Ivoire
Les rebelles accusent le Ghana de soutenir militairement Gbagbo
Le Ghana vient d’être accusé par les mutins ivoiriens de forte complicité dans un éventuel projet du président Laurent Gbagbo d'attaquer des zones sous contrôle MPCI, au moment où la médiation de la CEDEAO se démène à Lomé pour trouver un compromis sur la crise ivoirienne déjà vieille de deux mois. Du côte des rebelles, l’on se prépare à toute riposte «appropriée».
De notre correspondant à Lomé
Les pourparlers entre les protagonistes ivoiriens, en crise depuis le 19 septembre dernier, s’enlisaient de plus en plus à Lomé lorsque les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) ont annoncé le 24 novembre dans la capitale togolaise à la presse la menace d’une attaque «imminente» de leurs positions par le gouvernement d’Abidjan. L’information, selon le MPCI, est «de source sûre et renseignée». Mieux, elle implique le Ghana voisin, accusé par les mutins d’avoir accédé à la demande de Laurent Gbagbo d’utiliser son territoire afin d’attaquer les positions du département de Bouna, sous contrôle des mutins.
Le MPCI est allé plus loin dans une déclaration dite «interpellative» à l’adresse du président ghanéen en affirmant que John Kuffour «a aussi fait droit à une autre demande de M. Laurent Gbagbao, mettant à sa disposition soixante-dix à cent militaires ghanéens destinés à combattre le MPCI, toujours à partir de la frontière ouest du Ghana». Pour faire percevoir le sérieux de ces affirmations, le MPCI «certifie les accusations» portées contre le chef de l’État ghanéen. John Kuffour qui assiste Laurent Gbagbo à attaquer les mutins est sans doute une violation flagrante par un membre du Groupe de contact de la CEDEAO de l’accord de cessation des hostilités conclu entre les protagonistes ivoiriens. De quoi «compromettre les négociations de Lomé», prévient le MPCI dans sa déclaration. Les réactions à ces accusations ne se sont pas fait attendre.
Démenti catégorique
Le gouvernement ghanéen a apporté un démenti «catégorique» à ces accusations, tout en estimant qu’ils sont pour la paix en Côte d’Ivoire, ce qui explique leur présence dans le Groupe de contact de la CEDEAO. Intervenant au nom du pouvoir d’Abidjan, Laurent Dona Fologo, chef de la délégation gouvernementale aux négociations de Lomé, s’est succédé au MPCI dans la même salle de conférence pour «apporter un démenti formel à ces allégations» du MPCI qui, selon lui, «font tressaillir». Il rassure qu’«il n’est pas question et il ne sera pas question de reprendre les hostilités pour le gouvernement de Côte d’Ivoire qui ne veut pas voir verser une goutte de sang de plus sur notre sol».
Il poursuit, en rappelant que si les hostilités devaient reprendre, «c’est qu’on nous aura obligés à défendre notre peuple et la République, mais pas tant que nous serons sur la voie de la négociation». «Nous espérons que personne ne provoquera le gouvernement ivoirien pour le pousser à détruire ne serait-ce qu’une seule brique de la maison ivoire», a souligné M. Fologo, en guise d’avertissement. Reste à clarifier des accusations de sabotage des pourparlers de Lomé aussi graves contre un chef d’État, en l’occurrence John Kuffour, censé de surcroît aider à la résolution de la crise ivoirienne.
Des deux côtés, les protagonistes ivoiriens n’ont pas fait le 24 novembre à Lomé l’économie de leur attachement et de leur respect des décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui prône la voie pacifique de résolution de la crise. «Si nous voulons reprendre le chemin de la guerre, nous ne serons pas à Lomé ; alors, que l’on ne voit pas partout des préparatifs de guerre et des annonces de guerre», a dit M. Fologo. Il insiste pour faire comprendre que le pouvoir d’Abidjan «reste fidèle aux engagements pris à Accra à savoir rechercher les solutions de la crise par la voie pacifique» et croit «avec patience et humilité à la négociation de Lomé».
Le 29 septembre 2002 à Accra, au Ghana, il fut recommandé aux protagonistes d’user des voies pacifique et politique pour régler ce conflit ivoiro-ivoirien. Les mutins ivoiriens semblent plus y croire que le gouvernement. Ils répètent depuis le début des négociations de Lomé, le 30 octobre dernier, que leur objectif est d’arriver «à un accord sérieux». N’empêche qu’ils se sentent pris en otage à Lomé au moment où leur territoire est menacé. Pour le risque d’une telle initiative, les commanditaires sont avertis…
«Au MPCI, nous sommes prêts et nous entendons légitimement nous défendre et riposter à la hauteur de l’attaque qui est projetée. La responsabilité des dégâts qui pourraient subvenir ne peut être que du ressort de celui qui aura rompu la cessation des hostilités », avait déclaré Guillaume Kigbafori Soro, secrétaire général du MPCI, à qui l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire semble donner raison. Il rappelle avoir fait état de la présence de soldats étrangers, combattants aux côtés des troupes de Laurent Gbagbo et pour lequel «des voix de démenti s’étaient élevées». «Aujourd’hui, après enquête, la présence effective des soldats sud-africains est démontrée», indique la déclaration du MPCI. Il affirme que l’état-major du mouvement avait fait remarquer «des mouvements sérieux de troupes» en direction des positions du MPCI.
«Nous sommes en mesure aujourd’hui d’établir que Laurent Gbago a demandé aux troupes françaises de se retirer en vue de lancer un assaut sur nos positions de façon imminente», a répété Guillaume Soro. Accra reste sans doute une étape pour définitivement rassurer les mutins ivoiriens de l’honnêteté de la médiation de la CEDEAO. Le MPCI, en prenant l’opinion à témoin, a demandé «à se rendre à Accra en vue de débattre sur les tenants et les aboutissants» de l’implication du Ghana dans une éventuelle attaque contre ses bases.
A Lomé, la médiation, dirigée par le chef de l’État togolais, Gnassingbé Eyadéma, se garde encore de commentaires sur les accusations du MPCI. Mais il est évident qu’elle éprouve quelques difficultés à coordonner les différentes positions. Les rebelles et le gouvernement ivoiriens se livrent à une sorte de cache-cache qui fait traîner l’éventualité de rencontres directes entre les deux délégations sur les questions politiques. Au lieu de soumettre des amendements au projet d’accord de paix de la médiation, la délégation officielle ivoirienne choisit plutôt de faire des observations sur les contre-propositions du MPCI que la médiation, selon les rebelles, n’a jamais voulu rendre public. Comme dans un jeu de ping-pong, les rebelles répondent en faisant traîner leurs amendements au dernier document de synthèse de la CEDEAO.
«Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire aura des conséquences graves sur la sous région. Les Ivoiriens ont l’impérieux devoir de se pardonner les uns les autres quel que soit ce qu’ils ont à se reprocher. Une reprise des combats ou une solution militaire serait catastrophique et j’insiste que vous fassiez preuve de bonne volonté notamment en faisant chacun des concessions», avait déjà prévenu le président Eyadéma, lors d’un tête-à-tête la semaine dernière avec les chefs de délégation à Lomé.
Les pourparlers entre les protagonistes ivoiriens, en crise depuis le 19 septembre dernier, s’enlisaient de plus en plus à Lomé lorsque les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) ont annoncé le 24 novembre dans la capitale togolaise à la presse la menace d’une attaque «imminente» de leurs positions par le gouvernement d’Abidjan. L’information, selon le MPCI, est «de source sûre et renseignée». Mieux, elle implique le Ghana voisin, accusé par les mutins d’avoir accédé à la demande de Laurent Gbagbo d’utiliser son territoire afin d’attaquer les positions du département de Bouna, sous contrôle des mutins.
Le MPCI est allé plus loin dans une déclaration dite «interpellative» à l’adresse du président ghanéen en affirmant que John Kuffour «a aussi fait droit à une autre demande de M. Laurent Gbagbao, mettant à sa disposition soixante-dix à cent militaires ghanéens destinés à combattre le MPCI, toujours à partir de la frontière ouest du Ghana». Pour faire percevoir le sérieux de ces affirmations, le MPCI «certifie les accusations» portées contre le chef de l’État ghanéen. John Kuffour qui assiste Laurent Gbagbo à attaquer les mutins est sans doute une violation flagrante par un membre du Groupe de contact de la CEDEAO de l’accord de cessation des hostilités conclu entre les protagonistes ivoiriens. De quoi «compromettre les négociations de Lomé», prévient le MPCI dans sa déclaration. Les réactions à ces accusations ne se sont pas fait attendre.
Démenti catégorique
Le gouvernement ghanéen a apporté un démenti «catégorique» à ces accusations, tout en estimant qu’ils sont pour la paix en Côte d’Ivoire, ce qui explique leur présence dans le Groupe de contact de la CEDEAO. Intervenant au nom du pouvoir d’Abidjan, Laurent Dona Fologo, chef de la délégation gouvernementale aux négociations de Lomé, s’est succédé au MPCI dans la même salle de conférence pour «apporter un démenti formel à ces allégations» du MPCI qui, selon lui, «font tressaillir». Il rassure qu’«il n’est pas question et il ne sera pas question de reprendre les hostilités pour le gouvernement de Côte d’Ivoire qui ne veut pas voir verser une goutte de sang de plus sur notre sol».
Il poursuit, en rappelant que si les hostilités devaient reprendre, «c’est qu’on nous aura obligés à défendre notre peuple et la République, mais pas tant que nous serons sur la voie de la négociation». «Nous espérons que personne ne provoquera le gouvernement ivoirien pour le pousser à détruire ne serait-ce qu’une seule brique de la maison ivoire», a souligné M. Fologo, en guise d’avertissement. Reste à clarifier des accusations de sabotage des pourparlers de Lomé aussi graves contre un chef d’État, en l’occurrence John Kuffour, censé de surcroît aider à la résolution de la crise ivoirienne.
Des deux côtés, les protagonistes ivoiriens n’ont pas fait le 24 novembre à Lomé l’économie de leur attachement et de leur respect des décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui prône la voie pacifique de résolution de la crise. «Si nous voulons reprendre le chemin de la guerre, nous ne serons pas à Lomé ; alors, que l’on ne voit pas partout des préparatifs de guerre et des annonces de guerre», a dit M. Fologo. Il insiste pour faire comprendre que le pouvoir d’Abidjan «reste fidèle aux engagements pris à Accra à savoir rechercher les solutions de la crise par la voie pacifique» et croit «avec patience et humilité à la négociation de Lomé».
Le 29 septembre 2002 à Accra, au Ghana, il fut recommandé aux protagonistes d’user des voies pacifique et politique pour régler ce conflit ivoiro-ivoirien. Les mutins ivoiriens semblent plus y croire que le gouvernement. Ils répètent depuis le début des négociations de Lomé, le 30 octobre dernier, que leur objectif est d’arriver «à un accord sérieux». N’empêche qu’ils se sentent pris en otage à Lomé au moment où leur territoire est menacé. Pour le risque d’une telle initiative, les commanditaires sont avertis…
«Au MPCI, nous sommes prêts et nous entendons légitimement nous défendre et riposter à la hauteur de l’attaque qui est projetée. La responsabilité des dégâts qui pourraient subvenir ne peut être que du ressort de celui qui aura rompu la cessation des hostilités », avait déclaré Guillaume Kigbafori Soro, secrétaire général du MPCI, à qui l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire semble donner raison. Il rappelle avoir fait état de la présence de soldats étrangers, combattants aux côtés des troupes de Laurent Gbagbo et pour lequel «des voix de démenti s’étaient élevées». «Aujourd’hui, après enquête, la présence effective des soldats sud-africains est démontrée», indique la déclaration du MPCI. Il affirme que l’état-major du mouvement avait fait remarquer «des mouvements sérieux de troupes» en direction des positions du MPCI.
«Nous sommes en mesure aujourd’hui d’établir que Laurent Gbago a demandé aux troupes françaises de se retirer en vue de lancer un assaut sur nos positions de façon imminente», a répété Guillaume Soro. Accra reste sans doute une étape pour définitivement rassurer les mutins ivoiriens de l’honnêteté de la médiation de la CEDEAO. Le MPCI, en prenant l’opinion à témoin, a demandé «à se rendre à Accra en vue de débattre sur les tenants et les aboutissants» de l’implication du Ghana dans une éventuelle attaque contre ses bases.
A Lomé, la médiation, dirigée par le chef de l’État togolais, Gnassingbé Eyadéma, se garde encore de commentaires sur les accusations du MPCI. Mais il est évident qu’elle éprouve quelques difficultés à coordonner les différentes positions. Les rebelles et le gouvernement ivoiriens se livrent à une sorte de cache-cache qui fait traîner l’éventualité de rencontres directes entre les deux délégations sur les questions politiques. Au lieu de soumettre des amendements au projet d’accord de paix de la médiation, la délégation officielle ivoirienne choisit plutôt de faire des observations sur les contre-propositions du MPCI que la médiation, selon les rebelles, n’a jamais voulu rendre public. Comme dans un jeu de ping-pong, les rebelles répondent en faisant traîner leurs amendements au dernier document de synthèse de la CEDEAO.
«Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire aura des conséquences graves sur la sous région. Les Ivoiriens ont l’impérieux devoir de se pardonner les uns les autres quel que soit ce qu’ils ont à se reprocher. Une reprise des combats ou une solution militaire serait catastrophique et j’insiste que vous fassiez preuve de bonne volonté notamment en faisant chacun des concessions», avait déjà prévenu le président Eyadéma, lors d’un tête-à-tête la semaine dernière avec les chefs de délégation à Lomé.
par Guy Mario
Article publié le 25/11/2002