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Côte d''Ivoire

Les rebelles rejettent le plan de paix

L’impasse semble désormais inévitable, à Lomé, où les représentants des rebelles ont rejeté jeudi le projet de plan de paix qui leur a été soumis par le médiateur de la CEDEAO, le président togolais Gnassingbé Eyadéma. «Le MPCI (branche politique de la rébellion dirigée par Guillaume Soro et Louis Dakoury-Tabley) déplore que les propositions qu’on lui a faites jusqu’à ce jour ne se résument qu’à permettre au gouvernement de M. Gbagbo d’assurer son contrôle sur l’ensemble du territoire de la Côte d’Ivoire» lit-on dans une réponse écrite des rebelles, rendue publique jeudi. «Cette crise est d’abord et avant tout politique. Le MPCI réaffirme et soutient que le pouvoir de M. Gbagbo n’est pas un pouvoir démocratiquement élu», en dépit du résultat des élections présidentielles d’il y a deux ans.
Des sources proches des médiateurs ont précisé que le document rejeté par les rebelles reprenait l’accord conclu le mois dernier sur un échange de prisonniers, l’amnistie des insurgés, un engagement du gouvernement à revoir la loi sur la nationalité ivoirienne ; mais qu’il ne contenait aucune clause nouvelle sur de nouvelles élections, qui demeure l’une des principales exigences des rebelles, qu’Abidjan a toujours refusé de prendre en compte.

Cette prise de position a été transmise dès mercredi soir au président Eyadéma, avant que celui-ci ne rencontre ce jeudi les représentants des insurgés. Elle semble mettre un terme à toute solution de compromis, car la rébellion refuse toujours de reconnaître, même indirectement, la légitimité du président Gbagbo et n’envisagent toujours pas de déposer les armes, en dépit des engagements signés à Accra au lendemain du début de la «guerre civile» et de la sécession de fait du Nord du pays.

Vers de nouveaux combats ?

Il se confirme par ailleurs que les différents leaders de la rébellion poursuivent leur installation dans les principales villes du nord, à commencer par Bouaké, devenue en quelque sorte leur «capitale», qui a connu l’exode d’un tiers de ses habitants depuis l’arrivée des insurgés. Chérif Ousmane, qui semble assurer la direction des opérations militaires à Bouaké, a demandé ces derniers jours à son «cerveau» militaire, le colonel ‘IB’ de quitter la capitale du Burkina, où il séjourne depuis son départ de la Côte d’Ivoire, pour rejoindre ses hommes dans le Nord du pays. Mais à Bouaké se trouvent également de nouveau les autres principales têtes de la révolte, à savoir Michel Gueu, Tuho Fozié et Guillaume Soro, qui ont quitté Lomé il y a quelques jours.

De plus, si l’on croit des confrères journalistes, le général Coulibaly, autrefois membre très influent de la junte militaire dirigée par Robert Gueï, mais également proche de l’ancien premier ministre Alassane Ouattara, séjournerait lui aussi depuis plusieurs jours à Bouaké.

Enfin, mercredi soir, le couvre-feu en vigueur en Abidjan de 21 heures à 6 heures a été avancé à 19 heures, selon un décret présidentiel rendu public deux heures seulement avant son entrée en vigueur. Le ministre de la défense Bertin Kadet a déclaré à ce propos : «Depuis le début des négociations de Lomé, nous assistons à une recrudescence de la violence et de l’insécurité particulièrement à Abidjan. Des individus menacent d’enlever des personnalités, certains circulent en véhicules 4x4. La situation actuelle ne peut être tolérée et appelle des mesures d’urgence».
Cette mesure n’est probablement pas étrangère à la crainte qui prévaut actuellement, à Abidjan comme ailleurs, de voir le pays plonger dans de nouveaux combats, dès l’annonce officielle de l’échec des pourparlers de Lomé.



par Elio  Comarin

Article publié le 14/11/2002