Côte d''Ivoire
A la rencontre des rebelles ivoiriens
Anciens soldats en rupture ou militaires ralliés, chasseurs traditionnels, jeunes désœuvrés, fonctionnaires ou mercenaires étrangers, les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) né au lendemain de la mutinerie du 19 septembre 2002 forment un ensemble composite mais discipliné. Maîtres de presque toute la moitié nord du pays, ces insurgés essaient de s’organiser pour asseoir leur autorité sur le territoire qu’ils contrôlent. Mais non sans peine ni désordre.
De notre envoyé spécial à Bouaké
Dès qu’on a franchi le pont sur le fleuve de la Léraba qui sépare le Burkina de la Côte d’Ivoire, un groupe de rebelles a surgi des buissons. L’air menaçant, armes automatiques aux poings, ils ordonnent tout de suite au véhicule de s’arrêter. Sans attendre les explications, l’un d’entre eux crie : «amène-les au poste !» Très vite, un jeune rebelle prend place à bord du véhicule pour nous conduire au poste frontalier du premier village ivoirien après la frontière. Une fois au poste, on découvre des rebelles armés aussi bien de fusils d’assaut que de fusils de chasse. Assis, les responsables discutent autour d’un verre de thé pendant que les autres veillent. Dès que nous nous présentons, l’ambiance se détend. «On va vous faire un laissez-passer pour vous permettre de continuer jusqu’à Bouaké», rassure le chef adjoint des opérations (CO) de la Léraba. Quelques minutes après, le document est prêt. Il porte l’entête et le cachet du MPCI. Avant de continuer notre route, les rebelles insistent pour nous montrer, dans une petite pièce d’un des bâtiments du poste, des centaines de cartes d’identité burkinabé traînant par terre. «Nous avons déjà envoyé au Burkina le contenu de trois sacs de 50 kg de riz remplis de ces cartes. C’est le reste que vous avez devant vous», explique le CO adjoint de la Léraba. «Policiers et gendarmes retenaient les papiers de tous ceux qui n’arrivaient pas à payer le montant des rackets, précise-t-il. C’est tout ça qu’on veut supprimer en instaurant la libre circulation.»
Mais pour l’instant, il y a de nombreux barrages sur les routes entre les villes sous contrôle rebelle. A l’entrée des villes et des gros villages il faut montrer patte blanche pour passer. Et le laissez-passer ne suffit pas pour rassurer les rebelles. Armes d’assaut en main, ils fouillent systématiquement les véhicules qui passent et vérifient les identités des passagers. Les rares véhicules qui circulent entre les villes doivent se présenter dans les différents centres d’opérations des villes traversées pour faire viser leur laissez-passer. Sortes d’état-major dans les villes occupées par les rebelles, ces centres sont installés dans les casernes militaires, les brigades de gendarmerie ou encore dans les bureaux de préfecture et de sous-préfecture. Chaque chef des opérations occupe le bureau climatisé du préfet, du sous-préfet ou du commandant de brigade. A l’intérieur, règne un certain désordre avec des armes et des munitions entreposées partout.
Les rebelles assurent les fonctions de la police et de la justice
Sur les routes et dans les villes, les maîtres du terrain puissamment armés patrouillent à vive allure dans des véhicules tant militaires que civils. Ils disposent d’un parc auto impressionnant : des centaines Ces véhicules arrachés de force à des sociétés publiques comme privées et à des particuliers sont aujourd’hui pour la plupart méconnaissables. Toutes les plaques d’immatriculation ont été enlevées. De même que les insignes des organismes qui ont été remplacés par des autocollants aux couleurs et initiales du MPCI ou encore les slogans du mouvement tels que «MPCI ou rien», «MPCI jusqu’à la mort»... On retrouve aussi sur ces véhicules, les noms des sections dans lesquels ils sont affectés ou les noms de guerre des chefs de la rébellion. Ainsi, on peut lire sur les côtés des voitures des noms comme Hercule, Cobra rouge, Commando, Delta.
Dans chaque ville, c’est le chef des opérations qui signe les ordres de mission, les laissez-passer et qui délivre les bons de carburant. Confectionnés par eux-mêmes, ces bons permettent de se servir dans les stations service qui sont toutes sous leur contrôle.
En l’absence de policiers et de gendarmes qui ont tous fui, ce sont les rebelles eux-mêmes qui assurent les fonctions de police et de juge. Ils reçoivent des plaintes sur des cas de tout genre, convoquent les parties et tranchent. Ayant ouvert les portes des prisons, les rebelles sont sans pitié pour les voleurs. Ces derniers sont immédiatement abattus dès qu’ils sont surpris.
Dès qu’on a franchi le pont sur le fleuve de la Léraba qui sépare le Burkina de la Côte d’Ivoire, un groupe de rebelles a surgi des buissons. L’air menaçant, armes automatiques aux poings, ils ordonnent tout de suite au véhicule de s’arrêter. Sans attendre les explications, l’un d’entre eux crie : «amène-les au poste !» Très vite, un jeune rebelle prend place à bord du véhicule pour nous conduire au poste frontalier du premier village ivoirien après la frontière. Une fois au poste, on découvre des rebelles armés aussi bien de fusils d’assaut que de fusils de chasse. Assis, les responsables discutent autour d’un verre de thé pendant que les autres veillent. Dès que nous nous présentons, l’ambiance se détend. «On va vous faire un laissez-passer pour vous permettre de continuer jusqu’à Bouaké», rassure le chef adjoint des opérations (CO) de la Léraba. Quelques minutes après, le document est prêt. Il porte l’entête et le cachet du MPCI. Avant de continuer notre route, les rebelles insistent pour nous montrer, dans une petite pièce d’un des bâtiments du poste, des centaines de cartes d’identité burkinabé traînant par terre. «Nous avons déjà envoyé au Burkina le contenu de trois sacs de 50 kg de riz remplis de ces cartes. C’est le reste que vous avez devant vous», explique le CO adjoint de la Léraba. «Policiers et gendarmes retenaient les papiers de tous ceux qui n’arrivaient pas à payer le montant des rackets, précise-t-il. C’est tout ça qu’on veut supprimer en instaurant la libre circulation.»
Mais pour l’instant, il y a de nombreux barrages sur les routes entre les villes sous contrôle rebelle. A l’entrée des villes et des gros villages il faut montrer patte blanche pour passer. Et le laissez-passer ne suffit pas pour rassurer les rebelles. Armes d’assaut en main, ils fouillent systématiquement les véhicules qui passent et vérifient les identités des passagers. Les rares véhicules qui circulent entre les villes doivent se présenter dans les différents centres d’opérations des villes traversées pour faire viser leur laissez-passer. Sortes d’état-major dans les villes occupées par les rebelles, ces centres sont installés dans les casernes militaires, les brigades de gendarmerie ou encore dans les bureaux de préfecture et de sous-préfecture. Chaque chef des opérations occupe le bureau climatisé du préfet, du sous-préfet ou du commandant de brigade. A l’intérieur, règne un certain désordre avec des armes et des munitions entreposées partout.
Les rebelles assurent les fonctions de la police et de la justice
Sur les routes et dans les villes, les maîtres du terrain puissamment armés patrouillent à vive allure dans des véhicules tant militaires que civils. Ils disposent d’un parc auto impressionnant : des centaines Ces véhicules arrachés de force à des sociétés publiques comme privées et à des particuliers sont aujourd’hui pour la plupart méconnaissables. Toutes les plaques d’immatriculation ont été enlevées. De même que les insignes des organismes qui ont été remplacés par des autocollants aux couleurs et initiales du MPCI ou encore les slogans du mouvement tels que «MPCI ou rien», «MPCI jusqu’à la mort»... On retrouve aussi sur ces véhicules, les noms des sections dans lesquels ils sont affectés ou les noms de guerre des chefs de la rébellion. Ainsi, on peut lire sur les côtés des voitures des noms comme Hercule, Cobra rouge, Commando, Delta.
Dans chaque ville, c’est le chef des opérations qui signe les ordres de mission, les laissez-passer et qui délivre les bons de carburant. Confectionnés par eux-mêmes, ces bons permettent de se servir dans les stations service qui sont toutes sous leur contrôle.
En l’absence de policiers et de gendarmes qui ont tous fui, ce sont les rebelles eux-mêmes qui assurent les fonctions de police et de juge. Ils reçoivent des plaintes sur des cas de tout genre, convoquent les parties et tranchent. Ayant ouvert les portes des prisons, les rebelles sont sans pitié pour les voleurs. Ces derniers sont immédiatement abattus dès qu’ils sont surpris.
par Alpha Barry
Article publié le 13/11/2002