Tchad
La rébellion harcèle le pouvoir
La mort annoncée le 24 septembre du chef rebelle Youssouf Togoïmi, n'a pas provoqué au Tchad une guerre des chefs pour sa succession mais plutôt une recrudescence des activités des groupes rebelles contre le pouvoir central de Ndjaména.
Un communiqué des Fonalt (Forces des organisations nationales pour l'alternance et les libertés au Tchad) annonce que le mouvement rebelle, lors de ses récentes actions militaires aurait tué «116 sous-officiers et officiers de l'Armée nationale tchadienne» et saisi «plusieurs véhicules de combats». Les opérations militaires auraient eu pour théâtre les régions de l'est et du sud-est du Tchad. Elles sont frontalières du Soudan et de la Centrafrique. Les autorités tchadiennes ont immédiatement apporté un démenti au communiqué triomphaliste des Fonalt et déclarent être surprises par «cette information qui relève d'une campagne de manipulation de l'opinion tant nationale qu'internationale». Selon le gouvernement tchadien les régions de l'est et du sud-est sont sous contrôle des l'armée nationale et le calme y règnerait.
Le colonel Abdoulaye Issaka Sarwa qui dirige les Fonalt affirme néanmoins que ses hommes ont fait face à des attaques de l'armée régulière et dénonce au passage quelques incursions en territoire centrafricain de l'armée nationale tchadienne. Le colonel Abdoulaye Issaka Sarwa est un ancien de la Garde républicaine, unité d'élite autour du président Idriss Déby. Il a établi ses quartiers dans la région sud-est du Tchad et dirige ses opérations à partir des territoires centrafricain et soudanais. Selon des observateurs, ces régions n'ont jamais été en proie à une rébellion intense même si elles n'ont jamais offert non plus une grande sécurité sur le plan militaire. D'une frontière à une autre et même s'ils n'occupent pas une position stratégique les rebelles tirent un avantage de leur situation. Le président Idriss Déby soupçonne ses voisins du Soudan et de la Centrafrique, qui lui retournent le compliment, de servir de base arrière à l'opposition armée.
Libreville n’a rien réglé
Le dernier exemple qui envenime les relations entre le Tchad et la Centrafrique est le coup d'Etat manqué contre le président Ange-Félix Patassé de la Centrafrique. Le général François Bozizé exilé au Sarh, au sud du Tchad puis à Ndjaména à l'ouest, avait conduit les opérations de tentative de renversement du régime centrafricain, à partir du territoire tchadien, alors qu'un accord de bon voisinage avait été conclu début septembre à Libreville entre les deux pays. Idriss Déby avait accepté de retirer à François Bozizé son autorisation d'asile au Tchad, contre la promesse d'Ange-Félix Patassé de renvoyer Abdoulaye Miskine, opposant légendaire du régime tchadien, de la Centrafrique. Il a trouvé un point de chute à Cotonou au Bénin pendant que François Bozizé a choisi la France comme nouvelle terre d'exil. Mais ses allées et venues entre la France et le Tchad, avant le coup manqué de la mi-octobre contre le gouvernement de Bangui, a alimenté les thèses de trahison soutenues par le président Patassé. Il affirme que la zone pétrolifère découverte au nord de son pays est convoitée par «le Tchad qui tente d'annexer toute la partie nord de la RCA».
Les mouvements rebelles profitent donc de cette brouille pour regagner du terrain. Les accords de Libreville contrariaient aussi leur présence et leur survie dans le sud-est, surtout après les opérations de «nettoyage» conduites par le président Idriss Déby lui même dans la région de l'Ennedy, au nord-est du Tchad, à la frontière du Soudan. Pendant trois semaines, à cheval sur septembre et octobre, l'armée tchadienne y avait attaqué toutes les positions rebelles. Selon l'état major de l'armée il n'y aurait plus des foyers de rébellion dans les montagnes de l'Ennedy. En revanche, l'armée tchadienne n'a mené aucune action contre les rebelles du MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad), implantés dans les montagnes du Tibesti. Tous ces mouvements rebelles se retrouvent au sein l'Armée nationale de résistance (ANR), une super-structure qui regroupe huit mouvements de rébellion et d’opposition au pouvoir de Ndjaména. Elle est dirigée par le colonel Mahamat Garfa, ancien chef d'état major général de l'armée tchadienne qui a rejoint l'opposition armée depuis 1994.
L'Union africaine craignant des affrontements directs entre les armées régulières de la Centrafrique, du Tchad et du Soudan a engagé une mission de consultation auprès des pays concernés mais aussi dans les pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac). Amara Essy, le président intérimaire de la Commission de l'Union africaine a chargé le Nigérien André Salifou de cette mission d'écoute pour recueillir auprès des uns et des autres toutes les propositions de sortie de crise. Par ailleurs, des règlements de compte sur des populations civiles tchadiennes au nord de la Centrafrique inquiètent les autorités panafricaines.
A écouter :
Reportage de Dieudonné Djonabaye à Sido
La communauté tchadienne de Centrafrique vit dans la crainte. Résultat : de plus en plus de Tchadiens rentrent chez eux (19/11/2002).
Le colonel Abdoulaye Issaka Sarwa qui dirige les Fonalt affirme néanmoins que ses hommes ont fait face à des attaques de l'armée régulière et dénonce au passage quelques incursions en territoire centrafricain de l'armée nationale tchadienne. Le colonel Abdoulaye Issaka Sarwa est un ancien de la Garde républicaine, unité d'élite autour du président Idriss Déby. Il a établi ses quartiers dans la région sud-est du Tchad et dirige ses opérations à partir des territoires centrafricain et soudanais. Selon des observateurs, ces régions n'ont jamais été en proie à une rébellion intense même si elles n'ont jamais offert non plus une grande sécurité sur le plan militaire. D'une frontière à une autre et même s'ils n'occupent pas une position stratégique les rebelles tirent un avantage de leur situation. Le président Idriss Déby soupçonne ses voisins du Soudan et de la Centrafrique, qui lui retournent le compliment, de servir de base arrière à l'opposition armée.
Libreville n’a rien réglé
Le dernier exemple qui envenime les relations entre le Tchad et la Centrafrique est le coup d'Etat manqué contre le président Ange-Félix Patassé de la Centrafrique. Le général François Bozizé exilé au Sarh, au sud du Tchad puis à Ndjaména à l'ouest, avait conduit les opérations de tentative de renversement du régime centrafricain, à partir du territoire tchadien, alors qu'un accord de bon voisinage avait été conclu début septembre à Libreville entre les deux pays. Idriss Déby avait accepté de retirer à François Bozizé son autorisation d'asile au Tchad, contre la promesse d'Ange-Félix Patassé de renvoyer Abdoulaye Miskine, opposant légendaire du régime tchadien, de la Centrafrique. Il a trouvé un point de chute à Cotonou au Bénin pendant que François Bozizé a choisi la France comme nouvelle terre d'exil. Mais ses allées et venues entre la France et le Tchad, avant le coup manqué de la mi-octobre contre le gouvernement de Bangui, a alimenté les thèses de trahison soutenues par le président Patassé. Il affirme que la zone pétrolifère découverte au nord de son pays est convoitée par «le Tchad qui tente d'annexer toute la partie nord de la RCA».
Les mouvements rebelles profitent donc de cette brouille pour regagner du terrain. Les accords de Libreville contrariaient aussi leur présence et leur survie dans le sud-est, surtout après les opérations de «nettoyage» conduites par le président Idriss Déby lui même dans la région de l'Ennedy, au nord-est du Tchad, à la frontière du Soudan. Pendant trois semaines, à cheval sur septembre et octobre, l'armée tchadienne y avait attaqué toutes les positions rebelles. Selon l'état major de l'armée il n'y aurait plus des foyers de rébellion dans les montagnes de l'Ennedy. En revanche, l'armée tchadienne n'a mené aucune action contre les rebelles du MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad), implantés dans les montagnes du Tibesti. Tous ces mouvements rebelles se retrouvent au sein l'Armée nationale de résistance (ANR), une super-structure qui regroupe huit mouvements de rébellion et d’opposition au pouvoir de Ndjaména. Elle est dirigée par le colonel Mahamat Garfa, ancien chef d'état major général de l'armée tchadienne qui a rejoint l'opposition armée depuis 1994.
L'Union africaine craignant des affrontements directs entre les armées régulières de la Centrafrique, du Tchad et du Soudan a engagé une mission de consultation auprès des pays concernés mais aussi dans les pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac). Amara Essy, le président intérimaire de la Commission de l'Union africaine a chargé le Nigérien André Salifou de cette mission d'écoute pour recueillir auprès des uns et des autres toutes les propositions de sortie de crise. Par ailleurs, des règlements de compte sur des populations civiles tchadiennes au nord de la Centrafrique inquiètent les autorités panafricaines.
A écouter :
Reportage de Dieudonné Djonabaye à Sido
La communauté tchadienne de Centrafrique vit dans la crainte. Résultat : de plus en plus de Tchadiens rentrent chez eux (19/11/2002).
Article publié le 19/11/2002