Proche-Orient
Israël de plus en plus critiqué pour les bavures de son armée
L’armée israélienne a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi un raid meurtrier contre un camp de réfugiés de la bande de Gaza. Selon un dernier bilan, dix Palestiniens, dont quatre personnes d’une même famille, ont été tués et une vingtaine d’autres blessés. Deux employés de l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés de Palestine (Unrwa) figurent parmi les victimes. L’Autorité palestinienne, qui a dénoncé un «nouveau massacre», a appelé le quartette à «agir d’urgence pour arrêter les crimes» de l’Etat hébreu. Un appel qui intervient au moment où la multiplication des «bavures» de l’armée israélienne exaspère de plus en plus la communauté internationale, y compris Washington qui s’est dit notamment «troublé» à la suite de la destruction d’un entrepôt du Programme alimentaire mondial.
Les Palestiniens de Boureij auront eu droit à un Aïd el Fitr sanglant, cette fête religieuse qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan. L’armée israélienne a en effet fait une très violente incursion, vendredi avant l’aube, dans ce camp de réfugiés situé au centre de la bande de Gaza. Les troupes de Tsahal, appuyées par une quarantaine de chars et plusieurs hélicoptères de combat, sont intervenues pour officiellement détruire la maison d'Aïman Chechniya, un membre des Comités de Résistance populaire, une organisation qui regroupe des militants des divers groupes armés palestiniens. Cet activiste en fuite est en effet recherché par l’Etat hébreu qui l’accuse d’être à l’origine d’attentats à la bombe contre des chars israéliens. Mais après avoir dynamité sa maison, les soldats israéliens se sont heurtés à une résistance armée qui s’est spontanément organisée dans le camp. Et le dernier bilan de cette opération fait état de dix morts, des combattants et des civils, dont une femme. Tous ont reçu des balles ou des éclats d’obus. Selon des témoins, trois des victimes auraient été tuées par un missile tiré depuis un hélicoptère de combat. Deux employés des Nations unies figurent en outre parmi les victimes. Ces deux membres de l’Unrwa travaillaient dans une école où l’un des deux était instituteurs. L’agence onusienne a précisé que les deux hommes étaient désarmés au moment où ils ont été abattus.
Colère des humanitaires
Le bilan de cette incursion et surtout le moment choisi par l’armée israélienne pour intervenir dans ce camp de réfugiés ont provoqué la colère des Palestiniens qui ont dénoncé un «nouveau massacre» et appelé les membres du quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Nations unies) à «agir d’urgence pour obtenir un arrêt des crimes et horreurs commis par l’Etat hébreu et assurer la protection du peuple palestinien». La France a vivement déploré vendredi ce raid, condamnant «l’usage disproportionné de la force armée dans une zone densément peuplée». «Israël doit garder à l’esprit les limites qu’imposent en toute circonstance le droit humanitaire internationale à l’action des forces armées», a notamment déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Une condamnation partagée par la Chine qui a appelé l’Etat hébreu à «arrêter immédiatement les incursions armées afin de créer les conditions d’un retour à la paix et à la stabilité dans la région».
Depuis plusieurs mois, il ne se passe plus une semaine sans que des civils palestiniens –souvent des adolescents voire des enfants– ne soient abattus par des soldats israéliens. La multiplication de ces bavures exaspère de plus en plus la communauté internationale, d’autant plus qu’elles ne sont jamais sanctionnées. La semaine dernière, au cours d’une incursion dans la bande de Gaza, Tsahal a en outre sciemment dynamité un entrepôt du Programme alimentaire mondial. Selon l’agence des Nations unies, 537 tonnes de nourriture, qui devaient être distribuées à 41 300 Palestiniens dans une situation humanitaire particulièrement difficile, ont été détruites. L’Etat hébreu a affirmé n’avoir pas eu connaissance de l’existence de ces stocks mais un représentant du PAM a affirmé que «les soldats avaient fouillé les lieux avec des chiens et savaient parfaitement ce qu’ils abritaient». Cet acte, vivement dénoncé par l’Union européenne, a même gêné le département d’Etat américain qui s’est déclaré «profondément troublé» par l’incident.
Les relations entre Israël et les représentants des agences humanitaires dans les territoires palestiniens sont en outre de plus en plus tendues. Une soixante d’employés de l’ONU, en poste dans la région, a ainsi signé mercredi une pétition pour dénoncer «la politique de harcèlement croissant et de violence» de l’armée israélienne à leur encontre. Un de leur collègue britannique avait été tué il y a une dizaine de jours à Jénine d’une balle tirée par un soldat. Tsahal avait en outre empêché l’accès des secours qui auraient pu tenter de le sauver. Dans leur communiqué, le premier du genre depuis le début de l’Intifada, les humanitaires ont réclamé de l’Etat hébreu que justice lui soit rendue. «Seules les pires sociétés permettent à des bandits en uniforme de tuer sans crainte de sanction», ont-ils notamment estimé.
Colère des humanitaires
Le bilan de cette incursion et surtout le moment choisi par l’armée israélienne pour intervenir dans ce camp de réfugiés ont provoqué la colère des Palestiniens qui ont dénoncé un «nouveau massacre» et appelé les membres du quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Nations unies) à «agir d’urgence pour obtenir un arrêt des crimes et horreurs commis par l’Etat hébreu et assurer la protection du peuple palestinien». La France a vivement déploré vendredi ce raid, condamnant «l’usage disproportionné de la force armée dans une zone densément peuplée». «Israël doit garder à l’esprit les limites qu’imposent en toute circonstance le droit humanitaire internationale à l’action des forces armées», a notamment déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Une condamnation partagée par la Chine qui a appelé l’Etat hébreu à «arrêter immédiatement les incursions armées afin de créer les conditions d’un retour à la paix et à la stabilité dans la région».
Depuis plusieurs mois, il ne se passe plus une semaine sans que des civils palestiniens –souvent des adolescents voire des enfants– ne soient abattus par des soldats israéliens. La multiplication de ces bavures exaspère de plus en plus la communauté internationale, d’autant plus qu’elles ne sont jamais sanctionnées. La semaine dernière, au cours d’une incursion dans la bande de Gaza, Tsahal a en outre sciemment dynamité un entrepôt du Programme alimentaire mondial. Selon l’agence des Nations unies, 537 tonnes de nourriture, qui devaient être distribuées à 41 300 Palestiniens dans une situation humanitaire particulièrement difficile, ont été détruites. L’Etat hébreu a affirmé n’avoir pas eu connaissance de l’existence de ces stocks mais un représentant du PAM a affirmé que «les soldats avaient fouillé les lieux avec des chiens et savaient parfaitement ce qu’ils abritaient». Cet acte, vivement dénoncé par l’Union européenne, a même gêné le département d’Etat américain qui s’est déclaré «profondément troublé» par l’incident.
Les relations entre Israël et les représentants des agences humanitaires dans les territoires palestiniens sont en outre de plus en plus tendues. Une soixante d’employés de l’ONU, en poste dans la région, a ainsi signé mercredi une pétition pour dénoncer «la politique de harcèlement croissant et de violence» de l’armée israélienne à leur encontre. Un de leur collègue britannique avait été tué il y a une dizaine de jours à Jénine d’une balle tirée par un soldat. Tsahal avait en outre empêché l’accès des secours qui auraient pu tenter de le sauver. Dans leur communiqué, le premier du genre depuis le début de l’Intifada, les humanitaires ont réclamé de l’Etat hébreu que justice lui soit rendue. «Seules les pires sociétés permettent à des bandits en uniforme de tuer sans crainte de sanction», ont-ils notamment estimé.
par Mounia Daoudi
Article publié le 06/12/2002