Proche-Orient
Israël relance la colonisation à Hébron
En réponse à l’embuscade sanglante de vendredi soir à Hébron, Israël a décidé de relancer la colonisation dans et autour de la ville palestinienne.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
Dimanche, des dizaines de jeunes Israéliens ont planté des tentes entre le Caveau des Patriarches, le site du tombeau d’Abraham, révéré par les juifs et les musulmans et la colonie de Kyriat Arba, distante d’environ un kilomètre. «Nous avons créé un point d'implantation, car cela aurait été un péché historique de ne pas profiter de l'occasion», a affirmé Zvi Katsover, un dirigeant des colons. Ce faisant, les habitants de Kyriat Arba n’ont fait que suivre les consignes du Premier ministre israélien.
De passage sur les lieux de l’attaque qui a coûté la vie à 9 soldats et 3 vigiles, Ariel Sharon a dit vouloir «exploiter la situation pour créer des faits accomplis sur le
terrain». L’objectif déclaré du chef du gouvernement est d’établir «une continuité territoriale» entre les différentes enclaves juives, celles du centre ville où sont retranchés 500 colons et celle de Kyriat Arba, avec 6500 habitants. Comment atteindre cet objectif sans déplacer les dizaines de milliers de Palestiniens qui résident sur ces terres ? Ariel Sharon n’a pas fourni de précision. Dans la rue de Hébron où sont tombés les victimes de l’embuscade, des colons ont installé trois conteneurs qu’ils considèrent comme le prélude à l’érection d’une nouvelle colonie. Sur l’un d’eux est inscrit, «mort aux Arabes». Depuis samedi, au moins 40 Palestiniens ont été arrêtés, dont quatre qui étaient recherchés. De plus les soldats se sont emparés de sept maisons pour les transformer en postes de surveillance et ont démoli deux habitations appartenant à des militants présumés du Djihad islamique.
Ces actions ont été dénoncées par l’Autorité palestinienne qui accuse l’État hébreu de vouloir «provoquer une nouvelle escalade». De fait à Hébron, l’entremêlement des colonies et des quartiers arabes, rend la situation explosive depuis longtemps. En février 1994, un extrémiste juif, le docteur Baruch Goldstein, avait ouvert le feu sur des musulmans en prière dans le Caveau, faisant 29 morts. Le découpage de la ville en janvier 1997, en deux secteurs, l’un sous contrôle palestinien et l’autre sous contrôle israélien, a inauguré une forme d’autonomie au rabais, qui n’a fait qu’aviver les tensions.
L’échec de six mois d’opérations militaires
Pour assurer la sécurité d’une poignée de colons, 20% de la ville, comprenant le marché, la station de bus et le tombeau d’Abraham, est resté sous occupation. La cohabitation y est d’autant plus intenable, que les colons de Hébron figurent parmi les plus extrémistes des Territoires palestiniens. Fin septembre, le député Meretz (gauche laïque) Yossi Sarid, alors leader de l’opposition de gauche, avait dévoilé devant la Knesset un rapport de l’armée consacrée à leurs exactions. Agressions verbales, passage à tabac, saccage, vols : «la tâche la plus laide de l’entreprise sioniste», selon Sarid, qui affirmait que ces comportements combinaient «fanatisme et hooliganisme».
Avec le déclenchement de l’opération «Rempart» au printemps dernier, ce découpage a volé en éclat. Comme dans les autres villes de Cisjordanie, l’armée a réinvesti les secteurs sous contrôle palestinien. Pendant six mois, les soldats ont procédé à la destruction des bâtiments de l’Autorité Palestinienne, à des rafles massives et à la traque - parfois l’élimination, des combattants. Durant cette période, bouclage et couvre-feu de jour comme de nuit ont été la règle. Puis le 25 octobre dernier, à la faveur d’un processus de retrait progressif négocié par l’ex-ministre de la Défense, Benyamin Ben Eliezer, Tsahal s’est redéployé, conférant à nouveau un semblant d’autonomie à la ville. Pendant trois semaines, Hébron a été calme, confortant l’état-major israélien dans l’idée que l’armée était venu à bout des cellules «terroristes» locales.
L’attaque de vendredi soir apporte un démenti cinglant à cette analyse. Elle signale l’échec de six mois d’opération militaires tous azimuts. Non seulement des activistes du Djihad ont échappé au ratissage de la ville, mais pendant deux heures, ils ont réussi à mettre en déroute des soldats plus nombreux, mieux équipés et mieux entraînés. Le prétendu «massacre» dénoncé par le service de communication du ministre des Affaires étrangères, Benyamin Netanyahu, a été en fait un combat de rue entre deux groupes armés. Les victimes israéliennes sont des militaires, dont le colonel en charge de la région d’Hébron, et des vigiles chargés de la sécurité de Kyriat Arba.
D’ailleurs, selon le quotidien israélien Ha’aretz, les fidèles juifs initialement présentés comme les cibles du commando islamiste, avaient réintégré leur colonie depuis plusieurs minutes, quand les premiers tirs ont retenti. Dimanche, les corps des trois assaillants finalement abattus par l’armée, ont été remis à leurs familles. Agés de vingt ou vingt et un an, ils étaient étudiants au collège polytechnique de Hébron. Par ailleurs, dans la nuit, des chars rentrés dans la ville de Gaza, ont partiellement détruit le QG de la Sécurité préventive longtemps dirigé par Mohamed Dahlan. Chargé de la lutte anti-terroriste, cet organe était l’un des rares de la bande de Gaza dont les infrastructures avaient été épargnées par l’armée israélienne.
Dimanche, des dizaines de jeunes Israéliens ont planté des tentes entre le Caveau des Patriarches, le site du tombeau d’Abraham, révéré par les juifs et les musulmans et la colonie de Kyriat Arba, distante d’environ un kilomètre. «Nous avons créé un point d'implantation, car cela aurait été un péché historique de ne pas profiter de l'occasion», a affirmé Zvi Katsover, un dirigeant des colons. Ce faisant, les habitants de Kyriat Arba n’ont fait que suivre les consignes du Premier ministre israélien.
De passage sur les lieux de l’attaque qui a coûté la vie à 9 soldats et 3 vigiles, Ariel Sharon a dit vouloir «exploiter la situation pour créer des faits accomplis sur le
terrain». L’objectif déclaré du chef du gouvernement est d’établir «une continuité territoriale» entre les différentes enclaves juives, celles du centre ville où sont retranchés 500 colons et celle de Kyriat Arba, avec 6500 habitants. Comment atteindre cet objectif sans déplacer les dizaines de milliers de Palestiniens qui résident sur ces terres ? Ariel Sharon n’a pas fourni de précision. Dans la rue de Hébron où sont tombés les victimes de l’embuscade, des colons ont installé trois conteneurs qu’ils considèrent comme le prélude à l’érection d’une nouvelle colonie. Sur l’un d’eux est inscrit, «mort aux Arabes». Depuis samedi, au moins 40 Palestiniens ont été arrêtés, dont quatre qui étaient recherchés. De plus les soldats se sont emparés de sept maisons pour les transformer en postes de surveillance et ont démoli deux habitations appartenant à des militants présumés du Djihad islamique.
Ces actions ont été dénoncées par l’Autorité palestinienne qui accuse l’État hébreu de vouloir «provoquer une nouvelle escalade». De fait à Hébron, l’entremêlement des colonies et des quartiers arabes, rend la situation explosive depuis longtemps. En février 1994, un extrémiste juif, le docteur Baruch Goldstein, avait ouvert le feu sur des musulmans en prière dans le Caveau, faisant 29 morts. Le découpage de la ville en janvier 1997, en deux secteurs, l’un sous contrôle palestinien et l’autre sous contrôle israélien, a inauguré une forme d’autonomie au rabais, qui n’a fait qu’aviver les tensions.
L’échec de six mois d’opérations militaires
Pour assurer la sécurité d’une poignée de colons, 20% de la ville, comprenant le marché, la station de bus et le tombeau d’Abraham, est resté sous occupation. La cohabitation y est d’autant plus intenable, que les colons de Hébron figurent parmi les plus extrémistes des Territoires palestiniens. Fin septembre, le député Meretz (gauche laïque) Yossi Sarid, alors leader de l’opposition de gauche, avait dévoilé devant la Knesset un rapport de l’armée consacrée à leurs exactions. Agressions verbales, passage à tabac, saccage, vols : «la tâche la plus laide de l’entreprise sioniste», selon Sarid, qui affirmait que ces comportements combinaient «fanatisme et hooliganisme».
Avec le déclenchement de l’opération «Rempart» au printemps dernier, ce découpage a volé en éclat. Comme dans les autres villes de Cisjordanie, l’armée a réinvesti les secteurs sous contrôle palestinien. Pendant six mois, les soldats ont procédé à la destruction des bâtiments de l’Autorité Palestinienne, à des rafles massives et à la traque - parfois l’élimination, des combattants. Durant cette période, bouclage et couvre-feu de jour comme de nuit ont été la règle. Puis le 25 octobre dernier, à la faveur d’un processus de retrait progressif négocié par l’ex-ministre de la Défense, Benyamin Ben Eliezer, Tsahal s’est redéployé, conférant à nouveau un semblant d’autonomie à la ville. Pendant trois semaines, Hébron a été calme, confortant l’état-major israélien dans l’idée que l’armée était venu à bout des cellules «terroristes» locales.
L’attaque de vendredi soir apporte un démenti cinglant à cette analyse. Elle signale l’échec de six mois d’opération militaires tous azimuts. Non seulement des activistes du Djihad ont échappé au ratissage de la ville, mais pendant deux heures, ils ont réussi à mettre en déroute des soldats plus nombreux, mieux équipés et mieux entraînés. Le prétendu «massacre» dénoncé par le service de communication du ministre des Affaires étrangères, Benyamin Netanyahu, a été en fait un combat de rue entre deux groupes armés. Les victimes israéliennes sont des militaires, dont le colonel en charge de la région d’Hébron, et des vigiles chargés de la sécurité de Kyriat Arba.
D’ailleurs, selon le quotidien israélien Ha’aretz, les fidèles juifs initialement présentés comme les cibles du commando islamiste, avaient réintégré leur colonie depuis plusieurs minutes, quand les premiers tirs ont retenti. Dimanche, les corps des trois assaillants finalement abattus par l’armée, ont été remis à leurs familles. Agés de vingt ou vingt et un an, ils étaient étudiants au collège polytechnique de Hébron. Par ailleurs, dans la nuit, des chars rentrés dans la ville de Gaza, ont partiellement détruit le QG de la Sécurité préventive longtemps dirigé par Mohamed Dahlan. Chargé de la lutte anti-terroriste, cet organe était l’un des rares de la bande de Gaza dont les infrastructures avaient été épargnées par l’armée israélienne.
par Benjamin Barthe
Article publié le 18/11/2002