Madagascar
L’espoir de jours meilleurs
Les Malgaches se rendent aux urnes dimanche pour élire leurs députés. Ce scrutin législatif doit permettre au nouveau régime d’asseoir la stabilité politique, après la crise du premier semestre. Une crise qui a laissé des séquelles au niveau économique et social.
De notre correspondant à Madagascar
Vendredi 13 décembre, la Malgache des Jeux lance le loto. Cela pourrait paraître bien anecdotique, à la veille d’une élection législative. Mais c’est la campagne publicitaire, dans la presse, qui attire l’attention: une photo d’un tireur de pousse-pousse tout à sa peine. A côté, le slogan: «Le loto, c’est l’espoir de changer de vie».
Modeste, lui, a simplement l’espoir que ça va aller mieux. Il est justement tireur de pousse-pousse à Tamatave, deuxième ville du pays, sur la côte est. «A Tamatave, c’est très dur, explique-t-il, parce qu’il n’y a pas de clients, pas d’étrangers qui viennent en vacances».
Il y a eu la crise politique du premier semestre, puis la suspension des vols régionaux directs sur les villes de province, pour des motifs de sécurité. Le secteur du tourisme à Tamatave, comme dans les sites plus prisés (Nosy Be, Diego-Suarez, Ste Marie, Tuléar) est toujours au creux de la vague.
Aujourd’hui les responsables du secteur s’activent pour essayer d’établir un plan de relance. Si en 2001, les chiffres officiels ont recensé quelques 100 000 visiteurs, l’objectif, à terme, est de 500 000 touristes à Madagascar à l’aube de 2007. Le programme est ambitieux, mais à la mesure des intentions du nouveau régime en place qui prône un «développement rapide et durable».
L’activité tarde à redémarrer
Depuis son installation à la tête de l’Etat, Marc Ravalomanana cherche à imposer une nouvelle approche dans la politique. Combattre la corruption, instaurer la transparence dans les affaires. Ce qui bouscule visiblement certains entrepreneurs. «Les opérateurs ne sont pas encore habitués à cette nouvelle façon de travailler, explique un des responsables du port de Tamatave, sous couvert d’anonymat. Il faut qu’ils s’acquittent de leurs taxes douanières correctement, pas comme avant».
Adapter ces nouvelles pratiques prend du temps, ce qui explique peut être que l’activité tarde à redémarrer. La grande ville portuaire de l’Est tourne encore au ralenti. Le trafic maritime a baissé d’un quart cette année par rapport à 2001. En plus la conjoncture internationale pénalise les exportations de produits malgaches. Le faible cours des matières premières sur les marchés mondiaux entraîne une baisse de ressources pour les producteurs de girofle, de café, de vanille ou de letchis. Parmi les richesses naturelles de la Grande Ile, la crevette et plus généralement les produits halieutiques sont ceux qui ont subi le moins les conséquences de la crise.
Vendredi 29 novembre, un télédon est organisé à Antananarivo. Cela pourrait paraître anecdotique à la veille de l’ouverture de la campagne électorale. Mais c’est pourtant emblématique de la situation socio-économique. Cet appel à la générosité populaire doit permettre de lever des fonds pour venir en aide à des milliers d’employés d’entreprises en zone franche, qui se trouvent encore au chômage, après la crise.
Les experts estiment qu’en raison des événements politiques, plus de 100 000 personnes ont perdu leur emploi dans les entreprises industrielles. Les plus optimistes avancent qu’un tiers de ces personnes ont ou vont retrouver leur travail d’ici à la fin de l’année. Et 2003 devrait être l’année d’un progressif retour à la normale.
Selon différentes sources, les opérateurs privés se disent prêts à réinvestir à Madagascar, une fois la stabilité politique vraiment garantie. Autrement dit, ces investisseurs attendent que passent les élections législatives du 15 décembre. Les bailleurs de fonds semblent adopter la même attitude. En juillet dernier, les partenaires financiers de Madagascar, réunis à Paris, avaient chiffré à plus de 2,4 milliards de dollars, l’aide qu’ils comptaient apporter à la Grande Ile pour les prochaines années. Seule une partie de ces fonds a été effectivement débloquée à ce jour. En attendant que passent les législatives.
Enfin, au niveau des autorités, on essaye de faire souffler un vent d’optimisme. Si le taux de croissance de l’économie pour 2002 est de –12%, il pourrait atteindre +7% en 2003, selon le ministère de l’économie et des finances. La population a vu les prix augmenter. «Auparavant, on achetait un litre d’huile avec 7000 francs malgaches (environ 1 euro), précise un chauffeur de taxi. Maintenant, il faut compter 12 000 francs malgaches». Un passant poursuit : «Tout le monde espère davantage de changements, au niveau économique et social».
Une habitante conclut, lucidement : «On ne peut pas avoir un miracle, que du jour au lendemain, tout soit changer comme on le veut. Mais en tout les cas, on voudrait que les choses se passent, au niveau du gouvernement, dans la bonne gouvernance. Et au niveau de nous-même, qu’il y ait une amélioration de notre vie, de notre pouvoir d’achat.»
Vendredi 13 décembre, la Malgache des Jeux lance le loto. Cela pourrait paraître bien anecdotique, à la veille d’une élection législative. Mais c’est la campagne publicitaire, dans la presse, qui attire l’attention: une photo d’un tireur de pousse-pousse tout à sa peine. A côté, le slogan: «Le loto, c’est l’espoir de changer de vie».
Modeste, lui, a simplement l’espoir que ça va aller mieux. Il est justement tireur de pousse-pousse à Tamatave, deuxième ville du pays, sur la côte est. «A Tamatave, c’est très dur, explique-t-il, parce qu’il n’y a pas de clients, pas d’étrangers qui viennent en vacances».
Il y a eu la crise politique du premier semestre, puis la suspension des vols régionaux directs sur les villes de province, pour des motifs de sécurité. Le secteur du tourisme à Tamatave, comme dans les sites plus prisés (Nosy Be, Diego-Suarez, Ste Marie, Tuléar) est toujours au creux de la vague.
Aujourd’hui les responsables du secteur s’activent pour essayer d’établir un plan de relance. Si en 2001, les chiffres officiels ont recensé quelques 100 000 visiteurs, l’objectif, à terme, est de 500 000 touristes à Madagascar à l’aube de 2007. Le programme est ambitieux, mais à la mesure des intentions du nouveau régime en place qui prône un «développement rapide et durable».
L’activité tarde à redémarrer
Depuis son installation à la tête de l’Etat, Marc Ravalomanana cherche à imposer une nouvelle approche dans la politique. Combattre la corruption, instaurer la transparence dans les affaires. Ce qui bouscule visiblement certains entrepreneurs. «Les opérateurs ne sont pas encore habitués à cette nouvelle façon de travailler, explique un des responsables du port de Tamatave, sous couvert d’anonymat. Il faut qu’ils s’acquittent de leurs taxes douanières correctement, pas comme avant».
Adapter ces nouvelles pratiques prend du temps, ce qui explique peut être que l’activité tarde à redémarrer. La grande ville portuaire de l’Est tourne encore au ralenti. Le trafic maritime a baissé d’un quart cette année par rapport à 2001. En plus la conjoncture internationale pénalise les exportations de produits malgaches. Le faible cours des matières premières sur les marchés mondiaux entraîne une baisse de ressources pour les producteurs de girofle, de café, de vanille ou de letchis. Parmi les richesses naturelles de la Grande Ile, la crevette et plus généralement les produits halieutiques sont ceux qui ont subi le moins les conséquences de la crise.
Vendredi 29 novembre, un télédon est organisé à Antananarivo. Cela pourrait paraître anecdotique à la veille de l’ouverture de la campagne électorale. Mais c’est pourtant emblématique de la situation socio-économique. Cet appel à la générosité populaire doit permettre de lever des fonds pour venir en aide à des milliers d’employés d’entreprises en zone franche, qui se trouvent encore au chômage, après la crise.
Les experts estiment qu’en raison des événements politiques, plus de 100 000 personnes ont perdu leur emploi dans les entreprises industrielles. Les plus optimistes avancent qu’un tiers de ces personnes ont ou vont retrouver leur travail d’ici à la fin de l’année. Et 2003 devrait être l’année d’un progressif retour à la normale.
Selon différentes sources, les opérateurs privés se disent prêts à réinvestir à Madagascar, une fois la stabilité politique vraiment garantie. Autrement dit, ces investisseurs attendent que passent les élections législatives du 15 décembre. Les bailleurs de fonds semblent adopter la même attitude. En juillet dernier, les partenaires financiers de Madagascar, réunis à Paris, avaient chiffré à plus de 2,4 milliards de dollars, l’aide qu’ils comptaient apporter à la Grande Ile pour les prochaines années. Seule une partie de ces fonds a été effectivement débloquée à ce jour. En attendant que passent les législatives.
Enfin, au niveau des autorités, on essaye de faire souffler un vent d’optimisme. Si le taux de croissance de l’économie pour 2002 est de –12%, il pourrait atteindre +7% en 2003, selon le ministère de l’économie et des finances. La population a vu les prix augmenter. «Auparavant, on achetait un litre d’huile avec 7000 francs malgaches (environ 1 euro), précise un chauffeur de taxi. Maintenant, il faut compter 12 000 francs malgaches». Un passant poursuit : «Tout le monde espère davantage de changements, au niveau économique et social».
Une habitante conclut, lucidement : «On ne peut pas avoir un miracle, que du jour au lendemain, tout soit changer comme on le veut. Mais en tout les cas, on voudrait que les choses se passent, au niveau du gouvernement, dans la bonne gouvernance. Et au niveau de nous-même, qu’il y ait une amélioration de notre vie, de notre pouvoir d’achat.»
par Olivier Péguy
Article publié le 12/12/2002