Congo démocratique
Un accord de paix signé à Pretoria
Un accord politique établissant la répartition des pouvoirs entre le gouvernement actuel, les mouvements de rébellion, l’opposition non-armée et la société civile vient d’être signé en Afrique du Sud. Il doit mettre fin à quatre années de guerre.
«Un cadeau de Noël». C’est en ces termes que l’ambassadeur de RDC en Afrique du Sud a qualifié l’accord signé dans la nuit de lundi à mardi entre les différentes composantes du dialogue intercongolais. Le «cadeau», a-t-il précisé, est fait au peuple congolais qui vient d’endurer quatre ans de guerre et à la communauté internationale qui avait mis les négociateurs sous forte pression pour conduire ces derniers à trouver un accord. Il aura donc fallu une semaine entière de négociations menées jour et nuit, presque sans interruption, pour que les derniers obstacles soient levées grâce aux deux médiateurs, le Sud-Africain Sydney Mufamadi, et le Sénégalais Moustapha Niasse, envoyé spécial de l’ONU
Historique ? Il est encore un peu tôt pour dire si cet accord peut être ainsi qualifié. Seul le temps permettra de jauger la bonne volonté des signataires. L’accord de Pretoria constitue en tout cas une pièce essentielle dans le dispositif qui doit conduire au retour à la paix en RDC. En 1999, l’accord de Lusaka avait posé les bases des négociations. En juillet dernier, le Rwanda signait un accord avec les autorités de Kinshasa donnant le coup d’envoi du retrait des forces rwandaises déployées en RDC. Quelques jours plus tard, c’est l’Ouganda qui suivait le même chemin. Aujourd’hui, l’accord de Pretoria organise la répartition du pouvoir entre les différentes forces du pays pour une période de transition de deux ans.
La question de la démobilisation des rebelles
L’objectif final du texte paraphé dans la nuit de lundi à mardi à Pretoria est l’organisation d’élections générales en RDC. Il s’agirait du premier scrutin de ce type organisé dans le pays depuis les élections qui avaient conduit à l’indépendance en 1960. En attendant l’organisation du scrutin, une période transitoire de deux ans est donc définie durant laquelle le président Joseph Kabila restera à la tête du pays entouré de quatre vice-présidents issus des deux principaux mouvements rebelles (le Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD, soutenu par le Rwanda, et le Mouvement de libération du Congo, MLC, soutenu par l’Ouganda), de l’opposition non armée et de la société civile. Au sein du gouvernement où il n’y aura pas de premier ministre, les 36 postes de ministres et les 25 portefeuille de vice-ministres seront répartis entre les mêmes acteurs.
Un point toutefois a failli faire capoter les discussions à la dernière minute: la présidence du Parlement. Le MLC exigeait la présidence de l’Assemblée nationale. Le gouvernement et le RCD se sont opposés à cette exigence jusqu’au dernier moment. La formulation finalement retenue dans l’accord stipule la présidence de l’Assemblée nationale est attribuable à la discrétion du MLC.
Au terme de quatre années de guerre qui ont fait deux millions et de morts, une dernière question, essentielle, n’est pas abordée dans cet accord: la démobilisation des mouvements rebelles et l’intégration de leurs éléments au sein d’une armée nationale. Par ailleurs, le projet un moment évoqué, d’envoi d’une force de 2000 soldats sud-africains pour assurer la sécurité des responsables rebelles a été abandonné. Il a été décidé d’autoriser chacun d’entre eux à disposer d’une garde rapprochée composée de 5 à 15 gardes du corps.
L’accord de Pretoria doit offrir une perspective politique qui manquait jusqu’ici pour la sortie du conflit le plus grave qu’a connu l’Afrique. La «grande guerre africaine» a impliqué jusqu’à une dizaine de pays du continent.
Historique ? Il est encore un peu tôt pour dire si cet accord peut être ainsi qualifié. Seul le temps permettra de jauger la bonne volonté des signataires. L’accord de Pretoria constitue en tout cas une pièce essentielle dans le dispositif qui doit conduire au retour à la paix en RDC. En 1999, l’accord de Lusaka avait posé les bases des négociations. En juillet dernier, le Rwanda signait un accord avec les autorités de Kinshasa donnant le coup d’envoi du retrait des forces rwandaises déployées en RDC. Quelques jours plus tard, c’est l’Ouganda qui suivait le même chemin. Aujourd’hui, l’accord de Pretoria organise la répartition du pouvoir entre les différentes forces du pays pour une période de transition de deux ans.
La question de la démobilisation des rebelles
L’objectif final du texte paraphé dans la nuit de lundi à mardi à Pretoria est l’organisation d’élections générales en RDC. Il s’agirait du premier scrutin de ce type organisé dans le pays depuis les élections qui avaient conduit à l’indépendance en 1960. En attendant l’organisation du scrutin, une période transitoire de deux ans est donc définie durant laquelle le président Joseph Kabila restera à la tête du pays entouré de quatre vice-présidents issus des deux principaux mouvements rebelles (le Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD, soutenu par le Rwanda, et le Mouvement de libération du Congo, MLC, soutenu par l’Ouganda), de l’opposition non armée et de la société civile. Au sein du gouvernement où il n’y aura pas de premier ministre, les 36 postes de ministres et les 25 portefeuille de vice-ministres seront répartis entre les mêmes acteurs.
Un point toutefois a failli faire capoter les discussions à la dernière minute: la présidence du Parlement. Le MLC exigeait la présidence de l’Assemblée nationale. Le gouvernement et le RCD se sont opposés à cette exigence jusqu’au dernier moment. La formulation finalement retenue dans l’accord stipule la présidence de l’Assemblée nationale est attribuable à la discrétion du MLC.
Au terme de quatre années de guerre qui ont fait deux millions et de morts, une dernière question, essentielle, n’est pas abordée dans cet accord: la démobilisation des mouvements rebelles et l’intégration de leurs éléments au sein d’une armée nationale. Par ailleurs, le projet un moment évoqué, d’envoi d’une force de 2000 soldats sud-africains pour assurer la sécurité des responsables rebelles a été abandonné. Il a été décidé d’autoriser chacun d’entre eux à disposer d’une garde rapprochée composée de 5 à 15 gardes du corps.
L’accord de Pretoria doit offrir une perspective politique qui manquait jusqu’ici pour la sortie du conflit le plus grave qu’a connu l’Afrique. La «grande guerre africaine» a impliqué jusqu’à une dizaine de pays du continent.
par Philippe Couve
Article publié le 17/12/2002