Congo démocratique
Les réactions à l’accord de Pretoria
Dès la signature de l’accord de Pretoria sur le partage du pouvoir en RDC, les différentes parties prenantes se sont exprimées pour souligner quels étaient les points essentiels à leurs yeux de cet accord qui doit mettre un terme à quatre années de guerre.
Adolphe Onusumba, président du RCD-Goma
24 heures après la signature de l'accord politique de Pretoria, Christophe Boisbouvier reçoit le chef rebelle congolais Adolphe Onusumba. Il préside le RCD-Goma, c'est à dire le mouvement rebelle le plus puissant militairement. C'est ce mouvement qui a déclenché le conflit en août 1998 avec l'aide du Rwanda. Un acteur primordial donc dans cette crise, et dans l'accord de paix signé hier.
Ecouter Adolphe Onusumba interrogé par Christophe Boisbouvier.
La société civile
L’accord de Pretoria fait une place à la société civile au côté des mouvements rebelles et de l’opposition non-armée dans le processus de transition qui doit mener à des élections générales dans deux ans. Qui compose cette société civile ? Quel rôle entend-elle jouer dans la transition ?
Ecouter le dossier réalisé par Stanislas Ndayishimiyé.
«Un cadeau de Noël». C’est en ces termes que l’ambassadeur de RDC en Afrique du Sud a qualifié l’accord signé dans la nuit de lundi à mardi entre les différentes composantes du Azarias Ruberwa, secrétaire général du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma) soutenu par le Rwanda
«Je viens d’apposer ma signature sur ce document qui stipule qu’un gouvernement unique va diriger le pays et que sa gestion sera consensuelle». Ecouter Azarias Ruberwa interrogé par Olivier Rogez.
Olivier Kamitatu, porte-parole du Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par l’Ouganda
«Cette fois c’est la bonne, tout le monde souhaite réellement la paix. Cet accord, c’est le socle sur lequel nous allons bâtir le Congo nouveau». Ecouter Olivier Kamitatu interrogé par Olivier Rogez.
Vital Kamere, commissaire général du gouvernement de Kinshasa «L’accord ne prévoit pas de collégialité. Les attributions du président sont bien définies».
Ecouter Vital Kamere interrogé par Olivier Rogez.
Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social).
«Je suis candidat à la 4e vice-présidence de la République qui revient à l’opposition non armée. Ce qui est important c’est de bien préparer le peuple aux élections en créant un environnement de paix et de démocratie». Ecouter Etienne Tshisekedi interrogé par Monique Mas.
Amos Namanga Ngongi, représentant de Kofi Annan en République démocratique du Congo (RDC) et plus haut responsable de la mission onusienne (MONUC).
«C'est une évolution formidable pour le peuple congolais! Pour la MONUC c'est la possibilité de remplir sa mission en pleine coopération avec une administration centrale au lieu d'avoir à négocier sur le terrain, au coup par coup. Finalement la classe politique de ce pays a pris en considération les aspirations des Congolaises et des Congolais et, malgré les difficultés et les divergences, a eu le courage, la patience et la volonté de trouver une solution durable» a-t-il déclaré à l’AFP.
Bernard Valéro, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires Etrangères.
"La France salue la conclusion de cet accord, qui doit permettre d'aborder, sur des bases consensuelles, la reconstruction et le relèvement de la RDC". Paris "invite à présent les parties à mettre en oeuvre l'accord sans tarder» et appelle à l'installation dans les meilleurs délais à Kinshasa du gouvernement de coalition et des principales institutions "dans le strict respect des conditions de sécurité prévues par l'accord". "Ces institutions de transition doivent fonctionner dans un esprit de pleine coopération, dans le souci de l'intérêt général de la nation congolaise", a insisté le porte-parole.
Guy Verhofstadt, premier ministre belge, Louis Michel, ministre belge des Affaires étrangères.
«La Belgique assure de son soutien les institutions de transition. Il importe maintenant que tous les acteurs congolais prennent leurs responsabilités et s'engagent de bonne foi dans cette phase décisive avec comme seul objectif de construire ensemble l'avenir d'un Congo démocratique, prospère et stable».dialogue intercongolais. Le «cadeau», a-t-il précisé, est fait au peuple congolais qui vient d’endurer quatre ans de guerre et à la communauté internationale qui avait mis les négociateurs sous forte pression pour conduire ces derniers à trouver un accord. Il aura donc fallu une semaine entière de négociations menées jour et nuit, presque sans interruption, pour que les derniers obstacles soient levées grâce aux deux médiateurs, le Sud-Africain Sydney Mufamadi, et le Sénégalais Moustapha Niasse, envoyé spécial de l’ONU
Historique ? Il est encore un peu tôt pour dire si cet accord peut être ainsi qualifié. Seul le temps permettra de jauger la bonne volonté des signataires. L’accord de Pretoria constitue en tout cas une pièce essentielle dans le dispositif qui doit conduire au retour à la paix en RDC. En 1999, l’accord de Lusaka avait posé les bases des négociations. En juillet dernier, le Rwanda signait un accord avec les autorités de Kinshasa donnant le coup d’envoi du retrait des forces rwandaises déployées en RDC. Quelques jours plus tard, c’est l’Ouganda qui suivait le même chemin. Aujourd’hui, l’accord de Pretoria organise la répartition du pouvoir entre les différentes forces du pays pour une période de transition de deux ans.
La question de la démobilisation des rebelles
L’objectif final du texte paraphé dans la nuit de lundi à mardi à Pretoria est l’organisation d’élections générales en RDC. Il s’agirait du premier scrutin de ce type organisé dans le pays depuis les élections qui avaient conduit à l’indépendance en 1960. En attendant l’organisation du scrutin, une période transitoire de deux ans est donc définie durant laquelle le président Joseph Kabila restera à la tête du pays entouré de quatre vice-présidents issus des deux principaux mouvements rebelles (le Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD, soutenu par le Rwanda, et le Mouvement de libération du Congo, MLC, soutenu par l’Ouganda), de l’opposition non armée et de la société civile. Au sein du gouvernement où il n’y aura pas de premier ministre, les 36 postes de ministres et les 25 portefeuille de vice-ministres seront répartis entre les mêmes acteurs.
Un point toutefois a failli faire capoter les discussions à la dernière minute: la présidence du Parlement. Le MLC exigeait la présidence de l’Assemblée nationale. Le gouvernement et le RCD se sont opposés à cette exigence jusqu’au dernier moment. La formulation finalement retenue dans l’accord stipule la présidence de l’Assemblée nationale est attribuable à la discrétion du MLC.
Au terme de quatre années de guerre qui ont fait deux millions et de morts, une dernière question, essentielle, n’est pas abordée dans cet accord: la démobilisation des mouvements rebelles et l’intégration de leurs éléments au sein d’une armée nationale. Par ailleurs, le projet un moment évoqué, d’envoi d’une force de 2000 soldats sud-africains pour assurer la sécurité des responsables rebelles a été abandonné. Il a été décidé d’autoriser chacun d’entre eux à disposer d’une garde rapprochée composée de 5 à 15 gardes du corps.
L’accord de Pretoria doit offrir une perspective politique qui manquait jusqu’ici pour la sortie du conflit le plus grave qu’a connu l’Afrique. La «grande guerre africaine» a impliqué jusqu’à une dizaine de pays du continent.
24 heures après la signature de l'accord politique de Pretoria, Christophe Boisbouvier reçoit le chef rebelle congolais Adolphe Onusumba. Il préside le RCD-Goma, c'est à dire le mouvement rebelle le plus puissant militairement. C'est ce mouvement qui a déclenché le conflit en août 1998 avec l'aide du Rwanda. Un acteur primordial donc dans cette crise, et dans l'accord de paix signé hier.
Ecouter Adolphe Onusumba interrogé par Christophe Boisbouvier.
La société civile
L’accord de Pretoria fait une place à la société civile au côté des mouvements rebelles et de l’opposition non-armée dans le processus de transition qui doit mener à des élections générales dans deux ans. Qui compose cette société civile ? Quel rôle entend-elle jouer dans la transition ?
Ecouter le dossier réalisé par Stanislas Ndayishimiyé.
«Un cadeau de Noël». C’est en ces termes que l’ambassadeur de RDC en Afrique du Sud a qualifié l’accord signé dans la nuit de lundi à mardi entre les différentes composantes du Azarias Ruberwa, secrétaire général du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma) soutenu par le Rwanda
«Je viens d’apposer ma signature sur ce document qui stipule qu’un gouvernement unique va diriger le pays et que sa gestion sera consensuelle». Ecouter Azarias Ruberwa interrogé par Olivier Rogez.
Olivier Kamitatu, porte-parole du Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par l’Ouganda
«Cette fois c’est la bonne, tout le monde souhaite réellement la paix. Cet accord, c’est le socle sur lequel nous allons bâtir le Congo nouveau». Ecouter Olivier Kamitatu interrogé par Olivier Rogez.
Vital Kamere, commissaire général du gouvernement de Kinshasa «L’accord ne prévoit pas de collégialité. Les attributions du président sont bien définies».
Ecouter Vital Kamere interrogé par Olivier Rogez.
Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social).
«Je suis candidat à la 4e vice-présidence de la République qui revient à l’opposition non armée. Ce qui est important c’est de bien préparer le peuple aux élections en créant un environnement de paix et de démocratie». Ecouter Etienne Tshisekedi interrogé par Monique Mas.
Amos Namanga Ngongi, représentant de Kofi Annan en République démocratique du Congo (RDC) et plus haut responsable de la mission onusienne (MONUC).
«C'est une évolution formidable pour le peuple congolais! Pour la MONUC c'est la possibilité de remplir sa mission en pleine coopération avec une administration centrale au lieu d'avoir à négocier sur le terrain, au coup par coup. Finalement la classe politique de ce pays a pris en considération les aspirations des Congolaises et des Congolais et, malgré les difficultés et les divergences, a eu le courage, la patience et la volonté de trouver une solution durable» a-t-il déclaré à l’AFP.
Bernard Valéro, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires Etrangères.
"La France salue la conclusion de cet accord, qui doit permettre d'aborder, sur des bases consensuelles, la reconstruction et le relèvement de la RDC". Paris "invite à présent les parties à mettre en oeuvre l'accord sans tarder» et appelle à l'installation dans les meilleurs délais à Kinshasa du gouvernement de coalition et des principales institutions "dans le strict respect des conditions de sécurité prévues par l'accord". "Ces institutions de transition doivent fonctionner dans un esprit de pleine coopération, dans le souci de l'intérêt général de la nation congolaise", a insisté le porte-parole.
Guy Verhofstadt, premier ministre belge, Louis Michel, ministre belge des Affaires étrangères.
«La Belgique assure de son soutien les institutions de transition. Il importe maintenant que tous les acteurs congolais prennent leurs responsabilités et s'engagent de bonne foi dans cette phase décisive avec comme seul objectif de construire ensemble l'avenir d'un Congo démocratique, prospère et stable».dialogue intercongolais. Le «cadeau», a-t-il précisé, est fait au peuple congolais qui vient d’endurer quatre ans de guerre et à la communauté internationale qui avait mis les négociateurs sous forte pression pour conduire ces derniers à trouver un accord. Il aura donc fallu une semaine entière de négociations menées jour et nuit, presque sans interruption, pour que les derniers obstacles soient levées grâce aux deux médiateurs, le Sud-Africain Sydney Mufamadi, et le Sénégalais Moustapha Niasse, envoyé spécial de l’ONU
Historique ? Il est encore un peu tôt pour dire si cet accord peut être ainsi qualifié. Seul le temps permettra de jauger la bonne volonté des signataires. L’accord de Pretoria constitue en tout cas une pièce essentielle dans le dispositif qui doit conduire au retour à la paix en RDC. En 1999, l’accord de Lusaka avait posé les bases des négociations. En juillet dernier, le Rwanda signait un accord avec les autorités de Kinshasa donnant le coup d’envoi du retrait des forces rwandaises déployées en RDC. Quelques jours plus tard, c’est l’Ouganda qui suivait le même chemin. Aujourd’hui, l’accord de Pretoria organise la répartition du pouvoir entre les différentes forces du pays pour une période de transition de deux ans.
La question de la démobilisation des rebelles
L’objectif final du texte paraphé dans la nuit de lundi à mardi à Pretoria est l’organisation d’élections générales en RDC. Il s’agirait du premier scrutin de ce type organisé dans le pays depuis les élections qui avaient conduit à l’indépendance en 1960. En attendant l’organisation du scrutin, une période transitoire de deux ans est donc définie durant laquelle le président Joseph Kabila restera à la tête du pays entouré de quatre vice-présidents issus des deux principaux mouvements rebelles (le Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD, soutenu par le Rwanda, et le Mouvement de libération du Congo, MLC, soutenu par l’Ouganda), de l’opposition non armée et de la société civile. Au sein du gouvernement où il n’y aura pas de premier ministre, les 36 postes de ministres et les 25 portefeuille de vice-ministres seront répartis entre les mêmes acteurs.
Un point toutefois a failli faire capoter les discussions à la dernière minute: la présidence du Parlement. Le MLC exigeait la présidence de l’Assemblée nationale. Le gouvernement et le RCD se sont opposés à cette exigence jusqu’au dernier moment. La formulation finalement retenue dans l’accord stipule la présidence de l’Assemblée nationale est attribuable à la discrétion du MLC.
Au terme de quatre années de guerre qui ont fait deux millions et de morts, une dernière question, essentielle, n’est pas abordée dans cet accord: la démobilisation des mouvements rebelles et l’intégration de leurs éléments au sein d’une armée nationale. Par ailleurs, le projet un moment évoqué, d’envoi d’une force de 2000 soldats sud-africains pour assurer la sécurité des responsables rebelles a été abandonné. Il a été décidé d’autoriser chacun d’entre eux à disposer d’une garde rapprochée composée de 5 à 15 gardes du corps.
L’accord de Pretoria doit offrir une perspective politique qui manquait jusqu’ici pour la sortie du conflit le plus grave qu’a connu l’Afrique. La «grande guerre africaine» a impliqué jusqu’à une dizaine de pays du continent.
Article publié le 17/12/2002