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Irak

L’opposition en congrès à Londres

Six des principaux mouvements de l’opposition irakienne se sont retrouvés samedi et dimanche à Londres pour un congrès qui a prévu de s’attaquer à l’après-Saddam Hussein, au moment où l’administration américaine augmente sa pression sur le régime de Bagdad, en multipliant notamment les manœuvres dans le Golfe. Reporté à plusieurs reprises en raison des nombreuses rivalités au sein de l’opposition irakienne, ce congrès a été boudé par plusieurs formations, dont le parti communiste et le parti islamiste al-Daoua, principal mouvement chiite. Ces défections mettent en doute la légitimité de la réunion de Londres que ses détracteurs accusent d’être manipulée par Washington.
«Ce sera une réunion politique et non un rassemblement militaire», a affirmé vendredi le général Najib al-Salhi, l’un des officiers dissidents les plus en vogue au sein de l’opposition au régime de Bagdad. Les 330 personnalités irakiennes qui se retrouvent ce week-end à Londres ne vont en effet pas débattre des moyens de renverser Saddam Hussein –une mission qui semble revenir à Washington– mais de la reconstruction du pays. Les divergences au sein de cette opposition sont toutefois multiples, en témoigne notamment la difficulté à organiser ce congrès, prévu initialement à Bruxelles, puis à Londres, et reporté à plusieurs reprises. Le grand défi de ce rassemblement sera donc pour les participants de présenter une image unie. Tous reconnaissent certes la nécessité de mettre en place en Irak un régime démocratique, respectueux des minorités ethniques et religieuses mais chacun prêche pour sa paroisse.

Ainsi les kurdes, rassemblés au sein de deux mouvements, l’Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani, souhaitent voir instaurer un Etat fédéral. Ils tiennent le nord du pays depuis 1991 et vivent une expérience d’autonomie des plus réussies qu’ils veulent pouvoir poursuivre. Les chiites de l’Assemblée suprême de la Révolution islamique en Irak (ASRI) craignent pour leur part les dangers d’une fédération pour l’unité du pays. L’ASRI et le parti al-Daoua, qui boycotte cette réunion de Londres, forment le principal mouvement d’opposition chiite solidement implanté dans le Sud. La communauté chiite représente 60% de la population irakienne. Plaidant encore pour le rétablissement de la monarchie, le Mouvement pour la monarchie constitutionnelle (MNC) est dirigé par un cousin du roi Fayçal d’Irak déposé en 1958. Il risque toutefois d’avoir toutes les difficultés à imposer son point de vue.

Légitimité contestée de l’opposition irakienne

Deux autres formations, le Congrès national irakien (CNI) et le Mouvement de l’entente nationale (MEN) seront représentés à Londres. La première, basée dans la capitale britannique, dispose via l’un de ses dirigeants, le très médiatique et ambitieux Ahmed Chalabi –qui se voit déjà remplaçant Saddam Hussein–, d’un fort soutien du Pentagone. Fondée en 1992, au lendemain de la guerre du Golfe, elle regroupe des membres d’horizons divers et ne semble pas très populaire. Le MEN, qui peut également se prévaloir du soutien de certains faucons du Pentagone, rassemble pour sa part d’anciens officiers et certaines personnalités en exil.

Le peu d’influence de ces deux mouvements en Irak et leur manque de représentativité mettent largement en cause leur légitimité, de plus en plus entachée par le soutien franc de Washington. La décision du président Bush d’affecter 92 millions de dollars à l’opposition irakienne réunie à Londres, a d’ailleurs largement contribué au boycott du congrès par des formations comme al-Daoua, le Parti communiste, ou encore la branche syrienne du parti Baas, opposée à celle de Bagdad.

A écouter :

Une importante communauté irakienne vit a londres et suit le congrès de l'opposition. Sur place, Maya Siblini (envoyée spéciale de RFI à Londres, le 15/12/2002).

L’opposition irakienne se prépare à une intervention américaine. Maya Siblini (15/12/2002).



par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/12/2002