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Mali

Paralysie sur l’axe Abidjan-Bamako

Le Mali, pays enclavé, dépend en grande partie de la Côte d’Ivoire pour l’importation des produits de grande consommation. Mais le puissant voisin est essentiel pour l’exportation du bétail et du coton.
L’axe Abidjan-Bouaké-Bamako est une artère nourricière pour le Mali car plus de 70% des importations du pays l’empruntent, souligne la direction des relations économiques extérieures du ministère français des Finances. De fait, 3400 tonnes de marchandises, soit 135 camions, se rendent tous les jours au Mali en partant de la Côte d’Ivoire. Ce pays enclavé qu’est le Mali dépend en grande partie de la Côte d’Ivoire pour l’importation de produits manufacturés et de produits d’entretien (savons, lessives, cosmétiques), mais aussi de produits alimentaires comme l’huile, le café soluble, les fruits, l’atiéké et bien d’autres choses encore. La pénurie s’est instaurée sur certains produits de grande consommation poussant les grossistes maliens à s’approvisionner au Ghana mais aussi au Togo et au Nigeria. Les circuits de distribution en sont rallongés ce qui renchérit les coûts du transport, d’où une hausse des prix. Une étude réalisée par le Club du Sahel estime qu’une entreprise qui s’approvisionne par le Ghana ou le Burkina Faso subit un surcoût de 30 à 40%.

Face au risque d'inflation brutale, le gouvernement malien a pris des dispositions d’urgence. La TVA a été suspendue sur les produits de base comme le riz ou le sucre, ce qui a permis de contenir les prix. Des mesures ont également été prises pour éviter les ruptures de stocks de carburant. Mais on observe quand même des augmentations de prix sur le ciment, avec des conséquences immédiates sur le coût de la construction, l’avocat, la banane ou la cola. Les secteurs qui connaissent le plus grand ralentissement d’activité sont le transport routier, empêché par les barrages, et le BTP.

La dépendance à l’égard du puissant voisin ivoirien est encore plus grande en ce qui concerne les exportations maliennes. Le bétail, tout particulièrement, trouve un débouché essentiel sur le marché ivoirien. Là, le phénomène de distorsion entre l’offre et la demande joue à la baisse du prix. Pour se défaire de la viande qu’ils ne peuvent plus exporter les éleveurs maliens bradent leur marchandise. Le Mali, premier producteur de coton d’Afrique de l’ouest s’inquiète aussi pour la commercialisation de sa récolte. A juste titre. On peut envisager d’écouler la marchandise à exporter par d’autres ports comme celui de Téma au Ghana ou ceux de Cotonou et Lomé. Mais ces ports n’ont pas la possibilité de traiter de telles quantités imprévues et le changement de trajet ajouté à la sous-capacité vont entraîner une augmentation des coûts de transports. Le grand bassin cotonnier du sud du Mali est potentiellement en danger. Il en est de même pour les milliers de tonnes de mangues à destination de l’Union européenne et d’autres producteurs mondiaux pourraient bien profiter pour investir ce marché pendant la crise.

A cela s’ajoute le problème du retour des travailleurs maliens de Côte d’Ivoire et des réfugiés, moins crucial que celui des Burkinabé mais portant quand même sur plusieurs milliers de personnes. La question a été jugée suffisamment grave, en tout cas, pour qu’une commission nationale de crise attachée aux services du Premier ministre ait été créée. Afin d’accueillir les réfugiés un financement de 40 millions de CFA a d’ores et déjà été débloqué.

Repères :

Superficie: 1 240 192 km²
Capitale: Bamako
Population : 11,7 millions d'habitants
PIB par habitant: 166 300 F CFA (255 €) -Taux de croissance du PIB en 2001: 6,2 %
Prévisions de croissance du PIB en 2002: 5 %
Inflation en Octobre 2002: +1,3%
(Sources: IZF.net)



par Francine  Quentin

Article publié le 31/12/2002