Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Burkina Faso

Fermeture du couloir «naturel» des exportations

Depuis la fermeture de la frontière terrestre avec la Côte d’Ivoire le Burkina Faso ressent avec plus d’intensité encore les difficultés de sa situation de pays enclavé et sa dépendance économique à l’égard de son voisin maritime.
La dégradation des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, dès le déclenchement de la crise, a entraîné la fermeture de la frontière terrestre entre les deux pays depuis le 23 septembre. L’accès à la mer par le port d’Abidjan, axe privilégié car «naturel» des exportations burkinabé est donc bloqué. L’acheminement du coton de la prochaine campagne risque d’être problématique.

Au début de la crise, selon la Lettre économique du Burkina, 30 000 tonnes de marchandises en provenance de Ouagadougou étaient en attente au port d’Abidjan. Le réembarquement des marchandises ou le déroutage des navires cause à la fois des délais supplémentaires de livraison et des coûts de transports plus élevés. Première victime de la fermeture frontalière, la société de chemin de fer reliant les deux pays, la SITARAIL, qui a cessé toute activité et mis des milliers de salariés au chômage technique. La société burkinabé de textile SOFITEX prépare une diversification accélérée de ses circuits d'exportation vers le Ghana, le Bénin et le Togo mais évalue le surcoût à 1,7 milliard de CFA soit 2,6 millions d'euros.

Les produits de contre-saison destinés à l’Europe comme les mangues de la région du sud-ouest du Burkina ne peuvent plus compter que sur la mise en place rapide d’un circuit d’exportation à partir de l’aéroport de Bobo-Dioulasso.

Pour ravitailler les marchés locaux en produits de première nécessité importés comme les produits d’entretien, certains produits manufacturés ou alimentaires (atiéké, bananes, cola) les commerçants se sont rabattus sur le Togo, le Ghana et le Nigeria. Mais ces produits subissent des augmentations de prix allant parfois du simple au double. La modification des réseaux d’approvisionnement mais aussi les coûts de transaction liés au fait que le Ghana n’appartient pas à la zone franc CFA sont une des explications de ces hausses de prix.

A l’inverse, les éleveurs de bovins, dont le client ivoirien est devenu inaccessible, connaissent en raison du manque de débouchés des baisses de prix sur leur bétail de l’ordre de 30 à 35%. Les produits maraîchers ont les même difficultés en ce qui concerne les productions d’oignons ou de poivrons.

Mais à cela s’ajoute l’éventualité d’un retour massif des Burkinabé vivant en Côte d’Ivoire parfois depuis très longtemps. Ils sont officiellement trois millions et bon nombre d’entre eux, nés de l’autre côté de la frontière, ne connaissent pas leur pays d’origine. Leur retour risque de poser de gros problèmes de réinsertion. Sans compter que les concours financiers de la diaspora burkinabé résidant en Côte d’Ivoire représentent de 10 à 20% du budget de l’Etat.

Repères :

Superficie: 274 000 km²
Capitale: Ouagadougou
Population: 11,9 millions d'habitants
PIB par habitant: 154 800 F CFA (240 €) -Taux de croissance du PIB en 2001: 6,2%
Prévisions de croissance du PIB en 2002: 5%
Inflation en Octobre 2002: -0,4%
(Sources IZF.net)



par Francine  Quentin

Article publié le 31/12/2002