Burkina Faso
Ouagadougou critique la politique française en Côte d’Ivoire
Alors qu’à Abidjan la presse salue le renforcement du dispositif militaire français en Côte d’Ivoire, à Ouagadougou c’est la colère et l’indignation. Dans un ton unanime, les journaux burkinabè dénoncent cette prise de position de Paris qui renforce ainsi le régime du président Laurent Gbagbo. Le gouvernement de Blaise Compaoré qui se sent visé dans les déclarations du ministre français des Affaires étrangères dénonçant les «ingérences extérieures» crie à l’injustice et à la politique du «deux poids, deux mesures» quant au sort des étrangers en Côte d’Ivoire.
De notre correspondant au Burkina Faso
Au Burkina, personne n’apprécie le récent revirement de la France dans la crise ivoirienne. Dans les cafés, maquis ou «grains de thé» (sorte de clubs d’amis qui se réunissent autour du thé), où la situation en Côte d’Ivoire domine les discussions, on ne tarit pas de diatribes contre Paris. Ayant pris fait et cause pour la rébellion à cause des exactions que subissent leurs compatriotes dans les zones loyalistes, les burkinabè se montrent déçus de l’attitude de la France. «C’est de la partialité ! Ils préparent le génocide!»
Même le gouvernement n’a pu se contenir. Samedi dernier à l’occasion de la journée nationale du paysan organisée dans la localité de N’dorola (ouest) le ministre de l’agriculture Salif Diallo, qui passe pour être un proche parmi les proches du président Blaise Compaoré, a rué dans les brancards. «Il se trouve des personnes bien pensantes pour accuser notre pays d’ingérence en Côte d’Ivoire, alors que pour 200 élèves, pour 20000 citoyens sous les tropiques, on déploie des armadas», a-t-il lancé dans un discours prononcé devant Blaise Compaoré et surtout devant les ambassadeurs occidentaux.
«Que dire alors du Burkina Faso dont environ trois millions de ressortissants après avoir sué sang et eau pour bâtir la Côte d’Ivoire et enrichir certaines multinationales que je me garderai de qualifier sont aujourd’hui massacrés et enfouis dans des charniers?», s’interroge Salif Diallo qui a appelé la communauté internationale à être plus juste dans le traitement des citoyens du monde.
Depuis la mort de Sankara, on n'avait pas entendu de mots aussi durs conre la France
«Je suis persuadé que le peuple ivoirien saura triompher de l’imposture. Toutes les guerres coloniales ont été remportées par les peuples et dans ce cas-ci, je suis également persuadé que le peuple ivoirien, la jeunesse ivoirienne sauront triompher des forces du mal», a conclu le ministre burkinabè dans un tonnerre d’applaudissements. Depuis la fin de la révolution dirigée par le capitaine Thomas Sankara (1983- 1987), on n’avait pas vu une prise de position du Burkina aussi démarquée de la France.
A la suite de cette sortie gouvernementale, la presse burkinabè dénonçait à son tour l’attitude la France accusée de fermer les yeux sur les tueries dont sont victimes les étrangers ouest-africains et les Ivoiriens du nord notamment à Daloa, à Man ou à Monoko Zohi. «Pour l’heure, sa présence n’a permis de sécuriser que ses ressortissants et subsidiairement les autres blancs ; la grande masse des étrangers (Guinéens, Burkinabè, Maliens) vivant l’enfer à Abidjan», écrit Sidwaya, le quotidien d’Etat dans son édition de lundi. L’observateur qui souligne qu’«une vie africaine n’est pas inférieure à une vie française bien que ce soit une vie de nègre».
Alors que le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin dénonce «les ingérences extérieures, c'est-à-dire toute action menée à partir des Etats voisins, livraisons d'armes, soutien en hommes», L’observateur se demande ce qu’aurait fait la France à la place du Burkina et du Mali dont les ressortissants «sont tués.» «Pourquoi la France ne met-elle donc pas autant de fermeté à dénoncer, condamner et mettre fin à ce pogrom des étrangers alors qu’elle veut dissuader les pays voisins d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire pour protéger leurs ressortissants», s’interroge l’éditorialiste du journal.
«N’est-ce pas une ingérence dans les affaires internes ivoiriennes quand la France prend position aux côtés de Gbagbo?», se demande aussi L’express du Faso, autre quotidien burkinabè paraissant à Bobo-Dioulasso. Dans ce concert de tirs groupés contre Paris, l’ambassadeur de France à Ouagadougou Maurice Portiche a décidé de s’expliquer. Il rencontre jeudi prochain la presse burkinabè pour expliquer la position de son pays. Un exercice pour le moins difficile d’autant plus que les témoignages sur les exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabè en Côte d’ivoire se multiplient au fur et à mesure que ces derniers regagnent «de force» le pays.
Au Burkina, personne n’apprécie le récent revirement de la France dans la crise ivoirienne. Dans les cafés, maquis ou «grains de thé» (sorte de clubs d’amis qui se réunissent autour du thé), où la situation en Côte d’Ivoire domine les discussions, on ne tarit pas de diatribes contre Paris. Ayant pris fait et cause pour la rébellion à cause des exactions que subissent leurs compatriotes dans les zones loyalistes, les burkinabè se montrent déçus de l’attitude de la France. «C’est de la partialité ! Ils préparent le génocide!»
Même le gouvernement n’a pu se contenir. Samedi dernier à l’occasion de la journée nationale du paysan organisée dans la localité de N’dorola (ouest) le ministre de l’agriculture Salif Diallo, qui passe pour être un proche parmi les proches du président Blaise Compaoré, a rué dans les brancards. «Il se trouve des personnes bien pensantes pour accuser notre pays d’ingérence en Côte d’Ivoire, alors que pour 200 élèves, pour 20000 citoyens sous les tropiques, on déploie des armadas», a-t-il lancé dans un discours prononcé devant Blaise Compaoré et surtout devant les ambassadeurs occidentaux.
«Que dire alors du Burkina Faso dont environ trois millions de ressortissants après avoir sué sang et eau pour bâtir la Côte d’Ivoire et enrichir certaines multinationales que je me garderai de qualifier sont aujourd’hui massacrés et enfouis dans des charniers?», s’interroge Salif Diallo qui a appelé la communauté internationale à être plus juste dans le traitement des citoyens du monde.
Depuis la mort de Sankara, on n'avait pas entendu de mots aussi durs conre la France
«Je suis persuadé que le peuple ivoirien saura triompher de l’imposture. Toutes les guerres coloniales ont été remportées par les peuples et dans ce cas-ci, je suis également persuadé que le peuple ivoirien, la jeunesse ivoirienne sauront triompher des forces du mal», a conclu le ministre burkinabè dans un tonnerre d’applaudissements. Depuis la fin de la révolution dirigée par le capitaine Thomas Sankara (1983- 1987), on n’avait pas vu une prise de position du Burkina aussi démarquée de la France.
A la suite de cette sortie gouvernementale, la presse burkinabè dénonçait à son tour l’attitude la France accusée de fermer les yeux sur les tueries dont sont victimes les étrangers ouest-africains et les Ivoiriens du nord notamment à Daloa, à Man ou à Monoko Zohi. «Pour l’heure, sa présence n’a permis de sécuriser que ses ressortissants et subsidiairement les autres blancs ; la grande masse des étrangers (Guinéens, Burkinabè, Maliens) vivant l’enfer à Abidjan», écrit Sidwaya, le quotidien d’Etat dans son édition de lundi. L’observateur qui souligne qu’«une vie africaine n’est pas inférieure à une vie française bien que ce soit une vie de nègre».
Alors que le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin dénonce «les ingérences extérieures, c'est-à-dire toute action menée à partir des Etats voisins, livraisons d'armes, soutien en hommes», L’observateur se demande ce qu’aurait fait la France à la place du Burkina et du Mali dont les ressortissants «sont tués.» «Pourquoi la France ne met-elle donc pas autant de fermeté à dénoncer, condamner et mettre fin à ce pogrom des étrangers alors qu’elle veut dissuader les pays voisins d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire pour protéger leurs ressortissants», s’interroge l’éditorialiste du journal.
«N’est-ce pas une ingérence dans les affaires internes ivoiriennes quand la France prend position aux côtés de Gbagbo?», se demande aussi L’express du Faso, autre quotidien burkinabè paraissant à Bobo-Dioulasso. Dans ce concert de tirs groupés contre Paris, l’ambassadeur de France à Ouagadougou Maurice Portiche a décidé de s’expliquer. Il rencontre jeudi prochain la presse burkinabè pour expliquer la position de son pays. Un exercice pour le moins difficile d’autant plus que les témoignages sur les exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabè en Côte d’ivoire se multiplient au fur et à mesure que ces derniers regagnent «de force» le pays.
par Alpha Barry
Article publié le 17/12/2002