Burkina Faso
Rapatriement des «déguerpis» d’Abidjan
Alors que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dénonce la poursuite des destructions des bidonvilles d’Abidjan, les habitants de ces quartiers précaires, étrangers pour la plupart, partis au tout début de la crise ivoirienne commencent à rentrer dans leur pays. Plus de mille Burkinabés sont déjà arrivés chez eux à la faveur d’une opération spéciale de rapatriement volontaire organisée par le gouvernement du Burkina.
De notre correspondant au Burkina Faso
Dimanche 17 novembre, il est minuit et demie. Un convoi de six cars fait son entrée à Ouagadougou escorté par deux motards de gendarmerie avec sirène. C’est un groupe de rapatriés volontaires burkinabé de Côte d’Ivoire qui rentrent au pays. C’est le deuxième convoi d’une série qui devrait permettre de rapatrier quelque 7 000 ressortissants burkinabé désireux de retourner au bercail. Les six cars traversent la ville avant de s’immobiliser sur l’esplanade du stade du 4 août : des centaines de personnes, en majorité des femmes et des enfants, en sortent. La fatigue se lit sur les visages. Le voyage a été long et pénible pour ces candidats au retour. Au nombre de 665, ils ont voyagé dans des cars de 70 places surchargés avec des tonnes de bagages.
Partis d’Abidjan le mercredi 13 novembre, ils ont mis quatre jours pour arriver à Ouagadougou. Le convoi a traversé l’est de la Côte d’Ivoire puis le Ghana, du sud au nord, avant d’atteindre le Burkina, du côté de la ville de Pô. Un long trajet emprunté dans le but de contourner la zone rebelle qui sépare le Burkina du sud de la Côte d’Ivoire où est situé la capitale économique ivoirienne. Les conditions de voyage ont été difficiles à supporter pour certains rapatriés tombés malades ou décédés en cours de route.
La plupart de ceux qui ont choisi de rentrer habitaient des quartiers précaires d’Abidjan. Ils étaient sans abri depuis la destruction de leurs baraquements ordonnés par les autorités ivoiriennes. On se rappelle que dans son premier discours à la nation après les événements du 19 septembre, le président Laurent Gbagbo avait en personne prévenu que «les quartiers dits précaires» soupçonnés d’abriter des assaillants allaient être «nettoyés». Dès le lendemain, des forces de l’ordre détruisaient et incendiaient les maisons de ces bidonvilles habitées pour la plupart par des ouest-africains notamment des Burkinabés dont la communauté en Côte d’Ivoire est estimée à environ 3 millions de personnes (2,2 millions selon le recensement de 1998). Les autres candidats au retour sont des déplacés de la région de Soubré, dans l’ouest du pays. Ils avaient été chassés de leurs campements par les populations autochtones.
Un programme pour 125 000 personnes
Sans abri donc, tous ces déguerpis et déplacés avaient demandé aux autorités de l’ambassade du Burkina à Abidjan leur rapatriement. Le gouvernement a alors mis en place une opération de retour volontaire baptisée Baa Yiri, c’est-à-dire mère patrie en langue locale. D’un coût total de 435 millions de FCFA financés par l’État, ses démembrements et les bailleurs de fonds du pays, l’opération Baa Yiri vise à ramener les rapatriés dans leurs villages d’origine.
Accueillis d’abord à Pô par les autorités provinciales, ces derniers sont ensuite conduits à Ouagadougou. Un site de transit a été ouvert pour eux au stade du 4 août. Là, ils sont pris en charge par un comité d’accueil mis en place par le gouvernement avec l’appui de la Croix rouge burkinabé et du Programme alimentaire mondial (PAM). Outre les repas servis sur place, chacun reçoit des nattes, des couvertures ainsi que des vêtements. Les malades sont pris en charge par la Croix rouge. Après un recensement fait par les services de police et de gendarmerie, chaque rapatrié reçoit une allocation de transport lui permettant de rejoindre son village d’origine ainsi qu’un kit alimentaire composé de 13,5 kg de céréales et de légumineuses soit l’équivalent d’une ration mensuelle. Selon le comité d’accueil, chacun recevra, une fois installé dans son village, une deuxième ration alimentaire pour un second mois.
Des Maliens, Sénégalais et Nigériens ont profité de l’aubaine pour quitter Abidjan. «Nous avons attendu en vain le convoi du Mali. Mais pressés de partir, on a été obligé d’embarquer avec les Burkinabés», explique une ressortissante malienne les larmes aux yeux.
Le Burkina Faso, qui s’attend à un retour massif de ses ressortissants si la situation venait à empirer en Côte d’Ivoire, a prévu des sites d’accueil dans les villes frontalières. Un programme de 2,2 milliards de FCFA financé à hauteur de 90% par des bailleurs de fonds a été élaboré par le gouvernement pour couvrir les besoins d’au moins 125.000 personnes.
Dimanche 17 novembre, il est minuit et demie. Un convoi de six cars fait son entrée à Ouagadougou escorté par deux motards de gendarmerie avec sirène. C’est un groupe de rapatriés volontaires burkinabé de Côte d’Ivoire qui rentrent au pays. C’est le deuxième convoi d’une série qui devrait permettre de rapatrier quelque 7 000 ressortissants burkinabé désireux de retourner au bercail. Les six cars traversent la ville avant de s’immobiliser sur l’esplanade du stade du 4 août : des centaines de personnes, en majorité des femmes et des enfants, en sortent. La fatigue se lit sur les visages. Le voyage a été long et pénible pour ces candidats au retour. Au nombre de 665, ils ont voyagé dans des cars de 70 places surchargés avec des tonnes de bagages.
Partis d’Abidjan le mercredi 13 novembre, ils ont mis quatre jours pour arriver à Ouagadougou. Le convoi a traversé l’est de la Côte d’Ivoire puis le Ghana, du sud au nord, avant d’atteindre le Burkina, du côté de la ville de Pô. Un long trajet emprunté dans le but de contourner la zone rebelle qui sépare le Burkina du sud de la Côte d’Ivoire où est situé la capitale économique ivoirienne. Les conditions de voyage ont été difficiles à supporter pour certains rapatriés tombés malades ou décédés en cours de route.
La plupart de ceux qui ont choisi de rentrer habitaient des quartiers précaires d’Abidjan. Ils étaient sans abri depuis la destruction de leurs baraquements ordonnés par les autorités ivoiriennes. On se rappelle que dans son premier discours à la nation après les événements du 19 septembre, le président Laurent Gbagbo avait en personne prévenu que «les quartiers dits précaires» soupçonnés d’abriter des assaillants allaient être «nettoyés». Dès le lendemain, des forces de l’ordre détruisaient et incendiaient les maisons de ces bidonvilles habitées pour la plupart par des ouest-africains notamment des Burkinabés dont la communauté en Côte d’Ivoire est estimée à environ 3 millions de personnes (2,2 millions selon le recensement de 1998). Les autres candidats au retour sont des déplacés de la région de Soubré, dans l’ouest du pays. Ils avaient été chassés de leurs campements par les populations autochtones.
Un programme pour 125 000 personnes
Sans abri donc, tous ces déguerpis et déplacés avaient demandé aux autorités de l’ambassade du Burkina à Abidjan leur rapatriement. Le gouvernement a alors mis en place une opération de retour volontaire baptisée Baa Yiri, c’est-à-dire mère patrie en langue locale. D’un coût total de 435 millions de FCFA financés par l’État, ses démembrements et les bailleurs de fonds du pays, l’opération Baa Yiri vise à ramener les rapatriés dans leurs villages d’origine.
Accueillis d’abord à Pô par les autorités provinciales, ces derniers sont ensuite conduits à Ouagadougou. Un site de transit a été ouvert pour eux au stade du 4 août. Là, ils sont pris en charge par un comité d’accueil mis en place par le gouvernement avec l’appui de la Croix rouge burkinabé et du Programme alimentaire mondial (PAM). Outre les repas servis sur place, chacun reçoit des nattes, des couvertures ainsi que des vêtements. Les malades sont pris en charge par la Croix rouge. Après un recensement fait par les services de police et de gendarmerie, chaque rapatrié reçoit une allocation de transport lui permettant de rejoindre son village d’origine ainsi qu’un kit alimentaire composé de 13,5 kg de céréales et de légumineuses soit l’équivalent d’une ration mensuelle. Selon le comité d’accueil, chacun recevra, une fois installé dans son village, une deuxième ration alimentaire pour un second mois.
Des Maliens, Sénégalais et Nigériens ont profité de l’aubaine pour quitter Abidjan. «Nous avons attendu en vain le convoi du Mali. Mais pressés de partir, on a été obligé d’embarquer avec les Burkinabés», explique une ressortissante malienne les larmes aux yeux.
Le Burkina Faso, qui s’attend à un retour massif de ses ressortissants si la situation venait à empirer en Côte d’Ivoire, a prévu des sites d’accueil dans les villes frontalières. Un programme de 2,2 milliards de FCFA financé à hauteur de 90% par des bailleurs de fonds a été élaboré par le gouvernement pour couvrir les besoins d’au moins 125.000 personnes.
par Alpha Barry
Article publié le 20/11/2002