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Côte d''Ivoire

Des signes d’ouverture

Aucun incident n’a été signalé au cours de ces derniers jours sur la «ligne de non-franchissement». En revanche des civils fuient les combats dans les villages du Nord-Ouest. Les mouvements rebelles continuent d’affirmer leur volonté de parvenir à une solution négociée de la crise. De son côté le président de la République s’apprête à présenter son «plan de sortie de crise» dont l’essentiel du contenu pourrait susciter l’intérêt des belligérants, même s’il ne répond pas à toutes leurs attentes.
Après les incidents militaires du week-end dernier, la vive réaction des trois mouvements rebelles en début de semaine, puis les déclarations d’apaisement de ces derniers jours, la Côte d’Ivoire est désormais dans l’attente de deux échéances. D’une part le président Laurent Gbagbo doit présenter incessamment ses «mesures pour une sortie de crise durable» dont l’essentiel des propositions a largement filtré par voie de presse. Le projet prévoit notamment la formation d’un «gouvernement de rassemblement» et, surtout, un «référendum sur trois questions soulevées par la crise : les conditions d’éligibilité à la présidence de la République, le code foncier rural et la nationalité». Ce volet constituerait la principale offre politique, ou concession, aux rebelles du Nord, ces trois points figurant en effet parmi leurs principales revendications. D’autres mesures de nature à apaiser le climat social et politique sont également envisagées : «projet de loi contre le racisme, la xénophobie et le tribalisme», «suppression de la carte de séjour» et «naturalisation ‘sans condition de stage’ de personnalités ayant rendu des services éminents à la Côte d’Ivoire et qui souhaitent avoir la nationalité ivoirienne». Il n’est en revanche pas question, jusqu’ici, de satisfaire la revendication des rebelles qui exigent le départ du président et l’organisation d’élections anticipées.

C’est un point de divergence important, mais le principal mouvement rebelle, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), ne ferme pas la porte. «Nous verrons si ces propositions sont réalistes ou non», a déclaré à Reuters son porte-parole. Konate Sidiki qui rappelle également que son mouvement est «toujours sur la voie de la négociation, pas sur la voie de la guerre». Des déclarations qui surviennent au lendemain de celles prononcées, dans le même esprit d’apaisement, par les deux autres mouvements rebelles apparus fin novembre dans l’ouest du pays.

Des combats dans l’Ouest

En dépit de ces perspectives politiques peut-être encourageantes, l’activité militaire semble pourtant se poursuivre sans relâche sur le front ouest. Faute d’observateur sur le terrain on ne peut la mesurer qu’à l’aune de ses conséquences sur les populations dont les villages sont affectés par la guerre. Ils fuient. L’envoyé spécial de l’AFP au check-point français de Duékoué évalue à plusieurs milliers les villageois contraints de fuir, depuis le début de la semaine, sous la menace des tirs d’artillerie. Selon les témoignages qu’il a recueilli des hommes armés se livrent à des pillages, des vols, des exactions.

Ces affrontements témoignent de la part des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) d’un traitement particulier de ce front ouest, où les deux mouvements rebelles qu’elles combattent, le Mouvement patriotique ivoirien du Grand-Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP), ne sont signataires d’aucun accord de cessez-le-feu. D’ailleurs, lors d’un point de presse consacré à la reconstruction en cours des FANCI en début de semaine, le ministre délégué chargé de la Défense et de la Protection civile s’est adressé directement à elles : «Sur le front ouest, je leur demande d’attaquer. C’est un ordre», a déclaré Kadet Gahié Bertin, rapporté par le quotidien Fraternité matin.

La seconde échéance est celle du déploiement, au 31 décembre, de la force d’interposition «Ecomog» de la CEDEAO, forte à terme de 1264 hommes venus du Sénégal (qui commandera la mission), Ghana, Togo, Niger et Bénin. La décision de la déployer remonte au sommet sous-régional initial d’Accra, le 29 septembre. Depuis, son montage butte sur toute sorte d’obstacles techniques et politiques. Ils sont désormais levés, théoriquement. Les contributions en tout cas sont enregistrées, les dotations listées. Le Nigeria, principal pilier de l’Ecomog lors de ses précédentes missions au Liberia et en Sierra Leone, a confirmé jeudi qu’il ne participerait pas à celle-ci, sinon de façon très marginale. Officiellement Abuja estime n’avoir pas obtenu la reconnaissance internationale qui lui revenait pour sa contribution au maintien et à la restauration de la paix dans la sous-région. Les autorités nigérianes escomptaient un «geste» qu’elles n’ont jamais obtenu sur la dette extérieure du pays.



par Georges  Abou

Article publié le 26/12/2002