Côte d''Ivoire
La crise ivoirienne étrangle l’économie de ses voisins
L’OCDE et le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest viennent de tenir un séminaire de réflexion sur les conséquences économiques et sociales de la crise en Côte d’Ivoire sur les pays de la sous région.
De notre envoyé spécial à Cotonou
Au Bénin, il existe un «baromètre national» de l’activité économique. Ce baromètre, c’est le marché international de Dantokpa à Cotonou. Le ministre d’Etat béninois chargé du plan et de la coordination de l’action gouvernementale, Bruno Amoussou, se réfère aux indications que le marché donne en temps réel sur la situation des échanges commerciaux. Depuis le début de la crise ivoirienne, la fréquentation de ce marché est en net recul et certaines activités concernant les tissus et denrées périssables connaissent un fort ralentissement. Le problème de la gestion des stocks devient crucial. L’approvisionnement et l’écoulement de produits alimentaires empruntent des voies détournées entraînent une hausse vertigineuse des prix dans tous les pays autour de la Côte d’Ivoire.
C’est pour examiner les conséquences économiques de la crise ivoirienne qu’une cinquante d’invités viennent de participer à ce séminaire de réflexion organisé à Cotonou. Les participants représentent des banques régionales, des chambres de commerce et d’industrie, des corporations d’entrepreneurs privés, des transitaires, des experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA).
Tous les pays de la région, CEDEAO (les pays anglophones compris) et ceux de la zone UEMOA (uniquement les pays francophones), subissent sans exception les contre-coups de la guerre en Côte d’Ivoire. La récolte et l’exportation du coton, par exemple, sont bloquées en Côte d’Ivoire du fait de l’occupation de la zone de production par les rebelles du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire). Cette zone, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire, s’étend également sur le sud du Mali et du Burkina Faso.
Pour les opérateurs économiques, une seule solution: mettre en place des stratégies de contournement des difficultés. Dans cette perspective, les insuffisances des systèmes de transport dans la région sont alors apparues comme des freins aux capacités d’adaptation des entrepreneurs. Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest insiste sur la nécessité de doter la région d’un réseau de communication «qui donnerait à toutes les zones de production et d’échanges, plusieurs voies alternatives de communication avec le reste de la région». Ces préoccupations seront inscrites dans le prochain Programme indicatif régional qui serait bientôt signé avec l’Union européenne.
Protéger aussi les échanges commerciaux
En attendant, la situation d’urgence pousse les entrepreneurs à demander l’organisation de convois «escortés par les forces d’interposition» pour l’évacuation des produits vers les marchés côtiers. Ils réclament également le bitumage rapide de certains grands axes, surtout celui reliant Wa au nord-ouest du Ghana à Bobo Dioulasso au sud-ouest du Burkina Faso. Cette opération devrait compenser, en partie, la fermeture de l’axe vers Abidjan au bénéfice du Mali et du Burkina Faso. Ils demandent également aux instances de soutien aux différents programmes de développement d’engager des réflexions avec les décideurs régionaux sur la diversification des exportations des pays sahéliens. Le souci du désenclavement a également fait renaître l’idée de la réalisation de «ports secs» ou de plate-formes logistiques pour ne plus être totalement tributaire du port d’Abidjan.
Avant la mise en œuvre de tous ces choix stratégiques le problème du rétablissement de la confiance entre partenaires se pose en termes plus cruciaux. Le changement d’axe n’est pas une garantie de sécurité, c’est pourquoi le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest préconise la création d’un «observatoire des pratiques illicites en cours sur les grands axes de circulation régionaux». Par sa connaissance du terrain et au travers des programmes conduits pour le développement de la région, le Club offre ses services dans le cas d’une médiation qui impliquerait des acteurs venant de tous les horizons et qui vivent aussi dans leur quotidien les conséquences de la crise ivoirienne.
Les représentants des différents corps de métier, des chambres de commerce, les acteurs de la vie économique invités à Cotonou ont bien accueilli la bonne disposition du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et salué en l’initiative de la rencontre de Cotonou la volonté des organisateurs de rechercher réellement des solutions durables aux problèmes de la région. Loin des rencontres entre ministres, présidents et autres rebelles, les participants au séminaire de Cotonou sont convaincus de poser, mieux que les politiciens, des actes politiques qui détermineront l’avenir et la cohésion de la région ouest-africaine.
Au Bénin, il existe un «baromètre national» de l’activité économique. Ce baromètre, c’est le marché international de Dantokpa à Cotonou. Le ministre d’Etat béninois chargé du plan et de la coordination de l’action gouvernementale, Bruno Amoussou, se réfère aux indications que le marché donne en temps réel sur la situation des échanges commerciaux. Depuis le début de la crise ivoirienne, la fréquentation de ce marché est en net recul et certaines activités concernant les tissus et denrées périssables connaissent un fort ralentissement. Le problème de la gestion des stocks devient crucial. L’approvisionnement et l’écoulement de produits alimentaires empruntent des voies détournées entraînent une hausse vertigineuse des prix dans tous les pays autour de la Côte d’Ivoire.
C’est pour examiner les conséquences économiques de la crise ivoirienne qu’une cinquante d’invités viennent de participer à ce séminaire de réflexion organisé à Cotonou. Les participants représentent des banques régionales, des chambres de commerce et d’industrie, des corporations d’entrepreneurs privés, des transitaires, des experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA).
Tous les pays de la région, CEDEAO (les pays anglophones compris) et ceux de la zone UEMOA (uniquement les pays francophones), subissent sans exception les contre-coups de la guerre en Côte d’Ivoire. La récolte et l’exportation du coton, par exemple, sont bloquées en Côte d’Ivoire du fait de l’occupation de la zone de production par les rebelles du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire). Cette zone, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire, s’étend également sur le sud du Mali et du Burkina Faso.
Pour les opérateurs économiques, une seule solution: mettre en place des stratégies de contournement des difficultés. Dans cette perspective, les insuffisances des systèmes de transport dans la région sont alors apparues comme des freins aux capacités d’adaptation des entrepreneurs. Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest insiste sur la nécessité de doter la région d’un réseau de communication «qui donnerait à toutes les zones de production et d’échanges, plusieurs voies alternatives de communication avec le reste de la région». Ces préoccupations seront inscrites dans le prochain Programme indicatif régional qui serait bientôt signé avec l’Union européenne.
Protéger aussi les échanges commerciaux
En attendant, la situation d’urgence pousse les entrepreneurs à demander l’organisation de convois «escortés par les forces d’interposition» pour l’évacuation des produits vers les marchés côtiers. Ils réclament également le bitumage rapide de certains grands axes, surtout celui reliant Wa au nord-ouest du Ghana à Bobo Dioulasso au sud-ouest du Burkina Faso. Cette opération devrait compenser, en partie, la fermeture de l’axe vers Abidjan au bénéfice du Mali et du Burkina Faso. Ils demandent également aux instances de soutien aux différents programmes de développement d’engager des réflexions avec les décideurs régionaux sur la diversification des exportations des pays sahéliens. Le souci du désenclavement a également fait renaître l’idée de la réalisation de «ports secs» ou de plate-formes logistiques pour ne plus être totalement tributaire du port d’Abidjan.
Avant la mise en œuvre de tous ces choix stratégiques le problème du rétablissement de la confiance entre partenaires se pose en termes plus cruciaux. Le changement d’axe n’est pas une garantie de sécurité, c’est pourquoi le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest préconise la création d’un «observatoire des pratiques illicites en cours sur les grands axes de circulation régionaux». Par sa connaissance du terrain et au travers des programmes conduits pour le développement de la région, le Club offre ses services dans le cas d’une médiation qui impliquerait des acteurs venant de tous les horizons et qui vivent aussi dans leur quotidien les conséquences de la crise ivoirienne.
Les représentants des différents corps de métier, des chambres de commerce, les acteurs de la vie économique invités à Cotonou ont bien accueilli la bonne disposition du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et salué en l’initiative de la rencontre de Cotonou la volonté des organisateurs de rechercher réellement des solutions durables aux problèmes de la région. Loin des rencontres entre ministres, présidents et autres rebelles, les participants au séminaire de Cotonou sont convaincus de poser, mieux que les politiciens, des actes politiques qui détermineront l’avenir et la cohésion de la région ouest-africaine.
par Didier Samson
Article publié le 20/12/2002