Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d''Ivoire

Inquiétude et mobilisation

Après les Etats-Unis, le Canada, qui récemment ont demandé au personnel "non essentiel" de leurs ambassades de quitter la Côte d’Ivoire, c’est autour de la plupart des pays européens (Grande Bretagne, Italie, Belgique, Allemagne et Pays-Bas) de demander officiellement à leurs ressortissants de quitter le territoire, car «une instabilité croissante est constatée dans l’ouest, le centre et l’est du pays», selon les termes employés par l’ambassadeur belge en poste à Abidjan. De son côté l’ambassade britannique a lancé un appel similaire, en insistant qu’il s’agissait «du dernier avertissement» et qu’elle ne pourrait plus être en mesure d’assurer la protection de ses ressortissants.
Ces mesures ont été annoncées au moment où les deux camps qui s’affrontent depuis le 19 septembre dernier continuent leur mobilisation. Jeudi 12 décembre devraient commencer à Abidjan l’enrôlement et la formation de quelques 3 000 jeunes volontaires, qui devraient ensuite rejoindre les forces présentes notamment sur le front ouest, où deux nouveaux mouvements rebelles ont fait leur apparition. Sur ce même front, l’offensive lancée la semaine dernière par les loyalistes, avec chars et hélicoptères, semble porter ses fruits : l’armée ivoirienne aurait repris non seulement la «capitale» régionale - Man - mais aussi la ville de Blolekin, située près de la frontière libérienne. Il s’agit d’un important centre de production du cacao - dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial - qui le week-end dernier était tombée entre les mains de rebelles se réclamant du MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest). «Nous continuons maintenant, à partir de Blolekin» a déclaré à l’agence Reuters une source militaire loyaliste.

Du côté des rebelles du MPCI, basés à Bouaké, la décision d’instaurer un couvre-feu dans la deuxième ville du pays devenue leur quartier-général a été suivie de celle de déclarer Abidjan «zone de guerre», selon le correspondant local du quotidien privé Soir Info. L’un des chefs rebelles, Zacharias Koné, responsable de la région de Vaoua, a quant à lui déclaré dans une interview à la télévision de la rébellion «TV-Notre patrie» émettant à Bouaké : «Dans quelques jours, avant d’entrer dans le palais présidentiel avec ma nouvelle voiture que j’ai arrachée aux forces gouvernementales, j’irai prendre mon café à Mama», le village natal du président Laurent Gbagbo situé près de Daloa.

Depuis plusieurs semaines les forces rebelles affirment disposer de cinq avions : deux Alphajets de l’aviation ivoirienne qu’ils auraient réussi à réparer et trois autres petits avions. Ce que les journalistes présents à Bouaké n’ont pu confirmer. En revanche il semble bien que la rébellion dispose de lance-roquettes anti-chars de type RPG-7 et de missiles sol-air et sol-sol : des armes leur permettant de faire face aux hélicoptères de fabrication russe de l’armée loyaliste. Des renforts en hommes sont également arrivés récemment de Korhogo, qui s’ajoutent aux quelque 700 ‘dozos’ (guerriers traditionnels) et aux 3 000 jeunes recrues toujours en période d’entraînement.

«Notre mission est délicate»

L’inquiétude qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire a été confirmée mercredi par les propos tenus par le porte-parole de l’armée française, Ange-Antoine Leccia, qui a souligné que la mission de l’armée française est «délicate». «Nous maintenons un dialogue entre les deux camps, en particulier au niveau de la ligne de non franchissement où nos troupes sont déployées, a-t-il dit au quotidien Le Parisien. Si la situation l’exigeait, les cinq bases françaises prépositionnées en Afrique (pourraient) assurer rapidement des renforts».

Interrogé sur une éventuelle offensive des rebelles en direction de San Pédro, le port du sud-ouest par lequel transite le cacao ivoirien, Leccia a affirmé : «Notre dispositif n’est pas figé. Il évolue en fonction de la situation sécuritaire des Français et des étrangers présents dans le pays. Nous avons recensés plus de 500 Français et bi-nationaux dans la région de San Pédro. Sans être spécialement préoccupés par cette région, nous sommes attentifs et prêts à intervenir si une menace se précisait».



par Elio  Comarin

Article publié le 11/12/2002