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Côte d''Ivoire

Découverte d'un second charnier et mobilisation générale

Après la découverte d’un charnier dans l’ouest du pays, un autre a été signalé à Bouaké, la tension est montée d’un cran entre les rebelles et le gouvernement ivoirien. De part et d’autre on sonne la mobilisation générale.

Quelques jours après la découverte du charnier de Monoko-Zoy, un village à l’ouest de la Côte d’Ivoire, par les militaires de l’armée française, les langues commencent par se délier. Des scènes d’horreur sont décrites par des habitants de Monoko-Zoy et des villages avoisinants qui fuient la région.

A l’annonce de la découverte du charnier, les militaires français n’ont pas désigné de responsables mais les autorités d’Abidjan ont fait remarquer que les rebelles du MPCI contrôlaient la région au moment des faits, c’est-à-dire le 29 novembre. Mais selon certains habitants de Monoko-Zoy interrogés par l’AFP les rebelles du MPCI auraient quitté les lieux la veille. Ces témoignages accusent donc les forces loyalistes qui «ne se sentent pas concernées par cette affaire. Ces tueries ne peuvent être imputées qu’aux assaillants(rebelles), dont les méthodes sont connues de tous» affirme le lieutenant-colonel Jules Yao-yao, le porte-parole de l’état-major des armées ivoiriennes.

Selon le correspondant de l’AFP, le chef de la communauté des Burkinabé de la région, Bouréima Ouédraogo, le charnier de Monoko-Zoy comporterait essentiellement des corps de ressortissants ouest-africains tués par les forces loyalistes. Le sergent rebelle Zacharias Koné accuse aussi les forces loyalistes d’avoir «assassiné des innocents Maliens, Burkinabé et Nigériens». Rebelles et forces loyalistes se rejettent donc la responsabilité des tueries et réclament, les uns et les autres, une commission d’enquête. Mais dans cette partie ouest de la Côte d’Ivoire les combats font rage et la zone reste interdite à la presse. Un habitant de la commune de Doué fait état de renforts militaires qui arrivent d’Abidjan, au micro de Carine Frenk. Les populations apeurées se lancent sur les routes pour fuir les combats.

Un second charnier

La situation demeure encore incertaine dans la ville de Man dans l'Ouest. Les rebelles du MPCI venus de Khorogo prêter main forte à ceux du Mouvement populaire ivoirien du grand ouest(MPIGO) tiennent-ils vraiment la ville? Les informations restent contradictoires. Les forces gouvernementales affirment avoir repris la ville, ce qui laisse en tout cas présumer de la violence des combats pour le contrôle de la région.
Une violence dont témoigne un habitant de la région de Man joint par Carine Frenk.

Un second charnier a découvert dans la ville de Bouaké. Les corps d’au moins 86 gendarmes y seraient ensevelis. Ces gendarmes des forces loyalistes auraient péri dans les combats qui les ont opposés aux rebelles dès le début du conflit, le 19 septembre. L’agence de presse catholiqueMisma annonce la découverte de la fosse commune,
au micro de Cyrille Bensimon, en se fondant sur des témoignages qui accusent aussi les rebelles MPCI.

Face à la multiplication des fronts et à l’apparition d’une nouvelle rébellion MJP (Mouvement pour la justice et la paix) le gouvernement ivoirien veut se donner les moyens d’être présent sur tous les fronts. La défense du territoire et de son intégrité a motivé le choix du gouvernement de Laurent Gbagbo de recourir aux bras valides de la nation. Le ministre délégué à la Défense Bertin Kadet, a appelé les jeunes Ivoiriens, entre 20 et 26 ans, à rejoindre les rangs de l’armée nationale sur la base d’un volontariat. «C’est le début de la guerre civile et de la constitution de milices en Côte d’Ivoire» rétorquent les rebelles du MPCI qui tiennent toujours leurs positions dans le nord du pays. Eux aussi appellent les jeunes volontaires à les rejoindre.



par Didier  Samson

Article publié le 08/12/2002