Côte d''Ivoire
Un charnier découvert dans l’Ouest
Pour la première fois depuis le cessez-le-feu du 3 octobre, un charnier a été découvert dans un endroit isolé, situé entre Vavoua et Daloa, où de nombreux combats ont eu lieu dernièrement.
L’armée française a découvert jeudi soir un charnier d’une trentaine de mètres de long, au lieudit Monoko-Zoy, soit 70 kilomètres au nord-ouest de Daloa, au centre de la zone tampon qui sépare les forces loyalistes des rebelles. Un «no man’s land» sillonné par l’armée française depuis la signature du cessez-le-feu, qui a été le théâtre des principaux affrontements entre les rebelles du MPCI (qui contrôle Vavoua) et les Fanci (Forces armées nationales).
C’est aussi dans cette zone éloignée des principaux axes que se trouvent les forces rebelles dirigées par Zacharias Koné: un sergent qui n’a pratiquement jamais accepté le cessez-le-feu signé par le MPCI, dont il fait néanmoins partie. Cette ambiguïté a «permis» aux forces loyalistes de lancer plusieurs offensives infructueuses contre Vavoua, sans remettre formellement en cause le respect du cessez-le-feu, dans une région très vallonnée et difficile d’accès qui assure une partie de la production du café et du cacao ivoirien. Selon les rebelles du MPCI, c’est aussi dans cette région, et notamment autour de la localité de Pélézi, que les forces loyalistes ont effectué dans la nuit de mardi à mercredi un «bombardement».
Selon le porte-parole de l’armée française Ange-Antoine Leccia, des soldats français en patrouille de surveillance du cessez-le-feu, alertés par un villageois, ont découvert «un monticule de terre de trente mètres de long sur deux mètres de haut d’où dépassaient des corps». Ce même villageois a ensuite montré un puits voisin où, selon lui, «pourraient se trouver d’autres corps». Le chef d’état-major français, le général Emmanuel Beth, a aussitôt informé l’ambassade de France à Abidjan, ainsi que le général Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci.
Qui sont les responsables de cette énième tuerie ? L’armée française n’a mis en cause personne, mais elle a vraisemblablement recueilli l’opinion des villageois. Le lieudit Monoko-Zoy, véritable cul-de-sac à quelques kilomètres de la petite localité de Zoukouboué, est situé presque à égale distance entre les premières positions connues des rebelles (Vavoua) et celles des loyalistes (Daloa). Un endroit situé à l’abri de tous les regards.
"Il y a un risque élevé d'exactions de masse"
Pour les autorités ivoiriennes, les villages de cette région «sont en zone sous contrôle des rebelles» du MPCI. «Par conséquent, les forces républicaines ne se sentent pas concernées par cette affaire, a dit le porte-parole de l’état-major des Fanci, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao. Ces tueries ne peuvent être imputées qu’aux assaillants, dont les méthodes sont connus de tous. D’ailleurs, depuis le cessez-le-feu, il a été implicitement admis que la sécurité des populations civiles et de leurs biens est sous la responsabilité de ceux qui contrôlent une zone donnée».
De son côté le chef des rebelles à Vavoua, le sergent Zacharias, qui contrôle en principe cette région, a demandé vendredi soir l'ouverture d'une enquête internationale sur ce charnier. Il a également affirmé que ce sont ses hommes qui ont découvert le charnier de Monoko-Zoy, avant d'accuser les forces loyalistes d'avoir "assassiné des innocents, essentiellement des Maliens, des Burkinabé et des Nigériens". Mais il n'a pas expliqué pourquoi il n'a pas annoncé cette découverte macabre avant l'armée française.
Quelques heures avant l’annonce de la découverte de ce charnier, le ministère français de la Défense avait indiqué qu’«il y a un risque élevé de voir des exactions de masse», notamment dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Son porte-parole Jean-François Bureau, a rappelé que «la sécurité et la stabilité sur l’ensemble du territoire ivoirien est une urgence», avant d’ajouter que «la question se pose désormais de savoir si un autre processus de négociation doit être mené avec cette partie de la population ivoirienne», menacée par les affrontements entre deux nouveaux groupes de rebelles et les forces loyalistes.
De son côté le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a déclaré que plus de 30 000 personnes, pour la plupart des réfugiés libériens, ont fui les combats en Côte d’Ivoire, au cours de la semaine dernière; tandis qu’on est sans nouvelle de 45 000 autres réfugiés, principalement libériens, qui vivaient jusque là dans le grand ouest ivoirien. «Le fait que le Liberia paraisse soudainement plus sûr que la Côte d’Ivoire en dit long sur ce qui s’y passe», notamment depuis que cette région est interdite d’accès et les lignes téléphoniques sont coupées, selon un porte-parole du HCR.
C’est aussi dans cette zone éloignée des principaux axes que se trouvent les forces rebelles dirigées par Zacharias Koné: un sergent qui n’a pratiquement jamais accepté le cessez-le-feu signé par le MPCI, dont il fait néanmoins partie. Cette ambiguïté a «permis» aux forces loyalistes de lancer plusieurs offensives infructueuses contre Vavoua, sans remettre formellement en cause le respect du cessez-le-feu, dans une région très vallonnée et difficile d’accès qui assure une partie de la production du café et du cacao ivoirien. Selon les rebelles du MPCI, c’est aussi dans cette région, et notamment autour de la localité de Pélézi, que les forces loyalistes ont effectué dans la nuit de mardi à mercredi un «bombardement».
Selon le porte-parole de l’armée française Ange-Antoine Leccia, des soldats français en patrouille de surveillance du cessez-le-feu, alertés par un villageois, ont découvert «un monticule de terre de trente mètres de long sur deux mètres de haut d’où dépassaient des corps». Ce même villageois a ensuite montré un puits voisin où, selon lui, «pourraient se trouver d’autres corps». Le chef d’état-major français, le général Emmanuel Beth, a aussitôt informé l’ambassade de France à Abidjan, ainsi que le général Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci.
Qui sont les responsables de cette énième tuerie ? L’armée française n’a mis en cause personne, mais elle a vraisemblablement recueilli l’opinion des villageois. Le lieudit Monoko-Zoy, véritable cul-de-sac à quelques kilomètres de la petite localité de Zoukouboué, est situé presque à égale distance entre les premières positions connues des rebelles (Vavoua) et celles des loyalistes (Daloa). Un endroit situé à l’abri de tous les regards.
"Il y a un risque élevé d'exactions de masse"
Pour les autorités ivoiriennes, les villages de cette région «sont en zone sous contrôle des rebelles» du MPCI. «Par conséquent, les forces républicaines ne se sentent pas concernées par cette affaire, a dit le porte-parole de l’état-major des Fanci, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao. Ces tueries ne peuvent être imputées qu’aux assaillants, dont les méthodes sont connus de tous. D’ailleurs, depuis le cessez-le-feu, il a été implicitement admis que la sécurité des populations civiles et de leurs biens est sous la responsabilité de ceux qui contrôlent une zone donnée».
De son côté le chef des rebelles à Vavoua, le sergent Zacharias, qui contrôle en principe cette région, a demandé vendredi soir l'ouverture d'une enquête internationale sur ce charnier. Il a également affirmé que ce sont ses hommes qui ont découvert le charnier de Monoko-Zoy, avant d'accuser les forces loyalistes d'avoir "assassiné des innocents, essentiellement des Maliens, des Burkinabé et des Nigériens". Mais il n'a pas expliqué pourquoi il n'a pas annoncé cette découverte macabre avant l'armée française.
Quelques heures avant l’annonce de la découverte de ce charnier, le ministère français de la Défense avait indiqué qu’«il y a un risque élevé de voir des exactions de masse», notamment dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Son porte-parole Jean-François Bureau, a rappelé que «la sécurité et la stabilité sur l’ensemble du territoire ivoirien est une urgence», avant d’ajouter que «la question se pose désormais de savoir si un autre processus de négociation doit être mené avec cette partie de la population ivoirienne», menacée par les affrontements entre deux nouveaux groupes de rebelles et les forces loyalistes.
De son côté le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a déclaré que plus de 30 000 personnes, pour la plupart des réfugiés libériens, ont fui les combats en Côte d’Ivoire, au cours de la semaine dernière; tandis qu’on est sans nouvelle de 45 000 autres réfugiés, principalement libériens, qui vivaient jusque là dans le grand ouest ivoirien. «Le fait que le Liberia paraisse soudainement plus sûr que la Côte d’Ivoire en dit long sur ce qui s’y passe», notamment depuis que cette région est interdite d’accès et les lignes téléphoniques sont coupées, selon un porte-parole du HCR.
par Elio Comarin
Article publié le 06/12/2002